mardi 27 février 2018

Alberto Giacometti (1901-1966) - Nature morte aux pommes (3)


Alberto Giacometti (1901-1966) 
Nature morte aux pommes
Collection privée

Que voit-on ?  Sur un tabouret d'atelier : quatre pommes vertes et une rouge.
Cette composition est une variation sur le thème des pommes dans l'atelier déjà présentées dans ce blog 

Rappel biographique : Alberto Giacometti est un sculpteur et un peintre suisse dont les peintures et dessins représentent un part importante de l'œuvre. Fils du grand peintre de montagne Giovanni Giacometti, Alberto est connu essentiellement pour ses portraits, bien qu'il ait peint également peint quelques paysages, des natures mortes avec une prédilection pour les pommes (et pas seulement dans sa jeunesse) et des tableaux abstraits (entre 1920 et 1930).
L'atelier représenté ici est « la caverne-atelier » dans lequel il a aménagé en décembre 1926 au n° 46, rue Hippolyte-Maindron dans 14e arrondissement de Paris. Malgré la petite taille et l'inconfort du lieu, il ne le quittera plus jamais. Son frère Diego, sculpteur et designer de meubles et luminaires, l'y rejoint de façon permanente en 1930. Bien que l'essentiel de sa production soit fait à Paris, Alberto Giacometti retourne régulièrement en Suisse, où il travaille dans les ateliers de son père, à Maloja, hameau de Stampa. C'est en 1946-1947 que s'affirme le nouveau style de Giacometti, caractérisé par de hautes figures filiformes. Sa production est stimulée par les relations qu'il renoue avec le marchand new-yorkais Pierre Matisse, qui accueille sa première exposition personnelle d'après-guerre en janvier 1948.  En juin 1951 a lieu sa première exposition d'après-guerre à Paris, à la galerie Maeght, où son ami Louis Clayeux l'a convaincu d'entrer. Il y présente des œuvres déjà montrées à la galerie Matisse, et plusieurs œuvres nouvelles, toutes en plâtre, dont Le Chat et Le Chien.Contrairement à une légende qui veut que Giacometti ait peint des natures mortes uniquement que dans sa jeunesse, les faits, têtus, prouvent le contraire puisque certaines d'entre elles passées récemment en vente chez Christie's sont datées et signées de 1957 !

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2018 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau

lundi 26 février 2018

Albert de Belleroche (1864-1944)


Albert de Belleroche (1864-1944) 
Les deux petits pots (les pots jaunes), 1889 

Que voit-on ?  Deux pots jaunes en effet, l'un posé a terre et l'autre posé sur la commode  comme deux chats qui s'observeraient mutuellement !  L'atmosphère est celle d'un coin d'atelier (les toiles poses à terre et le dessin épinglé au mur) propre et sans recherche, le contraire de l'archétype de l'atelier d'artiste surchargé et à l'hygiène douteuse...

Rappel biographique : Albert Gustavus de Belleroche est un peintre britannique de lointaine ascendance française qui a été formé et a vécu une grande partie de sa vie en France. Il est le descendant d’une famille de la vieille noblesse protestante française, qui a fui la France en 1685 après la révocation de l'Edit de Nantes, pour s'installer en Angleterre.
En 1867, à la mort du père, le marquis Edward Charles de Belleroche, la famille déménage à Paris. Sa mère Alice (né ou van den Bergh, originaire de Bruxelles) se remarie en mars 1871 avec l'impécunieux William Harry Vane Milbank (1848-1892), beaucoup plus jeune qu'elle et petit-neveu du duc de Cleveland. Elle tient un salon dans son appartement de l'avenue Montaigne où elle reçoit notamment le Prince de Galles. Elle se fait portraiturer par Edouard Dubufe en 1874. Son mari commande en 1877 à Carolus-Duran (1837-1917) un portrait de sa femme. Au cours de la visite du peintre, on lui montre les dessins du jeune Albert qui a treize ans et le maître l'invite à étudier plus tard dans son atelier où ont étudié John Singer Sargent et Maximilien Luce. C'est chose faite en 1882. Carolus-Duran vénère le style de Vélasquez. Belleroche finit par quitter l'atelier trop académique de Carolus-Duran. Il fait la connaissance à Montmartre  de Renoir, Degas, Toulouse-Lautrec et peint même Mata-Hari. Belleroche a peint un portrait de Toulouse-Lautrec en 1882, lorsque celui-ci étudiait а l'atelier de Fernand Cormon, et a partagé avec lui la même passion pour Lili Grenier, leur modèle favori et qui devient sa maîtresse pendant dix ans.
Il est ami depuis 1882 avec Sargent (qui a fait plusieurs portraits de lui) et s'inspire de sa technique au pastel. En 1903, Belleroche expose avec les derniers Impressionnistes au Salon d'Automne. En 1904, une salle entière lui est dédiée. Renoir l’appelait « le peintre des femmes décoiffées. »
Une grande exposition lui a été consacrée à Londres en 2007. Sa famille a légué une partie de ses œuvres au musée Brangwyn-Belleroche d'Orange.

dimanche 25 février 2018

Duncan Grant (1885-1978)


Duncan Grant (1885-1978) 
Still life with red handkerchief  
Private collection

Que voit on ? C'est surtout l 'association des couleurs qui retient l'attention dans cette nature morte : l'orange du mur contre lequel est posée la table, le mauve liturgique de la nappe qui la recouvre, le rouge framboise du mouchoir en soie à motifs qui donne son titre au tableau, le bleu de la coupe contenant deux fruits, le gris éteint de la cafetière dont on ne saurait dire si elle est en porcelaine, en étain ou en argent...  Une atmosphère désuète et juste ce qu'il convient de désespéré ! 

Rappel biographique : Duncan James Corrowr Grant est un peintre écossais qui occupa une place centrale dans le Bloomsbury Group.  Né dans le nord de l'Ecosse, Duncan Grant étudia les beaux-arts à la Slade School de Londres, puis en Italie et à Paris. Par l'intermédiaire de ses cousins Strachey, il fit la connaissance du Bloomsbury Group et y fut admis. Il puisa son inspiration dans la  peinture postimpressionniste française que lui fit découvrir le peintre Roger Fry à Londres en 1910. La même année, il participa avec Virginia Woolf, Adrian Stephen et d'autres amis au canular du Dreadnought. Il fit également partie des fondateurs du Camden Town Group en 1911, autour du peintre Walter Sickert, aux côtés d'autres artistes comme Augustus John, Wyndham Lewis ou Lucien Pissarro.
Aprиs avoir fondé avec Roger Fry les Omega Workshops en 1913, Duncan Grant en devint le codirecteur avec Vanessa Bell, la sœur ainée de Virginia Woolf.  En 1916, en tant qu'objecteur de conscience, Grant rejoignit son dernier amant, David Garnett, et tous deux s'établirent comme agriculteurs dans le Suffolk. Leurs demandes auprès du tribunal pour faire reconnaître leur statut d'objecteurs de conscience subirent d'abord un échec, puis le tribunal leur fit droit à condition qu'ils s'installent dans des locaux mieux appropriés. Vanessa Bell trouva la maison, Charleston Farmhouse, dans le Sussex. 

samedi 24 février 2018

Henri Matisse (1869-1954) - L'atelier rouge


Henri Matisse (1869-1954)
L'atelier rouge, 1911
Charles Saatchi 's collection

Que voit-on ?  L' atelier du peintre où l'on peut raisonnablement dire que le rouge domine !  Au milieu des nus, des chevalets, des sculptures et des cadres vides, deux natures mortes attirent le regard : une première en bas à gauche qui réunit sur une table une assiette, un verre, une boite de  crayons de couleurs et un narguilé ; une seconde sur la commode au fond de la composition où s'alignent,  tranchant sur le rouge, vases et pots blancs...  A signaler aussi accrochée au mur juste que dessus de la commode : une nature morte dans la nature morte avec le bouquet de fleur posé sur un guéridon.
Ce chef-d'oeuvre fut peint par Matisse en 1911.
On reste stupéfait devant  la précocité des inventions et des innovations contenues dans cette toile et on apprécie encore mieux l'étendue de son immense génie !

Rappel Biographique : Le peintre français Henri Matisse, chef de file du Fauvisme et figure majeure de l'art du 20e siècle a peint tout au long de sa vie un très grand nombre de natures mortes dans des styles aussi différents que les périodes qu'il a traversées. Il aimait particulièrement ce genre à tel point qu'une de ses toutes premières peintures connues, actuellement conservée au Musée Malraux du Havre (France) est une nature morte, Nature morte au pichet peinte en 1896-97. Les animaux marins, les poissons et les mollusques dont les huitres, fréquents chez Matisse, sont toujours des signes de son évolution vers une peinture simplifiée et synthétique. Son maître, Gustave Moreau lui avait dit avec clairvoyance et d’un léger ton de reproche : « Vous allez simplifier la peinture… » ou encore, « Vous n’allez pas simplifier la peinture à ce point-là, la réduire à ça. La peinture n’existerait plus… ». Il a aussi beaucoup regardé les estampes d’Hiroshige ou d’Hokusaï, dont on retrouve souvent  l’influence chez lui dès lors qu'il s 'agit de peindre la mer et les poissons, mais pas seulement...

vendredi 23 février 2018

Othon Friesz (1879-1949)


Othon Friesz (1879-1949)
Nature morte aux crustacés, 1946

Rappel biographique : Achille-Emile Othon Friesz, dit Othon Friesz, qui signait E. Orthon Friesz est un peintre et graveur français.  Othon Friesz est, avec Georges Braque et Raoul Dufy, l’élève de Charles Lhuillier à l’Ecole municipale des beaux-arts du Havre. Une bourse lui permet d’entrer à l’Ecole des beaux-arts de Paris dans l'atelier de Léon Bonnat en 1897, mais il préfère se former en fréquentant le musée du Louvre. D’abord influencé par les impressionnistes, puis par Vincent van Gogh et Paul Gauguin, quelques-unes de ses toiles sont exposées au Salon d'automne de 1905, avec des œuvres d'Henri MatisseAlbert Marquet et Henri Manguin. Les aplats de couleurs éclatantes et la nervosité du dessin donnent la sensation au spectateur de pénétrer dans une « cage aux fauves ». C’est le début du fauvisme, dont il va devenir l’un des représentants.
А l’été 1906, il effectue un séjour à Anvers avec Georges Braque, travaillant sur les mêmes sujets, puis, l’année suivante, à l’Estaque et La Ciotat, transposant sur leurs toiles la lumière du Midi. De retour à Paris, tandis que Braque élabore avec Pablo Picasso qu’il vient de rencontrer, les fondements du cubisme, Friesz poursuit un naturalisme influencé par Paul Cézanne et réalise des paysages, des natures mortes et des marines plus traditionnels, tout en conservant de sa période fauve l’énergie du trait et le goût affirmé pour la couleur et les contrastes forts.
En 1912, il ouvre son premier atelier en Normandie puis, de retour а Paris en 1919, il voyage dans le Jura et en Italie et commence а enseigner le dessin а l'Académie de la Grande Chaumière en 1921, et à l'atelier de peinture A de l'Académie scandinave. En 1937, il réalise la décoration du Palais de Chaillot avec Raoul Dufy. Outre ses peintures, il produit un grand nombre de dessins, de gravures et de lithographies.  De 1914 а son décès en 1949, il occupe un atelier au no 73 rue Notre-Dame-des-Champs à Paris. Othon Friesz est inhumé à Paris au cimetière du Montparnasse (27e division). Sa tombe est ornée de son portrait en médaillon en bronze par Paul Belmondo.

jeudi 22 février 2018

Pablo Picasso (1881-1973) - Carafe et plant de tomate



Pablo Picasso (1881-1973) 
Carafe et plant de tomate, 1944

 Que voit-on ? Exactement ce que décrit le titre pris dans un puzzle cubiste caractéristique d'une des manières de Picasso. Le plan de tomates qui hésite entre le vert le rouge est, avec le ciel bleu uniforme,  parmi les seules couleurs de cette toile, que la tonalité monochrome générale rehausse.

Rappel biographique : le peintre espagnol Pablo Ruiz Picasso qui a passé l'essentiel de sa vie en France, est l'auteur d'un oeuvre immense, tous genres confondus, que l'on chiffre à près de 50 000 pièces. Les premiers collages et assemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). A partir des années 20 ses natures mortes seront très proches, sur la même ligne de conception " cubiste analytique " que celles de George Braque, dont il devient un temps l'intime avant de s'en séparer définitivement.  Il y eut une connivence d'inspiration très rare entre ces deux peintres pendant une certaine période de leur vie et en particulier dans le domaine du traitement de la nature morte. 
Picasso a peint énormément d'autres natures mortes après la Seconde guerre mondiale et hors de la période cubiste, mais malgré leur impressionnante quantité, rapportées à la masse énorme de sa production, elles ne constituent pas un genre qui tient autant de place dans son oeuvre que dans l'oeuvre de Georges Braque.

2018 - A Still Life Collection 

Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

mercredi 21 février 2018

Margaret Preston (1875-1963)


Margaret Preston 1875-1963)  
Glass and cups, 1927
Private collection, Australia 

Que voit-on ? Sur un entablement  noir et blanc très graphique : 3 tasses à café en porcelaine blanche et leurs sous-tasses  ; un verre ;  un sucrier en argent ; un pot à café en argent... impeccablement alignés selon deux diagonales qui ne se croisent pas. Les ombres portées, très allongées, jettent sur 
l'ensemble de la composition à dominante de noir et blanc une tonalité crépusculaire, que seul vient rehausser le jaune d'un quartier de citron gisant au fond du verre. Magnifique travail sur les reflets dans le sucrier, et le pot à café mais aussi les tasses,  dans cette pièce d'inspiration "art déco", une des premières de Margaret Preston et sans doute l'une des seules à se deployer avec une telle économie de coloris.

Rappel biographique :  Margaret Preston est une figure majeure de la peinture australienne du 20e siècle. Avec Grace Cossington, elle introduisit le mouvement moderniste en Australie dès le début du 20e siècle. A  la tête de ce qui constituait alors une véritable avant-garde artistique dans l'hémisphère sud, Margaret Preston fut une des premières artistes australiennes que l'art aborigène influença notablement. Elle est connue pour ses peintures de la flore et de la faune autochtone australienne. Avant son mariage, pour des raisons principalement financières, elle fit une carrière de pédagogue privée dans le domaine de l’art. Plus tard elle enseigna dans le public, à la fois au Collège Saint-Pierre et au Collège Presbyterian Ladies, à Adelaïde. Parmi ses élèves, on peut citer des artistes aussi remarquables que Bessie Davidson, Gladys Reynell ou Stella Bowen.

mardi 20 février 2018

Meiffren Conte (1630-1705)



Meiffren Conte (1630-1705)
 Nature morte aux vases de Chine
Musée des beaux arts de Marseille

Que voit-on ?  Sur un entablement de pierre orné sur la droite d'un très beau tapis de Smyrne négligemment jeté,  plusieurs objets précieux dont des coquillages de toutes tailles, deux vases en porcelaine de Chine (qui donnent son titre à la toile), une petite coupelle de la même porcelaine, un beau vase fermé en Porphyre rouge-antique d'inspiration romaine à larges anses, deux statuettes reproduisant des bronzes antiques et un livre ouvert,  seul élément qui ne ne semble pas avoir été déposé à la hâte sur cette table.... Cet apparent désordre est évidemment méticuleusement voulu par le peintre au centimètre près ! 

Rappel biographique : Le peintre français Meiffren Conte ou Comte connu aussi sous le nom d'Ephren Leconte a commencé sa carrière à Marseille où il est né avant de partir compléter sa formation de peintre à Rome où il est fortement influencé par Francesco Noleti ou Francesco Ferivarino dit le Maltais. Il travaille à Paris et Aix-en-Provence avant de revenir s'installer à Marseille. Les natures mortes qui constituent l'essentiel de son œuvre sont toujours mises en scène dans des décors très somptueux, très évocateur de l'Ecole Napolitaine bien que son goût immodéré pour la représentation de pièces d'orfèvrerie le rapproche souvent et l'a même fait confondre (pour une de deux de ses toiles au moins) avec Jan Davidz de Heem.



lundi 19 février 2018

Juan Fernandez El Labrador (actif de 1626 à 1639)


Juan Fernandez El Labrador (actif de 1626 a 1639)
Cuatro racimos de uvas, 1630-35 
Museo del Prado, Madrid 

 Que voit-on ?  Ce que décrit le titre : quatre grappes de raisins accrochées à un sarment unique bien qu'issues de différents cépages. Cette toile est légèrement différente de celle peinte sur le même sujet et déjà publiée sur ce blog ICI

Rappel biographique : Juan Fernández, surnommé El Labrador (Le Fermier), était un peintre baroque espagnol actif entre 1629 et 1636, spécialisé dans la peinture de natures mortes. Juan Fernández est un peintre énigmatique, dont la biographie est d'autant plus mal connue qu'il vivait loin de la cour, n'apparaissant  qu'une fois par an  pendant la Semaine Sainte, pour livrer une toile de fleurs ou de fruits... sa production totalisant à peine 5 toiles, toutes présentes dans les inventaires de l'époque,  et qui lui vaudront une réelle notoriété internationale de son vivant. 
Sir Arthur Hompton, secrétaire de l'ambassadeur d'Angleterre à la cour de Madrid entre 1629 et 1631, atteste  dans sa correspondance de l'intérêt personnel porté par l'ambassadeur à l'acquisition d' œuvres de ce peintre, "... Une tâche non exempte de difficulté, le peintre venant à Madrid uniquement pendant la semaine sainte et produisant très peu"
Ce retrait volontaire s'expliquerait par le fait que Juan Fernandez était agriculteur avant d'être peintre (d'où son surnom) et qu'il n'avait nullement l'intention d'abandonner son métier pour trainer dans les couloirs des palais madrilènes. Hopton commanda directement deux tableaux à Juan Fernandez en 1635 et en envoya au moins un au roi Charles Ier d'Angleterre. Il s'agit du tableau Bodegon con uvas membrillo y frutos secos (Nature morte avec des raisins, des coings et des noix), qui se trouve toujours dans la Collection royale britannique, où il est inventorié dès 1639. 
Peintre de tradition caravagiste, El Labrador place ses objets sur des fonds noirs et utilise la lumière dirigée pour donner du volume à ces objets, décrits après une observation patiente d'une manière totalement individuelle et avec un extreme sens du détail. 


dimanche 18 février 2018

Arturo Noci (1874-1953)



Arturo Noci (1874-1953)
Natura morta con peperoni gialli, 1934

Que voit on ?  Sans doute une des seules natures mortes de ce peintre mondain italo-américain, connu surtout pour ses portraits flamboyants d'aristocrates italiens de la Belle Epoque et de vedettes du cinéma muet. Ce qui est intéressant dans celle-ci est la façon dont il s'essaie à représenter, à l'ancienne, les reflets et notamment la fenêtre et la partie de la pièce que l'on ne voit pas, dans la potiche rouge et noir.

Rappel Biographique : Le peintre romain Arturo Noci (1874-1983) est surtout célèbre pour ses portraits.  Elève de Filippo Prosperi à l'Académie des Beaux-Arts de Rome, Noci s'affirme dès le début du XXe siècle comme l'un des jeunes peintres les plus appréciés de son pays et participe à d'importantes expositions dont la Biennale de Venise où il expose constamment de 1901 à 1922. Après un premiere expérience de peintre paysagiste symboliste, qui lui vaut la réputation de «peintre des choses tristes», Arturo Noci se concentre sur la figure féminine, dont il va devenir l'un des meilleurs peintres. Sa série de nus voilés à l'érotisme certain remonte au tout début du XXe siècle. Le succès obtenu par ces peintures l'impose rapidement comme l'un des principaux portraitistes de la société romaine d'alors, dont il obtient des commandes importantes. Il devient très vite le portraitiste le plus recherché de la Rome de la Belle Époque. Favorisé par sa beauté et son élégance innée, Arturo Noci pénètre sans peine dans le circuit mondain des soirées somptueuses et des salons à la mode animés par des personnages tels que Gabriele d' Annunzio. Noci devient alors le peintre de l'aristocratie locale et du monde du spectacle en général et il fait beaucoup de portraits de stars de cinéma muet, dont le grand portrait de Lyda Borelli. A partir de 1923, il décide se fixer à New York où il réside et travaille toujours dans la même veine du portrait mondain, jusqu'à sa mort dans les années 50.

samedi 17 février 2018

Irving Penn (1917-2009) - Still Life with egg, butter and chips.


 Irving Penn (1917-2009)
Still Life with egg,  butter and chips.
American Vogue Magazine, Condé Nast, 1994.

Que voit on ?  Voici une nature morte fortement protéinée et assez violente, voir même largement répugnante  ! Penn l'a photographiée pour Vogue américain en oubliant volontairement de faire cuire la viande et les oeufs et de faire fondre le beurre ! Les ingrédients à l'état brut donc de "l'Entrecôte- oeufs à cheval". Mais la chips, elle, par contre, semble bien cuite  !

Rappel biographique : Le photographe américain Irving Penn connu comme très grand photographe de mode est également célèbre pour les nombreuses séries de photographie s(en noir et blanc et en couleurs) de nature mortes qu'il réalisa pour le magazine Vogue américain et sa société éditrice, Condé Nast. Sa première couverture pour le magazine Vogue, en 1940 est d'ailleurs une nature morte. Il est le frère du cinéaste Arthur Penn.

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2018 - A Still Life Collection
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vendredi 16 février 2018

Jean Fautrier (1898-1964) - Nature morte au deux poissons


Jean Fautrier (1898-1964)
Nature morte au deux poissons

Que voit on ?  Comme le titre l'indique deux poissons (des maquereaux) présentés tête bêche sur un fond gris qui semble être un papier d'emballage...  un troisième  à peine esquissé complète la composition dans un creux du papier d'emballage qui reproduit le mouvement d'une vague. La tonalité est largement est monochrome à l'exception de quelques touches discrètes de bleu profond et de marron-rouille.

Rappel biographique : le peintre, sculpteur et graveur  français Jean Léon Fautrier est, avec Jean Dubuffet, le plus important représentant du courant de  "l'Art Informel"  appelé aussi " Art Brut " ou   " Tachisme " . L’Art Informel regroupe à la fois le courant de  l’abstraction lyrique avec ses techniques d’expressions essentiellement gestuelles, le matiérisme dont l’objet est de travailler les matières sur les surfaces de la toile, et par rapprochement, le spatialisme dont les recherches portent sur les dimensions de l’espace et du temps et sur la lumière. D’autres courants, comme le mouvement CoBrA, le Groupe Gutai, l’expressionnisme abstrait en Allemagne, l’Action Painting de Jacskon Pollock aux Etats-Unis peuvent être rapprochés aussi de l'art Informel. Fautrier est aussi un pionnier de la technique des hautes pâtes.  Dès l'âge de 14 ans, il étudie l’art à la Royal Academy de Londres et  découvre  les peintures de Turner qui l'impressionnent beaucoup. De retour en France, il est mobilisé en 1917. Gazé à Montdidier, il est définitivement réformé en 1921. Il expose dès 1921 des natures mortes et des portraits. En 1923, il rencontre Jeanne Castel, avec laquelle il vivra un certain temps. En 1924, première exposition personnelle et premières ventes ; l’année suivante, le marchand d’art Paul Guillaume  lui achète quelques tableaux. C’est avec ce même Paul Guillaume que Fautrier passe un contrat d’exclusivité en 1927. Jusqu'en 1933  il se partage entre sculpture, peinture et gravures. Il réalise notamment des gravures pour l'édition illustrée de l'Enfer de Dante préparée par Gallimard, projet qui n'aboutira pas. Quelques unes de ses peintures sont exposées en 1945 à la Galerie Drouin, suscitant une vive admiration de l'intelligentsia parisienne. Le catalogue de l'exposition était préfacé par André Malraux. Dans les années qui suivent, Fautrier travaille à l'illustration de plusieurs ouvrages, parmi lesquels L'Alleluiah de Georges Bataille et enchaîne sur une série consacrée aux petits objets familiers. En  1950, il invente avec sa compagne,  Jeanine Aeply, un procédé complexe mêlant reproduction chalcographique et peinture, qui permet de tirer ses œuvres à plusieurs exemplaires, pour obtenir ce qu’ils appelleront des « originaux multiples ».


jeudi 15 février 2018

Ernst Haeckel (1834–1919) - Discomedusae

Ernst Haeckel  (1834–1919) Discomedusae, 1904 From Kuntsformen der Natur plate 28

Ernst Haeckel  (1834–1919)
Discomedusae, 1904 From Kuntsformen der Natur plate 28

Que voit-on ? Une méduse parmi la multitude de celles qui fascinèrent ce scientifique aussi peintre et graveur.  Il ne s'agit dont pas d'une nature morte au sens classique, mais il ne s'agit pas non plus d'une planche anatomique. La frontière est ténue entre les deux et Haeckel la franchissait avec un certain plaisir et... une bonne dose de mauvaise foi. 
Pour Ernst Haeckel la biologie était fortement liée à l'art. Ses images d'organismes, de plancton et de méduses, destinées à montrer (coûte que coûte) la beauté du monde biologique, obtinrent une célébrité particulière. Ses populaires ouvrages Kunstformen der Natur (Formes artistiques de la nature) qui parurent de 1899 à 1904 sous la forme de nombreux cahiers, appartenaient alors au foyer de chaque personne cultivée. Ses représentations - dont on a pu constater depuis qu'elles n'étaient pas exactes et donc pas scientifiques - influencèrent l'art du début du xxe siècle. Ainsi les lustres en verre de Constant Roux du musée océanographique de Monaco utilisent des modèles de Haeckel, tout comme la porte monumentale de l'architecte français René Binet à l'exposition universelle de Paris en 1900. L'oeuvre tabellaire de Binet « Esquisses décoratives », inspirée de Haeckel, fut une des bases de l'Art nouveau. Sa maison (la Villa Medusa, aujourd'hui le musée Ernst-Haeckel) réunit art et science.

Rappel Biographique : Ernst Haeckel  était un biologiste, philosophe et libre penseur allemand. Il a fait connaître les théories de Charles Darwin en Allemagne et a développé une théorie des origines de l'homme. Haeckel était médecin, puis professeur d’anatomie comparée et fut l’un des premiers scientifiques qui comprit la psychologie comme une branche de la physiologie. Il participa également à l'introduction de certaines notions de la biologie moderne comme celles d’« embranchement » ou d'« écologie ». Haeckel désigna également la politique comme de la biologie appliquée. Il esquissa sur des bases scientifiques l'idéologie Weltanschauung du monisme et fonda le 11 janvier 1906 la Deutscher Monistenbund (union moniste allemande) à Iéna.
Ernst Haeckel contribua beaucoup par ses écrits à la diffusion de la théorie de l'évolution. Il passe pour un pionnier de l'eugénisme, bien qu'il n'ait eu lui-même aucune conception eugéniste, car il escomptait, confiant dans les progrès dus à l'évolution, un plus grand développement et aucune « dégénération ». Comme d'autres organisations de libres penseurs, l'union moniste allemande fut interdite en 1933 par les nazis. Les idéologues nazis ont utilisé des extraits de ses écrits comme justification de leurs théories racistes et du darwinisme social, mais en même temps déclaré que des éléments essentiels de la vision du monde de Haeckel étaient incompatibles avec le point de vue du national-socialisme.
D'après Michael Richardson, embryologiste à la St. George’s Medical School, les dessins de Haeckel sont « un des pires cas de fraude scientifique. Il est choquant de se rendre compte que quelqu'un qu'on croyait avoir été un grand scientifique induisait volontairement ses lecteurs en erreur. Cela me met en colère. Ce que Haeckel a fait était de prendre un embryon humain et de le dessiner, en prétendant que la salamandre, le porc et tous les autres avaient la même apparence au même stade de développement. Ce n'est pas vrai. Ces dessins sont des faux. »
Stephen Jay Gould a écrit, après avoir qualifié certains dessins de Haeckel de frauduleux : « Nous ne devons donc pas nous étonner si les dessins de Haeckel entrèrent dans les manuels du dix-neuvième siècle. Mais nous avons le droit, je pense, d'être étonnés et honteux en songeant que durant un siècle, un réutilisation insouciante a fait persister ces dessins dans un grand nombre, sinon la majorité, des manuels scientifiques moderne ! »
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mercredi 14 février 2018

Andy Warhol (1928-1987) - The banana



Andy Warhol (1928-1987)
 The Banana, 1966

Que voit on ? Une banane donc, degré zéro de la nature morte d'une certaine façon ! ... celle-ci en l'occurrence figure sur une pochette de disque spécialement réalisée par Warhol avec sa célèbre technique dite « Blotted Line » (Ligne floue) pour illustrer l’album de Velvet Underground et Nico paru en 1966. Apres les murs des châteaux et les cimaises des musées, Warhol venait d'inventer une nouvelle façon de faire voyager les natures mortes : les pochettes de disques !  

Rappel biographique : On ne présente plus l'artiste américain Andy Warhol, pape du Pop art, (Pope of the pop), sujet de multiples expositions, livres, et films avant et depuis sa mort... Warhol est généralement reconnu comme l'un des très grands artistes du  20e siècle. Avec lui la nature morte peut prendre toutes les formes humoristiques imaginables (et même inimaginables!) des célèbres boîtes de Campbell soup à des oeufs en forme de pastilles colorées (déjà publiés dans ce blog), en passant par des trèfles à 4 feuilles traitées façon capucines et vendus en rouleaux de papier peint. Warhol iconoclaste adoré de son vivant par les grands de ce monde, les élites intellectuelles, les stars d'Hollywood et les riches aristocrates anglos saxons qu'il aimait malmené, était en fait un puritain, très religieux et assez " coincé "...
Tout commence pour lui au début des années 1960, lorsque publicitaire déjà  reconnu, il utilise dans ses dessins une technique directe sur du papier hydrofuge et repasse les contours avec de l'encre encore humide sur des feuilles de papier absorbant, en adoptant le vieux principe du buvard. Bien qu'à cette époque, beaucoup d'artistes soient illustrateurs publicitaires pour des entreprises, tous le font discrètement. Pour Warhol, c'est le contraire : il est tellement connu en tant que publicitaire que son travail artistique n'est pas pris au sérieux. Il présente dans une galerie quelques-unes de ses œuvres, mais c'est un échec. Reconsidérant alors son travail alimentaire et son travail de peintre, plutôt que de les opposer, il pense à les réunir. Il a l'idée d'élever les images de la culture populaire au rang de l'art élitiste, rejoignant ainsi les artistes du pop art, mouvement lancé à Londres au milieu des années 1950 par Richard Hamilton et Eduardo Paolozzi, qui l'expérimentent indépendamment les uns des autres. Si Roy Lichtenstein et Jasper Johns en sont les pionniers, Andy Warhol  en sera véritablement le pape.
En 1963, il adopte la technique qu'il utilisera pour ses œuvres les plus célèbres : la photographie sérigraphiée sur toile. 
Les photographies simplifiées en noir et blanc, sans gris, sont imprimées en sérigraphie sur la toile peinte de grands aplats de couleurs. Le motif est parfois reproduit plusieurs fois sur la toile, comme un motif de papier peint. C'est le stéréotype du pop art.
Ses motifs de prédilection sont des noms célèbres de marques déposées, le symbole du dollar, les visages de célébrités...  
Le thème des Comics, qui avait d'abord intéressé l'artiste, était déjà largement exploité  par le peintre Roy Lichtenstein qui en avait fait sa marque de fabrique. Jasper Johns avait choisi la typographie. Pour se démarquer, Warhol comprit qu'il devait lui aussi trouver sa marque. Ses amis lui ayant conseillé de peindre ce qu'il aimait le plus, il choisit de représenter les conserves de Campbell's Soup, pour sa première exposition majeure. Les boîtes de Campbell's Soup ouvertes ou neuves, rouillées, aux étiquettes déchirées, uniques ou multipliées, en séries, en damiers, seront le thème récurrent de Warhol. Pour lui, l'image, son pouvoir au sein de la société de consommation est en lien avec la mort. La répétition de la figure se rapporte souvent à son extinction. Le choix des sujets est en rapport avec cette obsession de la mort, y compris pour les toiles célèbres sérigraphiées de Marilyn Monroe (peintes après sa mort, notamment les Diptyque Marylin) ou de Liz Taylor (peinte alors que l'actrice était gravement malade), icônes reproductibles à l'infini qui deviennent des images de consommation.
Dans les dernières années de son œuvre, Warhol presque peintre officiel, appliquera son style à de nombreux portraits de commande, tout en continuant à expérimenter d'autres techniques picturales dans ses séries ShadowsOxydation paintings, et ses reprises de toiles de Botticelli ou de Léonard de Vinci.

mardi 13 février 2018

Igor Grabar - Игорь Эммануилович Грабарь (1878-1960)


Igor Grabar (1878-1960)
Flowers and Fruits on Grand-Piano, 1904.
The Russian Museum, St. Petersbourg

Que voit on  ? Sur un entablement qui est en réalité le couvercle d'un grand piano de concert, des bouquets de lavandes dans des paniers en osier et des fruits encore enrobés de leur papier d'emballage comme autant de joyaux précieux que l'été russe offre à cette demeure de l 'époque impériale où semble planer l 'esprit d'Anton Tchekhov... Les reflets sur le bois du couvercle du piano sont à la hauteur du reste de cette magnifique composition pos impresioniste.

Rappel biographique : Igor Emmanouïlovitch Grabar  est un peintre, un historien d'art et un muséologue soviétique né à Budapest (Autriche-Hongrie) et décédé à Moscou. Grabar fut (et reste) l'une des figures les plus importantes et les plus intéressantes de l'art Russe puis de l'art officiel soviétique.
En 1894, il entra à l'Académie impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg où il s'inscrivit dans l'atelier de peinture dirigé par Ilia Répine tandis que Pavel Tchistiakov lui enseignait le dessin. Bien que fervent admirateur de Répine, il fut rapidement déçu par son enseignement et en juillet 1895 il profita de l'offre du magazine Niva qui finançait un voyage d'étude en Europe occidentale, pour commencer à prendre ses distances. Lors de ce premier voyage en Europe dont le but était d'étudier les monuments de renommée mondiale et les chefs-d'œuvre des pinacothèques françaises, allemandes et italiennes, il  tomba en admiration chez le galeriste Ambroise Vollard, devant les toiles de Gauguin, de Cézanne et de Vincent van Gogh qu'il découvrait et qu'il surnomma « Le roi des peintres »... mais au-dessus duquel, il plaçait tout de même Diego Vélasquez.
En avril 1913, de retour en Russie, Igor Grabar fut nommé directeur de la Galerie Tretiakov, responsabilité qu'il accepta d'autant plus qu'on lui accordait une autorité illimitée dans la réforme du musée. Son passage se traduisit par une sélection et une présentation des œuvres fondées sur le principe historique.  
Survint la Révolution d'Octobre et Grabar eut à faire face,  à des problèmes financiers qu'il n'avait sans doute pas choisis dans la gestion de la Galerie Tretiakov, mais qu'il assuma avec intelligence et efficacité. Avec les nationalisations, celle de la Galerie Tretiakov, en 1918 d'une part, des collections d'œuvres d'art privées et du patrimoine religieux d'autre part, il y eut un tel afflux que, une à une, les salles d'exposition furent fermées au public et converties en entrepôts. Le manque de place exigeait l'agrandissement de l'édifice et en 1926 Alexeï Chtchoussev remplaça Grabar pour diriger la nouvelle Galerie Tretiakov.
A la suite de la Révolution d'Octobre, le ministre de la culture, Lounatcharski invita Grabar à fonder le Service de muséologie et de conservation des monuments historiques pour la région de Moscou sous l'égide du Commissariat du Peuple aux affaires culturelles. 
En 1923, il rédigea l'introduction et le catalogue de l'exposition d'Art de Russie aux États-Unis et participa à la présentation des œuvres à New York et dans d'autres villes.
En 1930, Igor Grabar abandonna toutes ses fonctions administratives, éditoriales, universitaires et même celle de rédacteur en chef de la Grande Encyclopédie soviétique pour se consacrer exclusivement à la peinture. 
De 1937 à 1943, il retourna à la fonction administrative et devint directeur de l'Institut national des Arts plastiques de Moscou, si bien que dès 1940 il avait retrouvé toute sa place dans l'establishment artistique soviétique.
C'est en 1944 que fut fondé l'Institut de recherche scientifique d'Histoire de l'Art placé sous l'égide de l'Académie des sciences d'URSS où il resta directeur jusqu'à sa mort en 1960. Il y publia une série d'ouvrages sur l'histoire de la peinture russe. Son activité exceptionnelle fut gratifiée du titre de peintre émérite du peuple de l'URSS, décorée de deux ordres, celui  de Lénine et celui de l'ordre du travail. Avec autant d'hommages officiels, d'importantes fonctions, vétéran chevronné des milieux artistiques et administratifs, âgé de 74 ans, Grabar put s'affranchir de la pression idéologique et ainsi rédiger un article nécrologique dans L'Art soviétique à l'occasion du décès de Leonid Pasternak en juin 1945.
En 1947, il rencontra Staline pour préparer les cérémonies du 800e anniversaire de la fondation de Moscou. Il persuada l'ombrageux secrétaire général du parti de rendre l'ancien monastère Andronikov, qui avait servi de prison, à la communauté artistique. Les vestiges du monastère restaurés par Baranovski devinrent le Musée central de la culture et de la peinture russe ancienne Andreï Roublev. 
En 1948, avec d'autres, il fut la cible d'une campagne de purges dirigée contre des personnalités des arts et des sciences, mais il parvint à conserver son siège à l'université et ses postes administratifs. 
En 1954, il participa à la rédaction de L'Architecture russe dans la première moitié du XVIIIe siècle,  une étude qui remettait en cause les connaissances recueillies par les historiens avant 1917. 
 Artiste on ne plus officiel de l'appareil soviétique, il n'hésita pas cependant dès la  mort de Staline en 1953, à être le premier à dénoncer publiquement le Réalisme socialiste soviétique et à payer sa dette à  Lentoulov et Konchalovsky. Cela lui valut d'être surnommé l'« anguille tricheuse » ou « Hérode le voleur ».
 Aujourd'hui, près d'un demi siècle après sa mort, Grabar, encore très détesté par certains ou trop admiré par d'autres,  reste un grand peintre post impressionniste russe dont le talent a traversé les aléas d'une histoire politique mouvementée. 


lundi 12 février 2018

Milton Avery (1885-1965) - Still Life with Lemons,


Milton Avery (1885-1965)
Still Life with Lemons, 1945

 Que voit on ? Une lumineuse variation sur le jaune  d'autant plus présente que le fond de la composition est sombre.

Rappel biographique :  Milton Clark Avery est un artiste peintre américain de figures, portraits, animaux, intérieurs, paysages et quelques rares natures mortes. S'il existe un lien entre le monde de la peinture traditionnelle américaine du début du 20e siècle et de celui de l'expressionnisme abstrait autour de 1945, c'est bien Milton Avery qui l'a créé. On ne lui connait aucune formation particulière, sinon en 1913 un cours de dessin d'après nature donné par Charles Noël Flagg à la Connecticut League of Art à Hartford. En 1925, il épouse Sally Michel, également peintre, dont on retrouve l'image dans les nombreux portraits exécutés par son époux. Sa première exposition personnelle a lieu en 1928, elle est suivie d'autres à partir de 1940.
Après la période Fauve de ses débuts, qui lui a permis de jouer avec de riches couleurs, il atténue sa palette et simplifie ses compositions qui tendent vers un dépouillement de plus en plus grand. Ses sujets restent simples tels que Rothko les définit. C'est dans un style presque Intimiste - Avery peignant son atelier, sa femme Sally, sa fille March, Central Park, les plages et montagnes où il passait l'été, des vaches, des poissons, des vols d'oiseaux, ses amis réunis dans son atelier...- qu'il peint des œuvres aux formes simplifiées, aux plans colorés, découpés, dans un espace à deux dimensions, évoquant l'art de Matisse. Toutefois, ses peintures ne sont jamais brillantes quoique très riches. Il maîtrise fort bien ses rapports de couleurs dont les contours peuvent être parfois fluides, créant une sorte d'osmose entre elles. L'art de Milton Avery rejoint ainsi, peu à peu l'abstraction expressionniste de Rothko et de Adolph Gottlieb. Ensemble, ils ont participé à de longues conversations hebdomadaires qui ont facilité la naissance de la peinture abstraite américaine d'après guerre et plus particulièrement de l'Ecole de New York.
Une grande rétrospective lui a été consacrée en 1952 au Baltimore Museum, puis à la Fondation Ford et au Whitney Museum en 1960. Une autre rétrospective posthume fut présentée à Lincoln puis à Little Rock en 1966, puis deux autres encore en 1983, à la Albright-Knox Art Gallery de Buffalo et au Minneapolis Institute of Arts. 

dimanche 11 février 2018

John Ruskin (1819-1900) - Study of Two Shells


John Ruskin (1819-1900) 
Study of Two Shells
Private collection 

Que voit-on ?   Deux coquillages dessinés de façon très détaillée, ce qui n'était pas dans les habitudes de Ruskin, quand il s'agissait d'aquarelle.

Rappel biographique : John Ruskin fut un écrivain, poète, peintre et critique d'art britannique.
Fils unique d'une riche famille, il fut éduqué à domicile, avec une insistance particulière sur l'art et la religion. Il poursuivit son éducation en dilettante, en tant qu'auditeur libre à Oxford. Malgré des problèmes de santé, il y obtint son MA en 1843. Surtout, il s'y lia d'amitié avec nombre d'intellectuels. Il fut publié dès son adolescence. Grâce а la fortune de sa famille, il put consacrer sa vie à l'écriture. Il devint rapidement célèbre dans les années 1840 grâce à son travail de critique dans Modern Painters (1843 à 1860) où il proposait une nouvelle façon d'appréhender l'art. Il écrivit ensuite The Seven Lamps of Architecture en 1849 et surtout The Stones of Venice en 1853. Il fit aussi passer ses idées par l'enseignement. Il participa à la création de l'University Museum, donna des cours de dessin au Working Men's College, un établissement de formation continue fondé par ses amis socialistes chrétiens. Il en donna aussi dans une école pour jeunes filles et par correspondance. En 1870, il devint le premier titulaire de la chaire Slade à Oxford.
Son mariage avec Effie Gray annulé pour non-consommation continue à alimenter de nos jours des légendes nombreuses et des suppositions sur l'homosexualité contrariée de Ruskin. Effie épousa très vite le peintre John Everett Millais, un membre du mouvement préraphaélite dont Ruskin fut le mécène et le soutien après s'être engagé pour Turner. Grâce aux cours de dessin qu'il reçut lors de son enfance, avec James Duffield Harding par exemple, John Ruskin fut un dessinateur de talent. Même s'il ne se considéra jamais comme un artiste en tant que tel ou exposa peu, il produisit quelques toiles et aquarelles. Il fut ainsi élu membre honoraire de la Royal Watercolour Society en 1873.

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samedi 10 février 2018

Judith Jans Leyster (1609-1660)




Judith Jans Leyster (1609-1660)
Nature morte à la corbeille de fruits
Collection Kremer.

Que voit-on ?  Sur un entablement recouvert d'une magnifique pièce de velours bleu : la corbeille de fruits décrite dans le titre. Corbeille en osier tressée contenant des raisins, des pommes, des poires et des coings. Un coing et une pomme, échappés de la corbeille gisent sur le velours bleu de même que la grappe de raisins en équilibre sur la tranche de l'entablement. Deux objets précieux encadrent la corbeille  : un pot en étain dans lequel se reflète la pièce entière et surtout les deux fruits posés sur le velours bleu  ;  un verre précieux  à moitié rempli d'eau. Un chef-d'oeuvre d'équilibre et de maîtrise des coloris.

Rappel Biographique : Judith Jans Leyster ou Leijster, est une peintre néerlandaise qui s’est exprimée dans une variété de sujets tels que les sujets de genre, les portraits et les natures mortes. Elle a particulièrement innové dans le domaine des scènes domestiques avec ses portraits paisibles de femmes à la maison, dont le thème ne deviendra vraiment populaire en Hollande que dans les années 1650. Beaucoup de ses autres réalisations sont de nature semblable à celles de plusieurs de ses contemporains comme Hals, Brugghen, van Honthorst, Steen et les caravagistes d’Utrecht. De telles peintures de genre, scènes de tavernes ou scènes de divertissement, correspondaient parfaitement aux goûts et aux intérêts de la bourgeoisie néerlandaise de cette âge d'or.

vendredi 9 février 2018

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Nature morte aux harengs avec deux oeufs

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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Nature morte aux harengs avec deux oeufs (1731) 
Ashmolean Museum, Oxford, UK 

 Que voit on ? Sur un entablement de pierre taillée en rond et qui doit être une étagère d'office, une nature morte aux poissons que Chardin met souvent en scène au milieu de poteries et d'autres ingrédients culinaires. On remarque ici d'emblée le contraste (qui saute aux yeux) entre la chair saumonée du poisson et le plat retourné en céramique vernissée dans lequel il se reflète et sur lequel il gît. Contraste accentué sur la droite par le magnifique pot en céramique vernissée noire et par les deux oeufs d'une blancheur éclatante sur la gauche de la composition. On en oublierait presque les trois harengs séchant à un fil et le chaudron  en cuivre qui ferme le fond du tableau en ne présentant aucun reflet qui puisse distraire le spectateur. Un chef d'oeuvre d'équilibre et d 'harmonie. Un de plus signé Chardin ! 

Rappel biographique : Jean-Baptiste-Siméon Chardin est considéré comme l'un des plus grands peintres français et européens du 18e siècle. Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, il est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. A partir du Salon de 1748, Chardin expose de moins en moins de scène de genre, il multiplie désormais les natures mortes. Ce retour à ce type de peinture va durer une vingtaine d'années. Il est difficile de donner des raisons à ce changement de cap. On sait que pendant cette période la vie de Chardin est en pleine mutation. Il se remarie, il reçoit une pension du roi. Il est désormais à l'abri du besoin. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre (salle 39). Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra à partir de 1760 sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.
Chardin cherchait à reproduire la matière, ces fruits semblent aussi vrais que nature, Diderot s'extasiait devant ce réalisme dans son compte-rendu du Salon de 1759 : " Vous prendriez les bouteilles par le goulot si vous aviez soif ". ou encore en 1763, " C'est la nature même; les objets sont hors de la toile et d'une vérité à tromper les yeux. (...)
 Pour regarder les tableaux des autres, il semble que j'ai besoin de me faire les yeux ; pour voir ceux de Chardin, je n'ai qu'à regarder ce que la nature m'a donné et   m'en bien servir ".
" O Chardin ! ce n'est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette: c'est la substance même des objets, c'est l'air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile ".

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jeudi 8 février 2018

Diego Rivera (1886-1957)


Diego Rivera (1886-1957)
Nature morte avec une bouteille d'alcool, 1916

Que voit-on ?   Sur une table en bois clair comportant un tiroir central : une bouteille portant une étiquette sur laquelle on peut lire  " Liqueur des Iles ", encadrée par deux verres de style "art déco" et de deux poires ( à  droite de la composition). Le style général de la peinture est incontestablement cubiste.    

Rappel biographique : Diego Rivera est un peintre mexicain. Bien qu'il ait tout au long de sa vie pratiqué la peinture de chevalet, Rivera est mondialement connu pour ses peintures murales, réalisées au Mexique, principalement à Mexico, et aux Etats-Unis. Ses peintures murales sont indissociables de ses convictions socialistes et de sa fascination pour le passé préhispanique du Mexique.
Il eut une relation tumultueuse avec l'artiste Frida Kahlo.

mercredi 7 février 2018

Pompei - Nature morte aux asperges, encornets, coquillages, panier d'osier et poissons


Pompei 
Nature morte aux asperges,  encornets, coquillages, panier d'osier et poissons 
Musée Archéologique de Naples

Que voit on ? dans cette nature morte antique qui était sans un état de conservation particulièrement remarquable avant d'avoir fait l'objet d'une restauration, fonctionne comme un véritable menu, suggérant en accompagnement bienvenus aux deux poissons présentés en vedette et qui sont si frais qu'ils semblent bondir de leur panier d'osier, des encornets, des coquillages et des asperges.

Rappel historique : Pline l'Ancien raconte que dans la Grèce antique, le peintre Piraikos qui vivait au 3e siècle avant notre ère, vendait déjà fort cher ses " Provisions de cuisine ", des tableaux de chevalets représentant des victuailles ou des instantanés d'échoppes de cordonniers et de barbiers. Dans la hiérarchie des genres picturaux d'alors, ces représentations de provisions de cuisine sont déjà considérées comme un genre mineur... et  elles le resteront pendant de longs siècles... au moins jusqu'à Chardin, si ce n'est jusqu'à Cézanne. Genre mineur donc, loin derrière les sujets religieux, les portraits et les paysages, mais genre que les commanditaires s'arrachent pourtant !
Le grec Piraikos reste le plus célèbre des peintres de ce genre. Hélas, aucun exemple n'est parvenu jusqu'à nous de ces peintures des menus objets du quotidien par Piraikos,  peinture que l'on nommait à cette époque Rhyparographie .
A la même époque, un autre peintre grec, Zeuxis rivalisait avec la nature au point que des oiseaux voulaient picorer les raisins qu'il peignait et qu'il passe être l'inventeur du réalisme et  de l'illusionnisme  ne peinture, pour ne pas dire du premier trompe-l'oeil. Il faut là encore faire confiance au récit de Pline l'Ancien, car aucun exemple de cet art ne nous est parvenu.
Les premières natures mortes connues du monde occidental sont des fresques et des mosaïques du 1er siècle de l'ère chrétienne, provenant de Campanie (Herculanum et Pompéi) ou de Rome. Elles sont exécutées dans un style réaliste et illusionniste : fruits veloutés, poissons et volailles posés sur une marche de pierre ou sur deux étagères d'un garde manger, généralement en trompe l'œil avec des ombres portées, ou quelquefois dans des coupes en verre avec des transparences subtiles.
Ces peintures évoquent le xenion antique, un cadeau fait de denrées qu'un hôte doit offrir à ses invités. Pourtant la nature morte de l'Antiquité possède une autre ambition que celle du seul plaisir mimétique. Comme le précise Charles Sterling : « Il est clair que les natures mortes hellénistiques et romaines qui représentaient des mets prêts à être consommés comportaient une allusion épicurienne ». On trouve ainsi assez fréquemment des mosaïques de natures mortes et des vanités dans les atriums d'été romains, où les convives invités aux repas étaient ainsi encouragés à cueillir le jour qui passe, Carpe diem selon la célèbre formule d'Epicure, à profiter de la vie tant qu'il était encore temps de le faire. Une déclinaison plus sophistiquée de la tradition égyptienne pharaonique qui voulait que l'on fît passer un cadavre devant les convives avant de commencer un repas pour leur rappeler l'impermanence de la vie !  Les natures mortes garderont tout au long des siècles jusqu'à nos jours,  cette signification épicurienne.

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mardi 6 février 2018

Sergei Yefimovich Zakharov (1900-1993)



Sergei Yefimovich Zakharov (1900-1993)
Still-life-with-pears (1986)
Tretiakov Gallery, Russia

Que voit-on ? Posés sur une nappe à rayures : trois compotiers, un verre plein d'eau, une carafe et un verre vide. L'un des compotiers contient des poires, l'autre des pommes et le troisième des raisins. L'opportunité pour cet aquarelliste de talent de réaliser autant de variations sur les couleurs tout en se permettant le luxe de peindre les détails les plus infimes sur la réserve (la dentelle du compotier de poire par exemple!)

Rappel biographique : Sergei Yefimovitch Zakharov (Сергей Ефимович Захаров) était un peintre soviétique russe, aquarelliste, graphiste  et architecte d'intérieur qui a vécu et travaillé à Leningrad. Il était membre de l'Union des Artistes de Leningrad et considéré comme l'un des représentants les plus brillants de l'école de peinture et de graphisme de Leningrad. Il était particulièrement reconnu pour ses aquarelles dont il fut un  maître incontesté. Les grandes expositions le concernant se sont tenues à Leningrad (1951, 1980, 1984), à Saint-Pétersbourg (1996) et à Moscou (1961, 1965). Comme beaucoup de peintres soviétiques il n' a pas mené de carrière en dehors des frontières de l'URSS et c'est depuis les années 1990 seulement que certaines de ses toiles parviennent en Europe.

lundi 5 février 2018

Richard Diebenkorn (1922-1993) - Still life with Coffee Cup and Book


Richard Diebenkorn (1922-1993)
Still life with Coffee Cup and Book, 1957
Private Collection 

 Que voit-on ? Une dominante de bleus dans toute la composition au sujet très simple pour ne pas dire dépouillé: une livre et une tasse de café. Le livre et ouvert, la tasse de café est pleine.

Rappel biographique : Richard Diebenkorn est un peintre américain du 20e siècle dont le style navigue de l’abstrait au figuratif en fonction des périodes qu’il a traversées. Après une première exposition au California Palace of the Legion of Honor à San Francisco en 1948, ses débuts sont associés à l'expressionnisme abstrait et à l'Ecole de San Francisco, mouvement figuratif des années 1950-1960.  De 1955 à 1966,  il vit à Berkeley (Californie), change de style et devient un peintre figuratif important, dans un genre qui réunit  à la fois la manière de Henri Matisse qu’il admire et l'expressionnisme abstrait. Diebenkorn, Elmer Bischoff, Henry Villierme, David Park, James Weeks participent ensemble à une renaissance de la peinture figurative, qu'on appelle l'École de San Francisco (Bay Area Figurative Movement). En 1967, Diebenkorn s'installe à Santa Monica et devient professeur à l'UCLA. Il installe son atelier dans le même immeuble que son vieil ami Sam Francis. Pendant l'hiver 1966-1967, il revient une nouvelle fois à l'abstraction, cette fois avec une vision très personnelle, un style géométrique qui se démarque clairement de ses débuts de la période expressionniste abstraite. La série Ocean Park, qu’il commence en 1967 se poursuit pendant les  dix-huit années suivantes. Elle est devenue la partie de son œuvre la plus célèbre aujourd’hui. Elle se compose d'environ 135 peintures. Basées sur le paysage vu depuis la fenêtre de son atelier, ses compositions abstraites à grande échelle sont nommées d'après une communauté de Santa Monica où il a eu un temps son atelier. A la même époque, il peint aussi ce qu’il appelle des found still life,  c’est a dire des toiles d’après ce qu’il trouve sur sa table san rien retoucher à l’arrangement qu’il voit (c'est le cas du tableau présenté ici).
La première rétrospective importante de son oeuvre a eu lieu à la Albright–Knox Art Gallery а Buffalo en 1976 et 1977.  En 1989, John Elderfield, conservateur au MOMA (New York) organise une exposition d’oeuvres de Diebenkorn sur papier, qui constitue d’ailleurs la partie la plus prolifique de sa production.
En 2012, l'exposition Richard Diebenkorn : The Ocean Park Series, organisée par Sarah C. Bancroft, a lieu simultanément à la Corcoran Gallery of Art,  à l'Orange County Museum of Art et au Forth Worth Museum of Modern Arts de Washington.

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dimanche 4 février 2018

Georgia O'Keeffe (1887-1986) - Apples No. I



Georgia O'Keeffe (1887-1986)
Apples No. I, circa 1920

Que voit on ? Sur un entablement noir qui force le contraste à l'extrême : deux pommes si rouges qu'elles pourraient ressembler à des tomates si leur pédoncule et receptacle peints avec un soin particulier ne laissaient aucun doute sur leur l'identité !

Rappel biographique : La peintre américaine Georgia O' Keeffe est considérée comme une des peintres modernistes majeures du 20e siècle.  L'art de Georgia O'Keeffe est basé sur une observation minutieuse de la nature et sur sa volonté de peindre ce qu'elle ressent plus que ce qu'elle voit. Elle demeurera à l'écart des courants, suivant sa propre voie. Ses gros plans de fleurs, qui caractérisent une bonne partie de sa production, révèlent son sens aigu de l'observation. Le format de ses toiles, les couleurs et les nuances rendent la majeure partie de ses tableaux pratiquement abstraits. À sa mort, Georgia O'Keeffe a laissé environ 900 tableaux dont finalement très peu de natures  mortes, qui est pourtant un genre auquel elle est régulièrement revenue tout au long de sa carrière.  

samedi 3 février 2018

Dines Carlsen (1901-1966)

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Dines Carlsen (1901-1966)
The Jade Bowl, 1920
Private collection

 Que voit on ? Dans une atmosphère où domine la couleur dorée, posés à même le sol : un très beau bol en jade entouré de quelques feuille mortes, un grand pot au revêtement très endommagé et un grand plateau en cuivre.

Rappel biographique : Dines Carlsen  était un peintre américain, fils du célèbre artiste americano- danois  Emil Carlsen dont plusieurs oeuvres ont été publiées sur ce blog.  Comme son père, dont il continue le style pictural de façon assez mimétique,  il fut surtout connu pour ses natures mortes. Dinnes Carlsen fut scolarisé à domicile et ne s'est jamais rendu dans un lycée ou un collège. Ses enseignants furent sa  mère qui  lui appris les matières académiques et son père qui l'instruisit en matière  d'art. Il ne faut donc trop s 'étonner de la similitude  très marquée qui existe entre ses peintures et le travail de son père. Il a commencé à exposer en 1915 à la prestigieuse National Academy of Design puis  il a remporté le prix Julius Hallgarten à deux reprises, en 1919 et 1923. Il est devenu membre de la National Academy nationale en 1922 et membre de la National Academy of Design en 1942.  A la mort de son père en 1933, il continua a vivre dans la maison de ses parents

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vendredi 2 février 2018

Antoni Clavé (1913 - 2005) - Poisson 1959


Antoni Clavé (1913 - 2005)
Poisson 1959 

Que voit on ? Sur un fond rouge comme ce peintre les affectionnait : un poisson, thème qui revient souvent dans son oeuvre,  réalisé en peinture et collage de papiers et journaux repeints.

Rappel biographique  : Antoni Clavé est un peintre espagnol d'origine Catalane. Dès 1928,  il peint le portrait de sa grand-mère alors qu'il apprend à copier des toiles de Vélasquez pour l'entreprise de peinture en bâtiment dans laquelle il travaille. En 1931, il remporte le deuxième prix d'un concours d'affiche de la Caisse d'Epargne de Barcelone et, deux ans plus tard, il abandonne la peinture en bâtiment pour vivre de ses dessins, de travaux de décoration et d'affiches de cinéma. Il se fait rapidement un nom dans cette spécialité. Ses amis sont alors Emilio Grau Sala, Apelles Fenosa, Manolo. Clavé admire tout particulièrement les primitifs catalans.
Un an après le début de la guerre civile espagnole, Clavé est mobilisé sur le front républicain d'Aragon, comme  fantassin dessinateur. En janvier 1939, il est contraint de suivre la retraite de l'armée républicaine et il franchit la frontière française. Il est interné au camp des Haras à Perpignan dont il sort grâce à l'intervention d'un ami peintre perpignanais. Cette même année, il réalise sa première exposition chez Vivan, une pâtisserie-salon de thé de Perpignan.
Le 5 avril 1939, il quitte Perpignan pour Paris où il vit de travaux d'illustration pour l'édition tout en poursuivant la peinture dans un style alors influencé par Bonnard et Vuillard.  En 1941, il installe son premier atelier et il rencontre Pablo Picasso en 1944, qui est une révélation pour lui.
Le 9 juillet 1945, Il participe а la fondation du Casal de Catalunya de Paris.
А l'instar de Picasso, Antoni Clavé a été très inspiré par la corrida. Sur ce sujet, il a produit un grand nombre de lithographies, notamment pour le chorégraphe Boris Kochno. Ses décors de théâtre et de ballet connaissent  dès  un succès considérable.  Au début des années 1950, il travaille sans discontinuer pour le chorégraphe Roland Petit mais tout d'un coup en 1954, il décide d'arrêter la peinture décorative. А partir de ce moment, Clavé n'acceptera plus de nouvelles commandes pour le théâtre.
Il installe un  nouvel atelier au no 4 rue de Châtillon à Paris et y travaille avec acharnement.  А la fin des années 1950  dans un style inclassable, ni figuratif, ni abstrait mais qui flirte avec les deux à la fois, Clavé connait un succès considérable. Mais en 1963, il s'interroge ç nouveau  : il a cinquante ans, une œuvre considérable, est célèbre en France, aux Etats-Unis, au Japon et dans le monde entier, et cela loin de le rassurer, l'inquiète. Il décide alors de quitter Paris et la société qui y fait la mode notamment dans le monde du spectacle.
En 1965 il s'installe à Saint-Tropez qui est alors un petit port de pêche encore assez tranquille, même si pas tout a fait a l'écart des mouvements de la mode !  Il y construit un atelier et une maison au Cap Saint-Pierre qu'il décore avec un soin méticuleux, aidée de sa femme Madeleine.  C'est dans cet atelier qu'il composa ses plus grandes toiles.
En 1977, il expose ses premiers trompe-l'oeil. En 1978, le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris lui consacre une rétrospective et le tout jeune Centre Pompidou  expose ses autres œuvres « en marge de la peinture » . La Biennale de Venise de 1984, expose plus de cent  œuvres de Clavé au Pavillon espagnol !  Puis ce peintre qui est tout sauf mondain et que la consécration effraie définitivement, va déserter le monde de l'art et s'isoler jusqu'au son décès en 2005.
En 2007, une exposition César/Clavé a été présentée à Montélimar.  En 2013, pour le centenaire de sa naissance, la Fundaciyn Vila Casas à Barcelone a organisé une rétrospective de son œuvre.

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jeudi 1 février 2018

Francisco de Zurbarán (1598-1664) - Bodegón con cacaharros


Francisco de Zurbarán (1598-1664)
Bodegón con cacaharros
Oleo sobre leinzo ( 46 x 84cm) 
Museo nacional del  Prado, Madrid.

Que voit on ? Sur un entablement sombre qui semble être une étagère ; quatre contenants,  quatre pots  dont les deux qui sont aux extrémités de la composition sont posés dans des plats en argent. Il s' agit de quatre contenants de formes et de matières différentes, de gauche à droite :  argent, terre cuite vernissée, terre cuite brute et porcelaine...  Une composition  d'une efficacité et d'une modernité que commenter plus ferait injure au génie de Zurbaran, d 'autant que cette nature morte est des toiles les plus célèbres du peintre.

Rappel historique : le peintre espagnol  Francisco de Zurbarán appartient au Siècle d'or espagnol. Surtout célèbre pour ses sujets religieux et ses peintures dévotes souvent d'une grande puissance et d'un grand mysticisme, il a commencé par y glisser quelques natures mortes avant de peindre des natures mortes pour elles-mêmes à part entière (comme ici avec ce simple  plateau de grenades) et d'en devenir un maître absolu. Contemporain et ami de Vélasquez, Zurbarán s'est distingué par la grande force visuelle de ses sujets et par un style austère et sobre qui le rapproche beaucoup des maîtres maniéristes italiens. Bien qu'à son époque la nature morte ait été considérée comme un genre mineur, Zurbarán ne pense pas déchoir lorsqu'il peint  - en sujet isolé -  le  mouton aux pattes liées de l'Agnus Dei. Dans ses natures mortes,  Zurbarán fait toujours preuve d'une attention affectueuse à l'égard d'objets modestes qu'il dote d'une valeur symbolique,  au point que « ses natures mortes ont une densité, une plénitude si poussée que, même quand elles ne sont qu'un des éléments d'une composition, leur présence s'impose autant que la scène principale » (Encyclopædia Universalis).
« Tout au long de sa carrière, Zurbarán attache un soin particulier à la représentation des objets. Depuis la précieuse tasse avec une rose apparaissant dans ses premiers tableaux, La Guérison miraculeuse du bienheureux Regnaud d'Orléans jusqu'aux derniers fruits sur une assiette d'étain de La Vierge, l'Enfant et saint Jean, daté de 1662  » (Catalogue de l'exposition de 1988, p. 171).
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