samedi 19 juillet 2014

Vincent van Gogh (1853-1890) - Nature morte au verre d'absinthe


Vincent van Gogh  (1853-1890)
Nature morte au verre d'absinthe (1887)
Van Gogh Museum, Amsterdam


Que voit on ? Bien que Van Gogh ait consommé de l'absinthe partout où il passait, cette nature morte a été peinte à Auvers-sur-Oise, sur la table de la salle a manger de l'Auberge Ravoux où il résidait  dans la chambre n° 75 et ou il vécut ses 70 derniers jours. Qui connait l'auberge Ravoux - que l'on peut toujours visiter aujourd'hui -  est surpris par la lumière ensoleillée et la dominante jaune qui baigne ce tableau et que l'on ne retrouve à aucun moment ans cette auberge plutôt sombre.  L’absinthe apparait ici dans sa plus simple expression. Il est remarquable que la couleur jaunâtre de la  " fée verte " imprègne la toile comme dans une transparence. Elle se trouve partout  sur la nappe, dans les reflets de l’eau, dans la carafe et même dans la rue derrière la vitre.
C’est Toulouse Lautrec qui initia Vincent van Gogh à l’absinthe. Ils s’étaient rencontrés à l’atelier Cormon. Ensemble ils passaient des nuits entières au café le Tambourin nouveau lieu de rendez-vous des néo impressionnistes. C’est sur les conseils de Toulouse Lautrec que Vincent van Gogh qui ne se plaisait pas à Paris était parti en Arles. Les témoignages selon lesquels Vincent consommait beaucoup d’absinthe sont nombreux. Paul Signac rendant visite à Vincent écrit : « … n’ayant pas de vraie maison dans cette ville, il prenait un siège à la terrasse d’un café. Et les eau-de-vie et les absinthes se succédaient à un rythme rapide »
Certaines théories médicales ont  laissé entendre que le goût de Van Gogh pour l'utilisation de la couleur jaune pourrait être lié à son amour de l'absinthe. En effet, cet alcool dans la formulation où on le consommait à l'époque  (et qui a été interdite par décret préfectoral depuis lors) contenait une neurotoxine, la thuyone (extrait du Thuya), qui à forte dose, pouvait causer un trouble de la vision connu sous le nom de la xanthopsie et amenant à voir les objets en jaune. Une étude réalisée en 1991 a mis en évidence qu'un consommateur d'absinthe sombrerait dans l'inconscience en raison de la teneur en alcool avant d'avoir pu ingérer suffisamment de thuyone, mais il est possible que van Gogh ait été suffisamment imbibé pour  présenter ce trouble. 
Une autre théorie suggère que le docteur Gachet aurait prescrit à Van Gogh de la digitaline pour traiter ses troubles épileptique, substance qui pourrait entraîner une vision teintée de jaune et des changements dans la perception de la couleur d'ensemble. 
Qu'elle qu'en soit la raison, c'est une des seules toiles de van Gogh qui soit baignée à ce point et très étrangement d'une  telle lumière... de bonheur.

Rappel biographique :  A l’époque où Vincent arrive à Paris. Théo connaît bien Camille Pissarro, dont il vend les tableaux depuis plusieurs années. Celui-ci est un artiste très accessible, toujours ouvert aux questions de la jeune génération. Vivant avec sa famille en province, à Eragny, il se consacre surtout aux scènes rurales qui l’entourent. Son intérêt pour les paysans et les travaux des champs ne peut qu’éveiller de profondes résonances chez Van Gogh, qui se passionne lui-même pour ce thème.  De toute évidence, la personnalité et l’œuvre de cet artiste apportent à Van Gogh un réconfort rare dans la capitale française. L’influence des Pissarro sur la découverte du néo-impressionnisme par Van Gogh est incontestable. Camille, séduit par ce nouveau style, modifie sa manière de peindre en conséquence. Sans doute Pissarro aide-t-il aussi Van Gogh à entrer en relations avec Ies néo-impressionnistes. Au printemps 1886, Seurat présente au Salon des indépendants sa grande toile « Un dimanche à la Grande Jatte-1884 ». Son nouveau style pictural, qui diffère radicalement de l’impressionnisme, tant par la théorie que par la technique, est aussitôt acclamé par la critique. Van Gogh visite probablement le Salon des indépendants de 1886 peu après son arrivée à Paris, mais il lui faut au moins jusqu’à la fin de l’année pour mesurer l’importance du néo-impressionnisme. Cet hiver-là, il rencontre Signac, avec qui il ira, au printemps suivant, peindre en banlieue. Signac l’aide à comprendre les nouveaux principes néo-impressionnistes, afin que Vincent puisse appliquer cette connaissance à ses propres oeuvres. 


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