Nature morte aux instruments de musique (vers 1625)
Huile sur toile, (35,9 x 59,0 cm)
Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg
Rappel biographique : Le peintre Pieter Claesz ou Pieter Claesz Van Haarlem (du nom de la ville ou il fut le plus actif), dont ce blog a posté déjà de nombreuses natures mortes, est un des plus grands représentants de la nature morte hollandaise de l'époque baroque, un maître auquel la plupart des peintres de natures mortes se sont référés à un moment ou a un autre de leur carrière. Willem Claeszoon Heda avec lequel on peut le confondre tant celui ci s'inspira de Pieter Claezs jusqu'à signer ses tablaux de son prénom abrégé (Claez), il fut l’un des peintres les plus importants de ce genre très diversifié qu'est la nature morte.
Au 17 siècle, les natures mortes se divisaient en plusieurs catégories :
- pronkstilleven (natures mortes d’apparat), dans lesquelles sont représentés des coupes en argent ou en or lourdement décorées, des nautiles, des verres de vins, et beaucoup de fruits ou de fleurs. Beaucoup d’aliments composent ces natures mortes comme du pain, du fromage, du vin, des huîtres, du poisson, de la volaille, du jambon, des olives et des noix. Le citron est également souvent représenté, comme touche jaune dans la palette monochromatique. Il faut savoir toutefois que Pieter Claesz introduisait rarement des fruits dans ses peintures. Quand il le faisait, c'était toujours sur la demande du commanditaire Dans ce cas Claesz recours à un de ses collègues peintres, Roelof Koets, qui était chargé de remplir alors le quart ou la moitié du tableau de fruits et de feuilles de vigne et y plaçait une corbeille ou une porcelaine. Les deux peintres signaient alors le tableau, Claesz lui-même signait des initiales PC, ou PCH (« H » pour Haarlem) comme c'est le cas ici.
- ontbijtgens (petits déjeuners) qualifiant des natures mortes avec du pain, des couteaux, et du poisson et qui correspondait à ce que l’on mangeait dans un repas situé en fin de matinée.
- banketgens (petits banquets) qualifiant des natures mortes dans lesquelles était représenté spécifiquement et exclusivement un pâté bien rempli.
- toebackjes (petits tabacs) : qualifiant des natures mortes contenant du tabac, une pipe, et d'autres objets du même type.
- les vanités enfin, natures mortes qui renvoient à la mort et au caractère éphémère de la vie et du plaisir et que Claesz a peint en nombre important. Dans ce cas, il peint des bougies éteintes ou complètement consumées, des instruments de musique, des montres, de vieux livres, des ustensiles d'écriture telle qu'une plume d’oie, qu'il place en perspective des crânes. Ces Vanités de Claesz étaient destinées à encourager le public à mener une vie simple et religieuse et a tempérer les excès de plaisir auxquels invitaient ses autres natures mortes.
Bien que très construites et obéissant a un style très défini, une évolution dans la composition des natures mortes de Claez est perceptible. Si, au début, il disposait fréquemment les objets en croix ou dans une diagonale rigoureuse, par la suite il utilisa beaucoup plus le chevauchement des objets, ce qui crée une plus grande profondeur. En outre, au cours de sa vie, il élargit son point de vue et la vue latérale sur la table de la nature morte devient plus fréquente que la vue en plongée.
Claesz, souvent, utilisa les mêmes objets dans ses natures mortes : un couteau avec un lourd manche en nacre, une bouteille de verre brun, des assiettes en étain et des cruches à col de cygne, ainsi que de fin coquillages des porcelaines importés de Chine. On retrouve ces éléments d'une nature morte à l'autre, on les reconnait comme des objets familiers. Souvent, un verre est représenté couché, ce qui confère une certaine tension à la composition.
Si, au début de sa carrière, Claesz utilisait assez souvent des couleurs vives, il adoucit considérablement sa palette par la suite, employant des couleurs presque monochromatique et conférant ainsi à ses tableaux une atmosphère plus intimiste.
L’utilisation qui est faite de la lumière et de l’ombre par Claesz est remarquable. Il donner un tel rendu des textures par l'effet de la lumière sur les surfaces, que l'on peut reconnaître immédiatement une assiette en étain d’une assiette en argent, un roemer d'un pot en céramique. Cette maîtrise dans le traitement de la matière et des textures (les reflets du vin dans les verres sont des effets de pur génie !) est une caractéristique partagée par plusieurs peintres néerlandais du 17e siècle. C'est ce qui fait leur spécificité..
Claesz, avec Heda, fut à l’origine d’une véritable école de la nature morte, donnant à ce genre un statut véritablement noble. À partir de 1628, une sérieuse concurrence apparaît à Haarlem entre Pieter Claesz et Willem Claeszoon Heda, lequel s’inspirait fortement de lui et le suivait de près dans toutes ses innovations.
Nicolaes Berchem, le fils de Claesz, fut quant à lui un peintre de paysage très réputé.
En 2004/ 2005, une exposition itinérante rassemblant quarante-cinq œuvres de Claesz fut montée et présentée au Musée Frans Hals à Haarlem, ensuite au Kunsthaus de Zurich, et enfin au National Gallery of Art de Washington.
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2017 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
Huile sur toile, (35,9 x 59,0 cm)
Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg
Que voit on ? Pour ce grand maitre de la nature morte hollandaise, il s'agit dans cette oeuvre de sa jeunesse de réaliser, sur commande, une Vanité, c'est à dire une toile qui renvoie à la mort et au caractère éphémère de la vie et des plaisirs. Claesz en a peint énormément tout au long de sa vie. Celle-ci, qui est une de ses premières, rassemble toutes les règles du genre à savoir : des instruments de musique (deux violons sans cordes), une montre à complication, des vieux livres, des ustensiles d'écriture, une plume d’oie placée en perspective du crâne, un verre Rohmer renversé et vide (symbole d'une riche vie qui s'est écoulée et dont il ne reste plus rien) et le crâne bien entendu. Mais cette nature morte vaut aussi et surtout par la présence d'un miroir de sorcière ou miroir de banquier, ainsi appelé car sa surface convexe permettait aux usuriers de surveiller tous les mouvements suspects dans leur officine. Fréquemment placé prés d'un fenêtre dont il réfléchissait la lumière dans les intérieurs flamands assez sombres, on lui attribuait des pouvoirs magiques d'où son autre nom de miroir de sorcière. Ici le miroir est situé derrière la montre à complications, adossé à un violon sur la gauche de la composition et réfléchit la partie de la pièce que l'on ne voit pas et une partie de ce que l'on voit, ce qui va devenir une règle intangible dans les natures mortes de l'âge d'or hollandais; règle qui va perdurer longtemps après.
Dans l'agrandissement du miroir ci-dessous, on peut voit le reflet de la fenêtre mais aussi le reflet du jeune Pieter Claesz, coiffé d'un chapeau, et peignant le tableau sur son chevalet de même que le dos du tableau lui même. Ce n'est plus le miroir, mais la toile elle même qui devient pour le coup... magique.
Au 17 siècle, les natures mortes se divisaient en plusieurs catégories :
- pronkstilleven (natures mortes d’apparat), dans lesquelles sont représentés des coupes en argent ou en or lourdement décorées, des nautiles, des verres de vins, et beaucoup de fruits ou de fleurs. Beaucoup d’aliments composent ces natures mortes comme du pain, du fromage, du vin, des huîtres, du poisson, de la volaille, du jambon, des olives et des noix. Le citron est également souvent représenté, comme touche jaune dans la palette monochromatique. Il faut savoir toutefois que Pieter Claesz introduisait rarement des fruits dans ses peintures. Quand il le faisait, c'était toujours sur la demande du commanditaire Dans ce cas Claesz recours à un de ses collègues peintres, Roelof Koets, qui était chargé de remplir alors le quart ou la moitié du tableau de fruits et de feuilles de vigne et y plaçait une corbeille ou une porcelaine. Les deux peintres signaient alors le tableau, Claesz lui-même signait des initiales PC, ou PCH (« H » pour Haarlem) comme c'est le cas ici.
- ontbijtgens (petits déjeuners) qualifiant des natures mortes avec du pain, des couteaux, et du poisson et qui correspondait à ce que l’on mangeait dans un repas situé en fin de matinée.
- banketgens (petits banquets) qualifiant des natures mortes dans lesquelles était représenté spécifiquement et exclusivement un pâté bien rempli.
- toebackjes (petits tabacs) : qualifiant des natures mortes contenant du tabac, une pipe, et d'autres objets du même type.
- les vanités enfin, natures mortes qui renvoient à la mort et au caractère éphémère de la vie et du plaisir et que Claesz a peint en nombre important. Dans ce cas, il peint des bougies éteintes ou complètement consumées, des instruments de musique, des montres, de vieux livres, des ustensiles d'écriture telle qu'une plume d’oie, qu'il place en perspective des crânes. Ces Vanités de Claesz étaient destinées à encourager le public à mener une vie simple et religieuse et a tempérer les excès de plaisir auxquels invitaient ses autres natures mortes.
Bien que très construites et obéissant a un style très défini, une évolution dans la composition des natures mortes de Claez est perceptible. Si, au début, il disposait fréquemment les objets en croix ou dans une diagonale rigoureuse, par la suite il utilisa beaucoup plus le chevauchement des objets, ce qui crée une plus grande profondeur. En outre, au cours de sa vie, il élargit son point de vue et la vue latérale sur la table de la nature morte devient plus fréquente que la vue en plongée.
Claesz, souvent, utilisa les mêmes objets dans ses natures mortes : un couteau avec un lourd manche en nacre, une bouteille de verre brun, des assiettes en étain et des cruches à col de cygne, ainsi que de fin coquillages des porcelaines importés de Chine. On retrouve ces éléments d'une nature morte à l'autre, on les reconnait comme des objets familiers. Souvent, un verre est représenté couché, ce qui confère une certaine tension à la composition.
Si, au début de sa carrière, Claesz utilisait assez souvent des couleurs vives, il adoucit considérablement sa palette par la suite, employant des couleurs presque monochromatique et conférant ainsi à ses tableaux une atmosphère plus intimiste.
L’utilisation qui est faite de la lumière et de l’ombre par Claesz est remarquable. Il donner un tel rendu des textures par l'effet de la lumière sur les surfaces, que l'on peut reconnaître immédiatement une assiette en étain d’une assiette en argent, un roemer d'un pot en céramique. Cette maîtrise dans le traitement de la matière et des textures (les reflets du vin dans les verres sont des effets de pur génie !) est une caractéristique partagée par plusieurs peintres néerlandais du 17e siècle. C'est ce qui fait leur spécificité..
Claesz, avec Heda, fut à l’origine d’une véritable école de la nature morte, donnant à ce genre un statut véritablement noble. À partir de 1628, une sérieuse concurrence apparaît à Haarlem entre Pieter Claesz et Willem Claeszoon Heda, lequel s’inspirait fortement de lui et le suivait de près dans toutes ses innovations.
Nicolaes Berchem, le fils de Claesz, fut quant à lui un peintre de paysage très réputé.
En 2004/ 2005, une exposition itinérante rassemblant quarante-cinq œuvres de Claesz fut montée et présentée au Musée Frans Hals à Haarlem, ensuite au Kunsthaus de Zurich, et enfin au National Gallery of Art de Washington.
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