vendredi 16 octobre 2015

Cristoforo Munari (1667-1720)



Cristoforo Munari (1667-1720) 
Nature morte aux biscuits, porcelaines de Chine et verres de Venise (1714)
Collection privée

Que voit-on ?  C'est un tableau de l'abondance : le fond est noir et l'espace très encombré d'objets, tous aussi précieux les uns que les autres, dont certains sont même présentées enfermés dans un petit cabinet de curiosités ambulant (sur la droite du cadre). L'ensemble des objets, cabinet de curiosité compris est posé sur une table recouverte d'un tapis de velours de soie d'un bleu très profond qui se dévoile dans un effet de perspective très ponctuel constitué par le coin de la table posé sur le quart gauche du cadre. De gauche à droite :  dans le fond du cadre un plateau en argent  muni d'un pied sur lequel sont présentées des verreries  de Venise très précieuses : une carafe gravée, un verre à pied et un flacon gravé tous deux délicatement ouvragés) . Devant le plateau  de verrerie, un enchevêtrement de papiers (des lettres pliés et entassées).  Au centre de la composition du  fond vers l'avant : un bol en laque de Chine dans lequel s'entrecroisent quatre biscuits à la cuillère. A l'avant de ce bol,  posés sur un plateau d'argent en équilibre instable sur un amas assez disparate de biscuits et de brestzels  à même la nappe : trois petits bols à thé de porcelaine de Chine présentés sous différents angles et un gros bol à riz, aussi en  porcelaine de Chine.  C'est le bol a riz qui ferme la porte du petit cabinet de curiosité posé au fond de la composition et qui présentes des porcelaines et verreries encore plus précieuses que celles exposées sur la table. Rien de spontané dans cette présentation mais un ordonnancement minutieux de chacun des éléments pour donner une idée la plus exacte possible des trésors contenus dans les placards des Medicis !  

Rappel biographique : le peintre italien Cristoforo Munari, aussi connu comme Cristofano Monari, était spécialisé dans les natures mortes. Il suivit sa formation initiale à Reggio Emilia, sa ville natale, puis vient à Modène sous le patronage de Rinaldo d'Este, duc de Modène. En 1703-1706, il vécut à Rome, puis à Florence pendant une dizaine d'années, où il fut attaché à la cour des Médicis.   Très apprécié de ses contemporains,  le collectionneur Gabburri le décrivait au 18e siècle comme  : " un peintre remarquable de natures mortes aux ustensiles de cuisine, instruments de musique, étoffes, verres, fruits et fleurs ".  La profusion mais aussi le raffinement qui s'étalent dans ses natures mortes (porcelaines de Chine, verre de Venise, tapis d'Orient, instruments de musique, etc...) suggèrent le luxe et l'abondance qui régnait à la cour des Médicis. Il a peint aussi des panoplies et des trophées de guerre. En 1715, il déménagea à Pise, où il  travailla presque exclusivement dans la restauration d'oeuvres d'art et où il mourut en 1720. Une retrospective de ses tableaux a été organisée en 1998 à Reggio Emilia, où elle a connu un énorme succès.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.