Paul Gauguin (1848-1903)
Le jambon, 1889
Philips Memorial Gallery (Washington)
Que voit-on ? Un intérieur baigné de cette lumière rouge-orangée très caractéristique de l'Ecole de Pont-Aven. La lumière vient de l'extérieur (d'un coucher de soleil) à travers une fenêtre dont les volets intérieurs coulissants sont grands ouverts (on en aperçoit les chainettes du mécanisme). Un guéridon de jardin, en fer vert, occupe le cadre, du bas de la toile à sa moitié. Sur le guéridon, de gauche à droite : un jambon de Bayonne qui a été déjà bien entamé mais dont on n'aperçoit pas encore l'os est présenté sur un plat en céramique vernissée de couleur verte. Huit petits oignons crus avec leurs peaux et leurs fanes dont deux sont dans le plat forment comme un ligne en pointillée, comme des points de suspension vers l'extrémité droite du guéridon. Derrière les oignons, à l'arrière plan sur le guéridon, un verre biseauté rempli au quart de vin rouge représenté dans une couleur très sombre. Cette nature morte qui fait écho à distance, au Jambon que Manet a peint quelques années plus tôt a été réalisée lors du retour de Gauguin en Bretagne, alors qu'il logeait au Pouldu, tout proche de Pont-Aven, et peut-être même sur une des tables de la " la Buvette de la Plage " de Marie Henry.
Rappel biographique : le peintre français Paul Gauguin est un peintre post impressionniste, chef de file bien connu de l'École de Pont-Aven et inspirateur des Nabis. Il est considéré comme l'un des peintres français majeurs du 19e siècle. En 1874, la connaissance qu'il fait de Camille Pissaro et la première exposition du courant impressionniste, l'inclinent à devenir amateur d'art et à s'essayer alors à la peinture. En 1882, il abandonne son emploi de courtier en bourse pour se consacrer uniquement à sa nouvelle passion, la peinture. De janvier à novembre 1884, il s'établit à Rouen où Pissaro vivait également. Pendant ces 10 mois passés à Rouen, il réalise près de quarante tableaux, principalement des vues de la ville et de ses alentours et quelques natures mortes très classiques. Cela ne suffit pas pour vivre et il part avec sa femme et ses enfants dans la famille de celle-ci à Copenhague.
Ses affaires ne vont pas bien et il revient à Paris en 1885 pour peindre à plein temps, laissant femme et enfants au Danemark, n'ayant pas les moyens d'assurer leur subsistance. Il est déchiré par cette situation. Il expose avec les impressionnistes régulièrement de 1876 à 1886.
En 1891, ruiné, il s'embarque pour la Polynésie, grâce à une vente de ses œuvres dont le succès a été assuré par deux articles enthousiastes d'Octave Mirbeau. Il s'installe à Tahiti où il espère pouvoir fuir la civilisation, tout ce qui est artificiel et conventionnel.
Influencé par l'environnement tropical et la culture polynésienne, son œuvre gagne en force, il réalise des sculptures sur bois et peint ses plus beaux tableaux, notamment son œuvre majeure, aujourd'hui au Musée des Beaux arts de Boston au titre explicite de D'où venons nous? Que sommes sommes, Où allons nous ? qu'il considère lui-même comme son testament pictural. En 1901, il va vivre a Atuona dans les îles Marquises. Il lui semble être au paradis. Il va vite déchanter en se rendant compte des abus des autorités et en essayant de se battre pour les indigènes. Malgré ce combat auprès des autorités, Gauguin reste peu apprécié des Polynésiens en général et des Marquisiens en particulier, qui ont l'impression d'avoir eu affaire à un homme qui s'est servi d'eux, de leur culture ancestrale et surtout des femmes, comme si cela lui était dû. Affaibli, fatigué de lutter, il meurt au printemps 1903. Il est enterré dans le cimetière d'Atuona. La tombe du chanteur Jacques Brel est juste à côté de la sienne.
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