Jean-Baptiste Siméon Chardin (1699-1779)
Nature morte avec pied de céleri, boîte à épices, torchon, terrine, plat en terre vernissée, écumoire et morceaux de viande pendus à un croc (1734)
Musée des Beaux-arts d'Amiens.
Que voit on ? Sur un rebord de pierre arrondi sont disposés des " ustensiles et objets de ménage ", de gauche à droite, un pied de céleri avec sa verdure, un moulin à poivre ou a épices en bois, un torchon blanc, une marmite en terre vernissée sur laquelle prend appui un écumoire en cuivre le couvercle de la marmite présentés sous sa face creuse et disposé contre le mur, le tout surmonté par deux morceaux de viande (une côte de boeuf, un carré d'agneau ou de mouton) suspendus par un crochet. Dans l'inventaire du legs Poirson (1900), la signature de Chardin est relevé mais disparaît dans la noirceur de la toile dont le filet de lumière éclairant la composition vient de la gauche ; la signature est retrouvée avec la date et authentifiée lors de l'exposition de 1969-1970. Cette date classe le tableau parmi les premiers essais de Chardin dans ce genre.
De 1730 à 1758 le peintre va étudier les " menus de gras et de maigre " dans plus de cent cinquante oeuvres. Si on le dit inspiré par les hollandais, à leur différence il n'estompe pas sa touche mais étale une pâte sèche qui reste visible sous forme de traces granuleuses ; il parsème ainsi sa toile de petits éclats lumineux qui nuisent un peu à la lisibilité de l'oeuvre, " mais la composition est parfaitement équilibrée selon un jeu savant de droites et d'obliques, de saillis et de creux, de clairs et de sombres ". " Un des premiers essais de l'artiste et un des plus réussis " écrit P. Rosenberg (Cf. exposition 1999-2000)."
Cette oeuvre est inspirée d'une autre nature morte - Nature morte avec chaudron, fourneau de terre, poêlon, nappe, chou, pain, deux oeufs, poireau, et trois harengs suspendus à la muraille présentée aussi sur ce blog - que Chardin a réalisé, ainsi qu'il se plaisait à le faire volontiers. En tirant inlassablement parti des mêmes éléments domestiques, dans les années 1730-1735, Chardin ne fait pas preuve d'un défaut d'imagination puisque c'est justement cette formule qui lui permet de travailler exclusivement compositions, formes et couleurs, en un mot à s'intéresser à l'essence même de la peinture. Schnapper (cat. exp. 1985, p. 65) montre comment Chardin n'a sans doute pas été indifférent à l'art des Hollandais et surtout de Willem Kalf (Rotterdam, 1619 - Amsterdam, 1693), dont les travaux pouvaient alors aisément se voir à Paris. Dans ses mises en scènes dépouillées, au cadrage restreint, mais d'une grande variété, même si les " acteurs " sont toujours identiques, Chardin oeuvre en excluant tout effet d'emphase. Avec son subtil chromatisme, il nous convie ici à la calme poésie des anodins accessoires de la vie quotidienne des humains dont il révèle une beauté jusque-là inédite.
Que voit on ? Sur un rebord de pierre arrondi sont disposés des " ustensiles et objets de ménage ", de gauche à droite, un pied de céleri avec sa verdure, un moulin à poivre ou a épices en bois, un torchon blanc, une marmite en terre vernissée sur laquelle prend appui un écumoire en cuivre le couvercle de la marmite présentés sous sa face creuse et disposé contre le mur, le tout surmonté par deux morceaux de viande (une côte de boeuf, un carré d'agneau ou de mouton) suspendus par un crochet. Dans l'inventaire du legs Poirson (1900), la signature de Chardin est relevé mais disparaît dans la noirceur de la toile dont le filet de lumière éclairant la composition vient de la gauche ; la signature est retrouvée avec la date et authentifiée lors de l'exposition de 1969-1970. Cette date classe le tableau parmi les premiers essais de Chardin dans ce genre.
De 1730 à 1758 le peintre va étudier les " menus de gras et de maigre " dans plus de cent cinquante oeuvres. Si on le dit inspiré par les hollandais, à leur différence il n'estompe pas sa touche mais étale une pâte sèche qui reste visible sous forme de traces granuleuses ; il parsème ainsi sa toile de petits éclats lumineux qui nuisent un peu à la lisibilité de l'oeuvre, " mais la composition est parfaitement équilibrée selon un jeu savant de droites et d'obliques, de saillis et de creux, de clairs et de sombres ". " Un des premiers essais de l'artiste et un des plus réussis " écrit P. Rosenberg (Cf. exposition 1999-2000)."
Cette oeuvre est inspirée d'une autre nature morte - Nature morte avec chaudron, fourneau de terre, poêlon, nappe, chou, pain, deux oeufs, poireau, et trois harengs suspendus à la muraille présentée aussi sur ce blog - que Chardin a réalisé, ainsi qu'il se plaisait à le faire volontiers. En tirant inlassablement parti des mêmes éléments domestiques, dans les années 1730-1735, Chardin ne fait pas preuve d'un défaut d'imagination puisque c'est justement cette formule qui lui permet de travailler exclusivement compositions, formes et couleurs, en un mot à s'intéresser à l'essence même de la peinture. Schnapper (cat. exp. 1985, p. 65) montre comment Chardin n'a sans doute pas été indifférent à l'art des Hollandais et surtout de Willem Kalf (Rotterdam, 1619 - Amsterdam, 1693), dont les travaux pouvaient alors aisément se voir à Paris. Dans ses mises en scènes dépouillées, au cadrage restreint, mais d'une grande variété, même si les " acteurs " sont toujours identiques, Chardin oeuvre en excluant tout effet d'emphase. Avec son subtil chromatisme, il nous convie ici à la calme poésie des anodins accessoires de la vie quotidienne des humains dont il révèle une beauté jusque-là inédite.
Notice de Matthieu Pinette pour le site Joconde
Rappel biographique : Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre. Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres... Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.
Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres... Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.
2015 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes
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