lundi 16 juin 2014

Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) - Bocadillo

http://astilllifecollection.blogspot.com

Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) 
Bocadillo
Museo del Prado, Madrid

Que voit-on ?  Une composition très géométrique à base de cercles, de sphères un peu effacées dans cette nature morte en particulier par les carrés très visibles formés par la nappe blanche dépliée sur la table. Les objets présents se détachent sur un fond noir habituel chez ce peintre et sont interchangeables ; ils figurent en effet déjà dans nombre de ses autres natures mortes, c'est le cas de la boîte en écorce de pin (symbole du secret même si elle ne renferme ici qu'un fromage), de la magnifique carafe en cristal déjà vue ailleurs avec les mêmes incomparables reflets, et des trois plateaux circulaires en argent dont l'implacable précision des ombres portées ajoutent à l'effet de profondeur. Dans cette collation, ce ne sont pas les objets et leurs symboles (douceur de la vie conjugale, fidélité et prospérité)  qui sont nouveaux mais l'arrangement que le peintre en fait sur cette extraordinaire nappe qui semble être finalement le principal sujet de la toile !

Rappel biographique : le peintre espagnol Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) est surtout connu pour ses natures mortes et ses bouquets de fleurs bien qu'il ait peint également des motifs religieux, des paysages et des portraits. Influencé autant  par Juan Sanchez Cotan que par la peinture flamande de Frans Snyders dans ses premières natures mortes, il opta finalement pour un naturalisme plus italien et introduisit beaucoup de fraîcheur dans ses compositions. Sa touche est d'une grande délicatesse et d'un absolue précision. Van der Hamen emprunte à Sánchez Cotán le style apparemment sobre de ses compositions mais aussi cette façon systématique de détacher les objets sur un fond sombre et de les éclairer d'une  lumière puissante. Les arrangements en quinconces et les ombres portées renforcent l'impression de précision et révèlent que ces compositions sont finalement tout sauf simples ! A partir de 1626, Van der Hamen peint des natures mortes plus complexes que ses premières en plaçant les objets sur différents niveaux. Ce type de composition que l'on retrouve à Rome au début des années 1620  dans les œuvres de Tomasso Salini et d'Agostino Verrocchi, était déjà présent dans les natures mortes de l'Antiquité que l'on découvrira à Pompei et Herculanum au 18e siècle. Les natures mortes de Juan van der Hamen ont exercé une grande influence sur ses contemporains comme Francisco de Zurbarán et plus tard chez des peintres comme Antonio Ponce et Juan Arellano. Une des caractéristiques de la peinture de Van der Hamen, pour laquelle il était surtout connu de son vivant,  résidait dans la représentation des coûteuses et luxueuses verreries de Venise ou d'Allemagne. Très préoccupé par l'agencement harmonieux des objets et la représentation précise des textures et des lumières, Van der Hamen livre toujours des compositions très géométriques où les cercles et les sphères ont un rôle primordial (comme c'est le cas ici). Contrastant avec cette sévérité géométrique, l'artiste dispose souvent ses objets sur les bords des structures ou sur des escaliers en pierre, en faisant ainsi varier leur distance à partir de la source lumineuse. Les objets représentés, fruits légumes, bois, terre cuite, et cristaux sont  toujours magistralement rendus avec une science de la répartition des couleurs, des ombres, des reflets et des lumières qui en font un maître d'une sensibilité incomparable.

2014 - A Still Life Collection 


Un blog de Francis Rousseau

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.