samedi 13 octobre 2018

Henri Matisse (1869-1954) - Nature morte au pichet ca. 1896


Henri Matisse (1869-1954) Nature morte au pichet ca. 1896 Huile sur toile 33 x 41 cm MuMa Le Havre


Henri Matisse (1869-1954)
Nature morte au pichet ca. 1896
Huile sur toile 33 x 41 cm
MuMa Le Havre


Que voit on ? Cette Nature morte au pichet  se réfère à l’œuvre de Chardin en optant pour une juxtaposition claire et statique des objets. La rigueur du plan rectiligne de la table est contrebalancée par la courbe des objets et l’arrondi des fruits. Bassine d’étain, bouteille en verre noir, pot en argent, fruits et couteau sont disposés de manière aérée sur la table. Matisse se plaît à rendre la diversité des matières et leurs qualités respectives. La lumière qui vient de la gauche éclaire fruits et pichets dont les reflets s’accordent et se renvoient dans une harmonie chromatique qui lie les objets entre eux. Le bleu violet de la prune trouve écho sur le col du pichet, le rouge carminé de la pomme s’apprécie sur la base du pot en argent, l’orange s’épanouit sur la bassine d’étain. Le couteau disposé en diagonale, l’alternance des zones d’ombre et de lumière, confèrent à la composition toute sa profondeur. La Nature morte au pichet s’apparente très nettement aux œuvres réalisées en 1896, année du second voyage de Matisse en Bretagne. « J’entrepris de travailler sur nature. Et bientôt je fus séduit par l’éclat de la couleur pure. Je revins de mon voyage avec la passion des couleurs de l’arc-en-ciel. » Matisse se libère progressivement des valeurs tonales pour acquérir une indépendance de la couleur. Le passage à la couleur se fait de manière progressive. Dans la Nature morte au pichet, avec la vibration de la touche qui active la surface du tableau, et le vert foncé sous-jacent, une étape supplémentaire est franchie. La toile laissée en réserve participe à l’éclaircissement général. L’orangé et le violet, encore discrets, annoncent l’explosion colorée des années suivantes.

 


Rappel Biographique : Henri Matisse, peint son premier tableau, Nature morte avec livres et chandelle en juin 1890. Peu après, il se rend à Paris. En 1892, il rencontre Albert Marquet à l'École des Arts déco puis s'inscrit en 1895, à l'École des beaux-arts, dans l'atelier de Gustave Moreau. L'enseignement du maître encourage ses élèves à penser leur peinture, à la rêver, au-delà de la virtuosité technique. Matisse, comme ses condisciples, Georges Rouault, Léon Lehmann, Simon Bussy, Eugène Martel, Albert Huyot ou Henri Evenepoel, est stimulé par cette conception de la peinture et entend développer la sienne selon son individualité. Gustave Moreau, lors d'une correction, lui dit : « Vous allez simplifier la peinture. »
Cette prophétie peut être considérée comme le programme esthétique de l'œuvre d'Henri Matisse.
En 1896, Matisse expose pour la première fois au Salon des Cent et au Salon de la Société nationale des beaux-arts, dont il devient membre associé sur proposition de Pierre Puvis de Chavannes. Cette fonction lui permet notamment d'exposer sans passer par un jury. Il passe l'été à Belle-Île-en-Mer et rencontre l'Australien John Peter Russell, qui l'introduit auprès d'Auguste Rodin et Camille Pissarro. Il commence à s'intéresser à la peinture impressionniste qu'il découvre en 1897 au musée du Luxembourg. Il est alors un peintre classique de natures mortes réalistes aux textures amples. Pour gagner sa vie, Matisse et Marquet travaillent comme peintre décorateurs à la journée, pour les décorateurs de théâtre.
En voyage à Londres, sur les conseils de Pissarro, Matisse découvre la peinture de Joseph Mallord William Turner, puis il part s'installer en Corse où il habite dans la Villa Rocca. A Ajaccio, il peint une cinquantaine de toiles dont Le Mur rose qui représente l'arrière de l'hospice Eugénie vu depuis la Villa de la Rocca. Matisse s'inspire alors de Turner.
En 1899, il découvre le traité de Paul Signac, d’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme.
À partir de 1900, Matisse travaille la sculpture et le modelage, à l'Académie de la Grande Chaumière, sous la direction d'Antoine Bourdelle et fréquente également l'atelier d'Eugène Carrière. Il y fait la connaissance d'André Derain et de Jean Puy. Derain lui présente Maurice de Vlaminck. Il expose au Salon des indépendants (1901) et participe à la première édition du Salon d'automne (1903)
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2018 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau 

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