dimanche 31 juillet 2022

Pierre Bonnard (1867-1947) - Le Panier de Bananes


Pierre Bonnard (1867-1947) Le Panier de Bananes, 1926 Huile sur toile, 60 x 64 cm. The Metropolitan Museum of Art, New York (Jacques & Natasha Gelman Collection)


Pierre Bonnard (1867-1947)
Le Panier de Bananes, 1926
Huile sur toile, 60 x 64 cm.
The Metropolitan Museum of Art, New York (Jacques & Natasha Gelman Collection)

Que voit on ? Dans une atmosphère particulièrement lumineuse, l'un des très grand chefs-d'œuvres de Bonnard, bâti sur le long  d'une diagonale qui relie le coin droit  du bas au coin gauche du haut tout en ménageant un arrière plan lointain où l'on aperçoit une chaise et un vêtement prêt à choir au sol !  La diagonale  est virtuellement tracée sur un entablement recouvert d'une nappe à rayures jaunes et d'une nappe à carreaux rouge et blancs. Dans le coin droit au premier plan : une assiette  vide ; au milieu : le panier de bananes qui donne son titre à la toile avec a coté de lui, une boite ;  en haut : une théière en cuivre, rutilante... La question pourrait être : peut on se lasser des fantaisies de Bonnard ? Et la réponse en ce qui me concerne : non ! jamais !

Rappel biographique : le peintre français Pierre Bonnard est connu pour ses peintures de personnages, ses nus, ses portraits, ses paysages animés, ses intérieurs et ses natures mortes de fleurs et fruits. Bonnard est un artiste post-impressionniste, membre du groupe des Nabis qui regroupait autour de Paul Serusier, Paul René Piot, Henri-Gabriel Ibels, Maurice Denis, Édouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Paul Ranson, Jan Verkade, Félix Vallotton, Georges Lacombe, Mogens Ballin, József Rippl-Rónai, Charles Filiger, Adolf Robbi, ainsi que Georges Joseph Rasetti et le sculpteur Aristide Maillol. En réaction à l'impressionnisme, les Nabis veulent libérer leur peinture des exigences du réalisme : « Ensemble, nous avons méprisé l'école et les écoles, les rapins, leurs traditions, leurs farces et leurs bals inutilement nudistes. Ensemble nous nous sommes sérieusement amusés ». Les artistes nabis cherchent des voies plus spirituelles au contact de philosophies et de doctrines nouvelles teintées d'Orient, d'orphisme, d'ésotérisme, et de théosophie. Ils s'appliquent à retrouver le caractère « sacré » de la peinture et à provoquer un nouvel élan spirituel par le seul moyen de l'art.
Une fois devenu célèbre, Pierre Bonnard fut connu pour ne pouvoir s’empêcher de retoucher ses toiles une fois celles-ci achetées et exposées dans un musée. Ses amis appelaient ça « bonnarder » ou « bonnardiser ». Un journaliste relate cette attitude devenue visiblement coutumière. « Au musée de Grenoble et au Musée du Luxembourg, il arriva à Bonnard de guetter le passage d'un gardien d'une salle à l'autre, de sortir d'une poche une minuscule boîte garnie de deux ou trois tubes et, d'un bout de pinceau, d'améliorer furtivement de quelques touches un détail qui le préoccupait. Et, son coup fait, de disparaître, radieux, comme un collégien après une inscription vengeresse au tableau noir. »

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vendredi 29 juillet 2022

Willem Kalf (1619-1693) - Nature morte avec Argenterie, Réservoir en Étain et Aiguière en Or

Willem Kalf (1619-1693) Nature morte avec Argenterie, Réservoir en Eain et Aiguière en Or, 1644 Huile sur toile , 103.1 x 81 cm Collection privée (Belgique)

Willem Kalf (1619-1693)
Nature morte avec Argenterie, Réservoir en Etain et Aiguière en Or, 1644
Huile sur toile , 103.1 x 81 cm
Collection privée (Belgique)

Que voit on?  Un grand classique de la Nature morte hollandaise  de l'Age d'Or, aujourd'hui passée dans une collection privée après avoir longtemps été dans les réserves d' un musée.

Rappel biographique : Le peintre néerlandais Willem Kalf est le l'un plus grands peintres de nature morte de son époque. Il travaille à Paris entre 1642 et 1646. Il retourne aux Pays-Bas et vit d'abord à Hoorn, puis s'installe en 1653 à Amsterdam. Ses tableaux où l'on relève les influences flamandes, se composent presque toujours d'objets luxueux tels qu'argenterie, porcelaine chinoise, tapis d'orient, verres précieux et aliments exotiques. Ils ne semblent pas avoir de portée symbolique, mais devaient à l'époque évoquer la richesse de la république hollandaise, la puissance de sa flotte et l'efficacité de son réseau marchand. Ces objets, sont disposés avec sobriété, contrastant avec l'exubérance des natures mortes flamandes. Sa peinture, une pâte nourrie, appliquée généreusement, modèle ces formes larges et parvient à rendre la sensation provoquée par les différentes textures. La qualité de ses œuvres le fait comparer à Johannes Vermeer (1632-1675) pour le velouté des rendus de matières.


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mercredi 27 juillet 2022

Vincent van Gogh (1853-1890) - Nature morte avec Carafe et Citrons


Vincent van Gogh (1853-1890) Nature morte avec Carafe et citrons, 1887 Huile sur toile, 46.5 X 38.5 cm. Van Gogh Museum, Amsterdam.


Vincent van Gogh (1853-1890)
Nature morte avec Carafe et citrons, 1887
Huile sur toile, 46.5 X 38.5 cm.
Van Gogh Museum, Amsterdam.

Que voit on  ? Ce que décrit le titre un carafe d'eau à travers laquelle on peu voir en transparence,  déformé par l'effet loupe des godrons, le papier peint qui recouvre le mur qui sert de fond à la toile. Sept citrons dont deux hors du plat occupent le premier plan.  

 
Rappel biographique : Au début du mois de mars 1886, Vincent rejoint son frère Theo à Montmartre, avec l'envie de s'informer sur les nouveautés de la peinture impressionniste. À l'époque, Theo est gérant de la galerie montmartroise Boussod, Valadon & Cie. Seule la connaissance du milieu artistique parisien peut véritablement permettre à Van Gogh de renouveler et d'enrichir sa vision. Cette année-là est celle de la dernière exposition impressionniste que Vincent découvre, et en 1887 doit avoir lieu la première rétrospective de l’œuvre de Millet. Paris se prépare alors à accueillir plusieurs expositions : en plus du Salon, où sont exposées les œuvres de Puvis de Chavannes, Van Gogh visite les salles de la cinquième exposition internationale à la galerie Georges Petit, qui présente des toiles d'Auguste Renoir et de Claude Monet. Ces derniers n'avaient pas souhaité participer à la huitième et dernière exposition des impressionnistes, qui offrait le spectacle d'un groupe déchiré, entre les défections et les nouvelles arrivées, et ouvrait ses portes à la nouveauté du moment, le néo-impressionnisme, avec la toile de Georges Pierre Seurat, Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte. À Paris dans les années 1886-1887, Van Gogh fréquente un moment l’Académie du peintre Cormon, où il fait la connaissance de Henri de Toulouse-Lautrec, de Louis Anquetin, d’Émile Bernard ainsi que de John Peter Russell. Ce dernier réalise son portrait. Il rencontre également, par l’intermédiaire de son frère, presque tous les impressionnistes, en particulier Georges Seurat et Camille Pissarro, ainsi que Paul Gauguin. Dans la boutique du père Tanguy, il devient l'ami de Paul Signac. Sous l’influence des estampes japonaises, ses compositions acquièrent peu à peu davantage de liberté et d’aisance, tandis qu’il s’essaie à la technique de l’aplat coloré. Pissarro l’initie également aux théories nouvelles sur la lumière et au traitement divisionniste des tons. La palette de l'artiste s’enrichit alors de couleurs vives et sa touche s’anime et se fragmente, ceci grâce également à Signac avec qui il travaille en 1887. Exalté par la ferveur du climat artistique parisien, Van Gogh brûle les étapes de son renouvellement artistique grâce à la fréquentation des peintres les plus anticonformistes du moment : il s'essaye au néo-impressionnisme auprès de Signac et Pissarro, enquête sur les profondeurs psychologiques du portrait avec son ami Toulouse-Lautrec, est précocement informé de la synthèse du cloisonnisme par ses compagnons Louis Anquetin et Émile Bernard, et peut apprécier les toiles exotiques réalisées par Gauguin en Martinique. Régénéré par cette modernité, il est prêt à réaliser son rêve méditerranéen, à la recherche de la lumière aveuglante de la Provence, qui fait resplendir les couleurs pures de la nature, étudiées jusque-là dans sa collection d'estampes japonaises. C'est une période très fertile où son art s'oriente vers l'impressionnisme, mais l'absinthe et la fatigue aggravent son état mental. Le 19 février 1888, il quitte Paris....

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lundi 25 juillet 2022

Frans Snijders (1579-1657) - Nature morte au gibier et aux fruits


Frans Snijders (1579-1657) Stilleven met klein dood wild en vruchten (Nature morte au gibier et aux fruits) Huile sur toile, 57 x 88cm Rijksmuseum


Frans Snijders (1579-1657)
Stilleven met klein dood wild en vruchten
(Nature morte au gibier et aux fruits)
Huile sur toile, 57 x 88cm
Rijksmuseum

Que voit-on ? Encore une somptueuse nature morte au gibier à plumes et à fourrure que notre époque contemporaine condamnera sûrement au nom de la  protection des animaux... et des régimes végétariens, mais qu'il convient de ne pas isoler de l'époque où elle a été peinte pour en apprécier toute la beauté. Pour les âmes sensibles, on attirera l'attention sur la coupe de fruits à droite de la composition avec ses magnifiques raisins, pêches et poires ... On s'attardera aussi sur les figues, les framboises et le asperges à la gauche du cadre,  juste sous le rafraîchissoir à vin en cuivre sculpté, une petite merveille d 'étude des textures (cristal, porcelaine, métaux, verre teinté...). 

Rappel Biographique : Le peintre flamand Frans Snyders ou Snijders fut un élève de Pieter Bruegel le Jeune et de Hendrick van Balen. Spécialisé dans la nature morte Frans Snyders réalisa l'essentiel de son œuvre dans sa ville natale, Anvers. Appartenant à l'important atelier de Rubens, même s'il ne fut pas son élève, il collabora avec lui dans plusieurs tableaux, comme Philopœmène reconnu par ses hôtes (Musée du Prado, Madrid). Il forma aussi lui-même plusieurs élèves, notamment Jan Fyt.
Son œuvre se compose essentiellement de natures mortes et de scènes de chasses, auxquelles il conféra une monumentalité nouvelle. Ses étals de commerçants, notamment de poissonniers  constituent peut-être la partie la plus originale de son répertoire. Ses compositions s'organisent en général autour d'un élément horizontal stable, comme une table, sur laquelle sont exposés des éléments désordonnées. Le foisonnement des objets peut rappeler l'abondance et la prospérité des Flandres au 17e siècle. Sa touche est très proche de celle de Rubens, en jouant sur des empâtements et des glacis dilués.
Snyders exerça une grande influence sur la nature morte française, chez des peintres comme Jean-Baptiste Oudry ou Alexandre-François Desportes.

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samedi 23 juillet 2022

Willem Claeszoon Heda (1594-1680) - Breakfast Table with Blackberry Pie and a berkemeyer lying ont the side

Willem Claeszoon Heda (1594-1680) Breakfast Table with Blackberry Pie and a berkemeyer lying ont the side, 1631 Huile sur panneau de bois, 54 x 8 cm Gemäldegalerie Alte Meister, Dresden


Willem Claeszoon Heda (1594-1680)
Breakfast Table with Blackberry Pie and a berkemeyer lying ont the side, 1631
Huile sur panneau de bois, 54 x 82 cm
Gemäldegalerie Alte Meister, Dresden

Que voit on ?  incontestablement un des plus grands chefs-d'œuvres de l'âge d'or de la nature morte hollandaise. Les natures mortes dites «ontbijtjes» c'est a dire du petit-déjeuner définisse les tableaux  représentant un repas léger qui pouvait être pris à n'importe quel moment de la journée. Elles représentent une table avec un chemin de table et une nappe en damas blanc soigneusement repassée dont les plis, quelles que soient les lois de la perspective, se dirigent  en lignes parallèles vers le fond du tableau. L'angle de vue choisi pour la peinture est relativement élevé par rapport au niveau de l'œil,  apparemment pour permettre une meilleure vue d'ensemble des objets, qui sont disposés côte à côte, ou en cercle, ne se touchant ou ne se chevauchant presque jamais. Les  récipients à boire  tous extrêmement précieux et les textiles raffinés montrent très clairement qu'il s 'agit ici de l'intérieur d'un ménage très  privilégié. Au début des années 1630, Heda place la nappe blanche sur le bord gauche ou droit de la table, de sorte que le milieu de la table n'est pas recouvert et n'est plus symétrique. Dans les «banketjes» (pièces de banquet) suivantes, la nappe est de plus en plus écartée, jusqu'à ce qu'elle soit carrément froissée. Alors que pendant un certain temps la nourriture était présentée comme presque intouchable, précieuse et juste là pour être regardée, des traces de consommation apparaissent désormais. Les objets ne sont plus simplement destinés à incarner des valeurs statutaires, mais deviennent des témoignages d'actes spontanés, de vie. Et jsutement ici,  un verre brisé à gauche du cadre, souligne l'élément Memento mori (Souviens toi que tu vas mourir) inhérent à toute nature morte digne de ce nom, depuis l'Antiquité romaine. 

Rappel biographique : Le peintre néerlandais Willem Claeszoon Heda qui signait de son prénom "Claez" ce qui engendre souvent des confusions avec un autre peintre de nature morte Pieter Claesz, fut un peintre spécialisé dans la peinture exclusive de natures mortes. Il travailla toute sa vie à Haarlem où il fut le président de la célèbre Guilde de Saint Luc. Sa peinture montre son excellence dans le rendu des reflets et dans la qualité de la reproduction de la surface des objets. Les natures mortes de Heda ont souvent une composition en forme de triangle, dans laquelle les objets les plus hauts sont placés sur un côté. Il utilise assez peu de couleur dans ses peintures qui semblent presque être des monochromies. Il réutilise souvent les mêmes objets d'un tableau sur l'autre. Récipients en argent, coûteux verres de Venise, Nautiles, verres Rummer, verres Berkemeyer intensifient les contrastes entre les aliments sur fond clair obscur. Les tableaux de l'artiste furent le plus souvent des huiles exécutées sur panneau de bois, plus rarement sur toile. On peut déceler dans ses œuvres d’avant 1635, l’influence de Pieter Claesz (ainsi que de Floris Van Dyck (1575-1651). Après 1640 les compositions de Heda s'agrandissent, deviennent plus riches, plus décoratives, telle la nature morte exposée au Musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg. Dès cette époque, Heda abandonne le format horizontal qu'il utilisait traditionnellement pour le vertical.

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jeudi 21 juillet 2022

Wayne Thiebaud (1920-2021) - Hat Rack, 1999



 
 

Wayne Thiebaud (1920-2021)
Hat Rack, 1999
Crocker Art Museum, Sacramento 

Que voit on ?  Une nature morte aux chapeaux soigneusement rangés sur un présentoir en métal chromé  digne de la vitrine plus  grands magasins de mode de  New-York. Quatre chapeaux de femmes sur ce présentoir couronnés par un cinquième d'allure masculine mais qui n'est autre qu'un panama à très larges bords pour dame. 

Rappel biographique : Le peintre américain d'origine Wayne Thiebaud, dont une célèbre toile avait été publiée au début de ce blog en 2014, est un artiste discret, de plus en plus considéré comme un des artistes majeurs du 20e et 21e siècle aux Etats-Unis.
Le travail de Wayne Thiebaud se caractérise par des peintures d'objets alimentaires de grande consommation, comme des pâtisseries, vues dans des cafétérias. Les experts se sont souvent demandés en examinant l'œuvre de Thiebaud s'il n'avait pas passé beaucoup de temps dans l'industrie agro-alimentaire pour se familiariser avec son sujet ? Et en effet c'est exactement ce qu'il a fait en ayant comme premier emploi un job de serveur à Long Beach, dans le café « Mile High and Red Hot » (Glace et hot-dog). Cet intérêt pour les objets du quotidien, confondus ensuite avec ceux de la culture de masse, associa son nom au mouvement du Pop-Art. Cependant, une fois réduit le tapage médiatique autour du pape du pop art (Andy Warhol), on remarqua - non sans stupeur - que les œuvres de Wayne Thiebaud, effectuées dans les années 50 et 60 étaient légèrement antérieures à celles des autres artistes de cette tendance... de là à lui attribuer une influence définitive comme précurseur de ce mouvement, il n'y avait qu'un pas qui, aujourd'hui, est franchi avec justesse.
Outre les pâtisseries, Wayne Thiebaud a également peint des paysages, des rues, ainsi que des personnages populaires, comme Mickey. Certaines de ses toiles récentes, comme Sunset street (1985) ou Flatland river (1997) sont remarquables pour le traité hyper réaliste, et se rapproche du travail d'un Edward Hopper, qui était tout aussi fasciné par ces scènes du quotidien américain.
Dans sa peinture, Wayne Thiebaud se concentre sur la banalité de façon à suggèrer l'ironie et la distance vis-à-vis de son sujet. Wayne Thiebaud se considère comme un peintre, mais paradoxalement pas comme un artiste. C'est un lecteur vorace, qui a l'habitude de lire de la poésie, celle de son poète préféré William Carlos Williams par exemple, à ses élèves.
En septembre 2010, alors qu'il fêtait son 90e anniversaire, Wayne Thiebaud réalisa un dessin pour le 12e anniversaire de Google qui l'afficha sur sa page d'accueil. Le dessin était exécuté dans le style bien reconnaissable de Wayne Thiebaud, et montrait un gâteau sur lequel est écrit Google et où le "l" était remplacé par une bougie. Il est décédé à l'âge de 101 ans, en décembre 2021

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mardi 19 juillet 2022

Richard Diebenkorn (1922-1993) - Table and Folding Chair


Richard Diebenkorn (1922-1993), Table and Folding Chair, 1962 Oil on canvas, 72 x 99 cm Private collection (Christie's)



Richard Diebenkorn (1922-1993),
Table and Folding Chair, 1962
Oil on canvas, 72 x 99 cm
Private collection (Christie's)

Que voit on ? Une table servant de bureau et  dans l'intérieur de laquelle on aperçoit des livres ; une chaise pliante sur laquelle repose une planche à repasser. A l'extrême droite du cadre : unv isage peint sur une toile posée au sol ou surgissant peut être d'un magazine, attire le regard...  

Rappel biographique : Richard Diebenkorn est un peintre américain du 20e siècle dont le style oscille entre l’abstrait et le figuratif en fonction des périodes qu’il a traversées. Après une première exposition au California Palace of the Legion of Honor à San Francisco en 1948, ses débuts sont associés à l'expressionnisme abstrait et à l'Ecole de San Francisco, mouvement figuratif des années 1950-1960. De 1955 à 1966, il vit à Berkeley (Californie), change de style et devient un peintre figuratif important, dans un genre qui réunit à la fois la manière de Henri Matisse qu’il admire et l'expressionnisme abstrait. Diebenkorn, Elmer Bischoff, Henry Villierme, David Park, James Weeks participent ensemble à une renaissance de la peinture figurative, qu'on appelle l'École de San Francisco (Bay Area Figurative Movement). En 1967, Diebenkorn s'installe à Santa Monica et devient professeur à UCLA. Il installe son atelier dans le même immeuble que son vieil ami Sam Francis. Pendant l'hiver 1966-1967, il revient une nouvelle fois à l'abstraction, cette fois avec une vision très personnelle, un style géométrique qui se démarque clairement de ses débuts de la période expressionniste abstraite. La série Ocean Park, qu’il commence en 1967 se poursuit pendant les dix-huit années suivantes. Elle est devenue la partie de son œuvre la plus célèbre aujourd’hui. Elle se compose d'environ 135 peintures. Basées sur le paysage vu depuis la fenêtre de son atelier, ses compositions abstraites à grande échelle sont nommées d'après une communauté de Santa Monica où il a eu un temps son atelier. A la même époque, il peint aussi ce qu’il appelle des found still life, c’est à dire des toiles d’après ce qu’il trouve sur sa table sans rien retoucher à l’arrangement qu’il voit.
La première rétrospective importante de son oeuvre a eu lieu à la Albright–Knox Art Gallery а Buffalo en 1976 et 1977. En 1989, John Elderfield, conservateur au MOMA (New York) organise une exposition d’oeuvres de Diebenkorn sur papier, qui constitue d’ailleurs la partie la plus prolifique de sa production.
En 2012, l'exposition Richard Diebenkorn : The Ocean Park Series, organisée par Sarah C. Bancroft, a lieu simultanément à la Corcoran Gallery of Art, à l'Orange County Museum of Art et au Forth Worth Museum of Modern Arts de Washington.


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dimanche 17 juillet 2022

Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) - Nature morte au faisan dans la neige


Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) Nature morte au faisan dans la neige Huile sur toile, 49 × 64 cm Collection privée



Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)
Nature morte au faisan dans la neige
Huile sur toile, 49 × 64 cm
Collection privée

Que voit on ? Un faisan, oiseau au plumage  somptueusement coloré  mais qui ne lui sert pas à voler très haut. Le faisan  important de Chine  en Europe il y a plusieurs  siècles  est devenu un animal  d 'élevage. Dans une nature morte, il ne peut donc être que mort, ce qui ne choquait guère au début du 20e siècle mais qui semble choquer énormément au début du 21e. L'opportunité en tout cas pour Renoir d'une étude de coloris où l'on notera ,entre autres, que le blanc de la neige n'est jamais blanc... comme chez Monet ! 


Rappel biographique : L'un des plus célèbres peintres français, Pierre-Auguste Renoir, membre éminent s'il en est du mouvement impressionniste a peint beaucoup de natures mortes, comme l'ensemble des impressionnistes d'ailleurs qui ont participé au renouveau de ce genre vieux de plus de 3000 ans. La dernière toile qu'il aurait voulut peindre serait une nature morte florale. Sur son lit de mort, Renoir aurait demandé une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l'infirmière, il aurait déclaré : « Je crois que je commence à y comprendre quelque chose ». Les mauvaises langues ajoutant généralement : " Il était temps ".
 
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vendredi 15 juillet 2022

René Magritte (1898-1967) - The Survivor ( Le Survivant)

René Magritte (1898-1967) The Survivor ( Le Survivant),1950 Oil on canvas 80 × 60.3 cm Menil Collection, Houston, Texas.



René Magritte (1898-1967)
The Survivor ( Le Survivant),1950
Oil on canvas 80 × 60.3 cm
Menil Collection, Houston, Texas. 


Que voit on ?  Un fusil ensanglanté et laissant dégouliner le sang adossé contre des lambris parfaitement peints en beige, et reposant sur la parquet  d'un appartement bourgeois ou d'un château. Le papier peint au-dessus du lambris, quant à lui, compte fleurette.   Mai,  me direz vous,  depuis quand la représentation d'un fusil adossé contre un mur peut elle eêre  considérée comme une nature morte ? Et bien depuis Magritte justement !

Rappel Biographique : René-François-Ghislain Magritte, est un peintre surréaliste belge et sans doute l'un des plus grands peintres du 20e siècle. La peinture de Magritte s’interroge sur sa propre nature, et sur l’action du peintre sur l’image. La peinture n’est jamais une représentation d’un objet réel, mais l’action de la pensée du peintre sur cet objet. Magritte réduisait la réalité à une pensée abstraite rendue en des formules que lui dictait son penchant pour le mystère : « Je veille, dans la mesure du possible, à ne faire que des peintures qui suscitent le mystère avec la précision et l’enchantement nécessaire à la vie des idées », déclara-t-il. Son mode de représentation, qui apparaît volontairement neutre, académique, voire scolaire, met en évidence un puissant travail de déconstruction des rapports que les choses entretiennent dans la réalité. Magritte excelle dans la représentation des images mentales. L’élément essentiel chez Magritte, c’est son dégoût inné de la peinture plastique, lyrique, picturale. Magritte souhaitait liquider tout ce qui était conventionnel. « L’art de la peinture ne peut vraiment se borner qu’à décrire une idée qui montre une certaine ressemblance avec le visible que nous offre le monde » déclara-t-il. La réalité ne doit certainement pas être approchée sous l’angle du symbole.

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mercredi 13 juillet 2022

Fernand Léger (1881-1955) - Nature morte aux instruments de musique, 1926


Fernand Léger (1881-1955), Nature morte aux instruments de musique, 1926 Collection privée


Fernand Léger (1881-1955),
Nature morte aux instruments de musique, 1926
Collection privée 

 Que voit on ? J 'imagine le casses tête pour les visiteurs d'une exposition de l'entre-deux guerres exposant cette œuvre, essayent de déceler de quels instruments de musique sotn contenus dans cette représentation cubiste  ?   Guitare ? Violoncelle ? Flûte ? Trombone ? Eh bien oui : Bingo !


Rappel Biographique : le peintre français Fernand Léger fut aussi créateur de cartons de tapisseries et de vitraux, décorateur, céramiste, sculpteur, dessinateur, illustrateur. Il a été l’un des premiers à exposer publiquement des travaux d’orientation cubiste. Cet amoureux du modernisme, du machinisme et de l'industrie, va peindre énormément de natures mortes tout au long de sa carrière. Déjà remis au goût du jour par les cubistes, "le genre traditionnel de la nature morte est réinterprété par Léger par le biais de sa théorie de l’objet. Tandis que les surréalistes l’intègrent à leurs œuvres pour sa charge symbolique, lui l’utilise comme point de départ d’une formulation plastique. La nature morte sert de prétexte à l’affirmation radicale de la valeur plastique de l’objet" 

(voir texte de référence :« Un nouveau réalisme, la couleur pure et l’objet », extrait d’une conférence au MoMA, New York, 1935).
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lundi 11 juillet 2022

Felix Vallotton (1865-1925) - Pommes

Felix Vallotton (1865-1925) Pommes Huile sur toile, 1915 Collection privée



Felix Vallotton (1865-1925)
Pommes
Huile sur toile, 1915
Collection privée 


Que voit-on ? Des pommes...  non pas sur une nappe mais dans une nappe, car il semble bien que la nappe soit ici dépliée sur la table pour y poser son contenu : les pommes. Peinte en pleine Première guerre mondiale,  il émane de cette nature morte au sujet extrêmement simple, dépouillé même, quelque chose d'à la fois tragique et pourtant plein d'espoir.  Comment expliquer cela ?   Il se peut qu'il n'y ait pas dr'autres explications que le génie de Valotton.

Rappel biographique : Félix Vallotton, peintre d'origine suisse naturalisé français en 1900, est un artiste à cheval sur deux siècles, deux pays et plusieurs tendances esthétiques, des Nabis à la Neue Sachlichkeit (Nouvelle Objectivité). S'il est aujourd'hui moins connu en France qu'en Suisse, c'est pourtant à Paris, dans les années 1890, que ses gravures sur bois novatrices lui ont valu une renommée qui s'est rapidement étendue à l'Europe entière. Tout au long de sa vie le " Nabi étranger ", comme il était surnommé, s'est intéressé à une gamme étendue de sujets récurrents - intérieurs, toilettes, nus féminins, paysages, natures morte, rendus étranges par son style lisse et froid, aux couleurs raffinées, aux découpages et aux cadrages audacieux. Et bien qu'il ne fût pas toujours compris par la critique de son temps, Vallotton a su s'imposer comme une figure en vue de la scène artistique parisienne et trouver sa place dans le courant moderne, notamment en participant à de nombreuses manifestations internationales d'avant-garde devenues mythiques. C'est surtout à partir de 1910, que Félix Vallotton s’intéresse au genre de la nature morte et le transforme dans chacune de ces toiles.

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samedi 9 juillet 2022

Giovanna Garzoni (1600-1670) - Bol en porcelaine contenant des Figues et avec Oiseau et Cerises

Giovanna Garzoni (1600-1670), Bol en porcelaine contenant des Figues et avec Oiseau et Cerises, 1651 Tempera sur papier Palazzo Pitti, Firenze



Giovanna Garzoni (1600-1670)
Bol en porcelaine contenant des Figues et avec Oiseau et Cerises, 1651
Tempera sur papier, 26 x 38 cm
Palazzo Pitti, Firenze

Que voit-on ? Ou l'on s'aperçoit que  Giovanna Garzoni n'a attendu ni Georgia O 'Keeffe ni Frida Kahlo pour oser le rapprochement entre les fruits et les organes sexuels, et ce dès le 17e siècle. L'oiseau picorant avec application la figue ouverte restant un moment des plus suggestifs ! 

 
Rappel biographique : Giovanna Garzoni est sans aucun doute l'une des plus extraordinaires peintres de nature morte de l'Ecole Napolitaine, non seulement par sa façon de peindre (par petites touches rapprochées immédiatement identifiable) et par les supports sur lesquels elle a peint (toujours des petits formats sur parchemin ou papier) que par l'immense célébrité qu'elle acquit de son vivant, faisant d'elle, l''une des peintres les plus adulées et les plus demandées de son époque. Après un premier séjour à Venise entre 1625 et 1630, où ses premières œuvres la font immédiatement remarquer de quelques grandes familles de la ville, elle commence très rapidement à travailler pour les grandes cours d'Italie. A Rome, elle reçoit des commandes de la famille Colonna. A Naples, elle entre au service du vice-roi. Entre 1632 et 1637, elle est employée par Victor-Amédée Ier de Savoie.... Toutes les cours de la péninsule se l'arrachent et veulent posséder ses œuvres.
Giovanna Garzoni passe d'une cour à l'autre, consciente de sa valeur et de son succès et travaillant toujours pour le plus offrant !
Entre 1642 et 1651, on la retrouve comme peintre de la prestigieuse cour grand-ducale de Florence, où elle restera le plus longtemps, forte de l'infaillible soutient et de l'admiration (presque sans limite) d'une bonne partie de la famille Medicis Le grand-duc Ferdinand II de Medicis et son épouse Vittoria della Rovere, son cousin le prince Laurent, et les cardinaux Carlo, Giovancarlo et Leopoldo, furent ses grands admirateurs, et ses soutiens constants, à tel point que les galeries florentines conservent encore aujourd'hui un nombre considérable de ses œuvres. Bien après avoir quitté la cour Florentine pour retourner à Rome en 1650, elle continue à travailler pour elle, comme si un lien indéfectible les liait. C'est ainsi qu'entre 1650 et 1670, sur commande de Ferdinand II de Médicis pour la Villa di Poggio Imperiale, elle exécuta vingt petits natures mortes absolument exquises qui restent parmi les plus belles de son époque ; plusieurs sont aujourd'hui conservées au Palais Pitti à Florence. En 1666, Giovanna Garzoni, sans enfants, légua toute sa succession à l'association romaine de peinture Accademia di San Luca, à condition que celle-ci lui fasse construire un tombeau dans l'église Santi Luca e Martina. On peut toujours voir aujourd'hui ce monumental tombeau, oeuvre de Mattia de Rossi, à la droite de l'entrée de cette église.
Largement autodidacte, il est probable que Giovanna Garzoni ait été influencée par plusieurs de ses contemporains à commencer par la peintre Fede Galizia mais aussi sans doute par le napolitain Giovanni Battista Ruoppolo ou par Jacopo Ligozzi (présent dans les collections grand-ducales florentines). Outre ses natures mortes, elle fut aussi l'auteur d'illustrations botaniques, de petits portraits, de copies de tableaux, privilégiant toujours la technique de la détrempe sur parchemin et les petits formats.

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jeudi 7 juillet 2022

Giorgio Morandi (1890-1964)- Aquarelle 3


Giorgio Morandi (1890-1964) Aquarelle 3 Collection privée



Giorgio Morandi (1890-1964)
Aquarelle 3
Collection privée

Que voit-on ? Tout en privilégiant la représentation des formes, jusqu'à projeter leurs ombres sur le fond,  Morandi tend vers l'abstraction.

Rappel biographique : Le peintre italien Giorgio Morandi bien que qualifié de futuriste ne peut être identifié à aucun mouvement pictural du 20e siècle en particulier. Ayant peint de très nombreuses natures mortes, l’œuvre de Cézanne représente évidemment une influence majeure pour lui ; il lui emprunte la monumentalité des formes et les zones denses de couleurs. Mais simultanément, il développe une approche beaucoup plus intime de l’art. Les natures mortes de Giorgio Morandi représentent des objets toujours ordonnés avec soin sur une table dans l'atelier, pour être observés et peints. Ces objets qu'il a lui même achetés chez des brocanteurs, qui lui ont été donnés par des amis ou qu'il a ramassés dans la rue, sont facilement identifiables de toile en toile ; ce sont des bouteilles, cubes, entonnoirs auxquels viennent se mêler, à l'occasion mais rarement, un coquillage ou un fruit ou d'autres éléments plus incongrus (savons, blocs de bois... ). Le positionnement des objets dans le cadre est réalisé avec une attention particulière portée à la " géométrisation" de l'espace qui peut alors se lire en carrés et diagonales. Un lent travail de maturation est mis en œuvre par le dessin et la peinture par reprises successives, superpositions de couleurs faites d'une pâte ample avec des dégradés de gris d'une extrême sensibilité, qu'amplifie une sorte de délectation morose.

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mardi 5 juillet 2022

Herman Berserik (1921-2002) - Trommelen brood

Herman Berserik (1921-2002) Trommelen brood Collection particulière


Herman Berserik (1921-2002)
Trommelen brood
Collection particulière

Que voit on ? une mise en scène très théâtrale de deux miches de pain dont l'une ressemble à un cerveau,    sur fond (très surréaliste) de mallette assez malmenée ! Une inscription, comme définissant un dimension est inscrite dans la peinture, à l'envers...


Rappel biographique : Hermanus ou Herman Berserik (1921 - 2002) fut un peintre, illustrateur, imprimeur, réalisateur de documentaire et décorateur de théâtre néerlandais, membre du Pulchri Studio à La Haye en 1963. Il a étudié l'art à la Royal Academy of Art de La Haye, avec Willem Schrofer, Willem Jacob Rozendaal et Rein Draijer. De 1951 à 1958, il fut membre du groupe Verve. Entre 1958 et 1978, il enseigna à l'Académie Royale des Beaux-Arts. Il a également été membre de la Fédération des artistes plasticiens professionnels à Amsterdam.
Berserik a beaucoup travaillé sur commande : affiches, petits tirages et illustrations de publicité notamment pour la compagnie Philips, le PTT (Poste royale néerlandaise) et la compagnie aérienne KLM. Il a aussi réalisé plus de 300 couvertures et illustrations de livres.
En 1959, il réalise un film d'animation sur la construction des Delta Works, en commande des autorités de gestion de l'eau. Entre 1953 et 1976, il a conçoit des costumes et des scènes pour huit productions théâtrales différentes. Berserik a réalisé plus de 1500 peintures, portraits, natures mortes, villes et paysages marins. Il a également participé à des réalisations architecturales, en apposant des mosaïques, des bas reliefs et des peintures murales dans le quartier de La Haye où il a passé sa jeunesse. De 1952 jusqu'à sa mort, il a vécu dans une ancienne cabane de jardiniers (construite en 1806) du domaine "De Voorde" à Rijswijk.
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dimanche 3 juillet 2022

John Stewart (1919-2017) - Two figs, Two Nuts,


John Stewart (1919-2017) Two figs, Two Nuts, 1975. Tirage photographique Collection privée


John Stewart (1919-2017)
Two figs, Two Nuts, 1975
Tirage photographique
Collection privée

 Que voit-on ?  Exactement ce que le titre décrit; posés sur un linge blanc déplié dont on aperçoit les plis et qui est très inspiré des natures mortes espagnoles des 16 et 17e siècle, un référence très fréquente dans l'œuvre de ce photographe. 

Rappel biographique : John Stewart est né à Londres en 1919 puis a été élevé à Paris. En 1951, sa rencontre avec Henri Cartier-Bresson, lors de l’inauguration de la Chapelle de Matisse à Vence marque  «l’instant décisif» de sa vie de photographe. Il se remettait alors de six années de guerre dans l’armée britannique, dont trois ans et demi dans des camps de prisonniers japonais en Thaïlande sur la Rivière Kwai.  II devait sa survie à l’apprentissage de la langue japonaise, qui lui permit d'acquérir le statut de prisonnier-interprète, moins pénible que celui de manœuvre. Son endurance morale, sa résilience, même se résume dans ce conseil :  " Quoique qu’il se passe, ne jamais perdre l’émerveillement d’être en vie et toujours rester en mesure de se dire, aujourd’hui j’ai vu ou senti ceci, que je n’aurais jamais pu connaître auparavant ".  Avant le milieu des années 50, fort de sa passion pour la photographie, il part s'installer à New York où il devient rapidement, aux côtés de Richard Avedon et d’Irving Penn, l’un des collaborateurs d’Alexey Brodovitch pour le prestigieux magazine de mode Harper’s Bazaar. Puis c'est la revue Fortune qui fait appel à lui et lui permet de photographier des personnalités aussi diverses qu'Andy Warhol ou Muhammnad Ali. Dans les années 50 toujours, à la demande de Diana Vreeland et d’Alex Liberman,  il travaille plusieurs années pour un autre grand magazine de mode, celui de de Condé Nast cette fois ci, Vogue, dont c'est véritablement dans ces années là, la période d'or.
Une deuxième aventure asiatique s'offre à lui quand on lui propose le poste de conseiller technique pour le film Le Pont sur la Rivière Kwai tourné au Sri Lanka. C’était le début de nombreux voyages en Asie – une année entière au Ladakh, la remontée de la Rivière Kwai et l’entrée en Birmanie avec les « guerilleros », deux mois dans une province du Tibet interdite aux étrangers, et en 1996 l’établissement d’une organisation caritative (ONG) avec Michèle Claudel au Cambodge.
En 1976, après 20 années de photographie de reportage, de mode et de publicité aux Etats-Unis et en France, John Stewart change de braquet et décide de développer un travail plus personnel.
De retour en France, tournant résolument le dos à la photographie en couleur qui fit sa réputation dans les magazines, il se passionne pour la nature morte et devient un maître du noir et blanc et des tirages d’art avec l’aide de la famille Fresson, dont la technique de tirage au charbon contribue largement au rendu unique de ses natures mortes. Le tirage au Charbon a été élaboré en 1890 par Michel Fresson. qui  utilisait, comme pigment, le pied de vigne calciné plutôt que les sels d’argent, base de toute la photographie jusqu’à l’arrivée du numérique.  Sa pratique requiert un long travail (trois jours pour sortir un tirage 60x80 cm), et une étroite collaboration entre le photographe et  le tireur pour arriver à un résultat d’une résonance et d’une richesse caractéristiques du “charbon”. Ces tirages qui ne sont pas sensibles aux rayons ultra-violets et qui sont stables en dépit de leur exposition au soleil, dépendent en revanche énormément du “coup de main” et des conditions météorologiques, si bien il est impossible d’obtenir une constance absolue. C'est ce qui rend chacun de ces tirages unique. A partir de ce moment là, pour John Stewart, les expositions se succèdent rapidement : la première à NewYork, la deuxième à la Bibliothèque Nationale de France à Paris, en 1976,  puis son travail est montré à Genève, Shanghai, Hong Kong, Londres...  Le Metropolitan Museum de New York à été le premier musée à lui acheter des tirages. Les oeuvres de John Stewart sont désormais exposées dans plus de 60 musées et galeries dans le monde. En 2004, Jan Krugier a présenté ses images à la FIAC et la Galerie Acte 2 a organisé une rétrospective de son œuvre en 2008. Il a également été exposé en 2009 à la Galerie Pia Pierre à Shanghaï, à la Galerie Binôme, au Art Fair de San Francisco, à Art Basel Miami et à Genève en 2010. La même année, la Gallery Tristan Hoare de Londres lui a organisé une rétrospective. Il a également exposé en 2014 à la Galerie Anne Clergue à Arles une série de " Véroniques" qui sont une référence directe à l'œuvre de Zurbaran.
 
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vendredi 1 juillet 2022

William John Wainwright (1855–1931) - Still life with Hollyhocks and Ivy

William John Wainwright (1855–1931) Still life with Hollyhocks and Ivy, 1851 Courtesy Julian Simon Fine Art.

William John Wainwright (1855–1931)
Still life with Hollyhocks and Ivy, 1851 Oil on canvas,
Courtesy Julian Simon Fine Art, London

Que voit on ?   Une  nature morte de fleurs coupées et déposées au sol sur fond de paysage vallonné et orageux. Alors que ce peintre avait une prédilection pour la peinture des champignons, il peint ici des roses trémières (peu fréquemment traitées dans les natures mortes) et du lierre, les parsemant d'insectes nobles : une abeille à gauche, un papillon à droite.


Rappel biographique : William John Wainwright  fut un peintre qui passa la majeure partie de sa vie à Birmingham, en Angleterre., mais dont la notoriété rayonna bien au-delà de cette ville industrielle. Wainwright s'est formé à la Birmingham School of Art sous la direction d' Edward R. Taylor et a commencé sa carrière comme apprenti dans la firme de vitraux Hardman & Co. En 1879, Wainwright a fondé le Birmingham Art Circle avec quatre autres artiste sdont  Walter Langley. Wainwright a fait partie de la Royal Birmingham Society of Artist s(RBSA) pendant 50 ans jusqu'à sa mort en 1931.  

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mercredi 29 juin 2022

Yves-Brayer (1907-1990) - Nature morte espagnole

Yves-Brayer (1907-1990) Nature morte espagnole. Collection privée

Yves-Brayer (1907-1990)
Nature morte espagnole
Collection privée


Que voit on ? La panoplie dûment détaillée du Matador, banderillas comprises, avec le squelette d'une tête de taureau, le verre de Manzanille, la cruche d'eau, deux habits de lumière et la muleta faite d'un drap de serge rouge monté sur bâton, réservé à l'usage exclusif du matador pendant la faena. Une vison de l'Espagne un peu caricaturale mais qui a le mérite de poser le sujet de façon immédiate, l'une des particularités du talent d'illustrateur de Brayer.

Rappel biographique : Yves Brayer est  est un peintre, graveur, illustrateur et décorateur de théâtre français. Fidèle à la tradition de l'art figuratif, il est l'un des maîtres de l'École de Paris. Utilisant une grande variété de techniques, il est l'auteur d'une abondante production de paysages mais aussi de grandes compositions, figures et natures mortes.
Son goût pour le graphisme l'entraîne  à pratiquer la technique de la gravure sur cuivre et de la lithographie. Ainsi, il réalise de nombreuses estampes et illustre des livres à tirage limité sur des textes de Blaise Cendrars, Henry de Montherlant, Baudelaire, Paul Claudel, Jean Giono, Frédéric Mistral, Marcel Pagnol, etc... Yves Brayer est aussi l'auteur de décorations murales, de cartons de tapisseries, de maquettes de décors et de costumes pour le Théâtre-Français, et les opéras de Paris, Amsterdam, Nice, Lyon, Toulouse, Bordeaux ou Avignon.
Ses expositions particulières ont rendu ses œuvres familières dans de nombreux pays : à Paris tout d'abord puis en France, en Europe et aux États-Unis. En 1977, la Bibliothèque nationale de France organise une exposition « Yves Brayer, Graveur » pour son soixante-dixième anniversaire, et le musée de La Poste à Paris lui consacre une exposition de ses œuvres lors de la parution du timbre en 1978. Le musée Marmottan lui rend hommage en 1993 et le musée des Années Trente à Boulogne-Billancourt célèbre son centenaire en 2008.
En 1960 est ouvert le premier musée Yves-Brayer dans la salle d'honneur de la mairie de Cordes-sur-Ciel. Depuis 2006, ces œuvres font partie des collections du nouveau musée d'art moderne et contemporain situé dans la belle maison gothique dite « du Grand Fauconnier », aux côtés d'œuvres de Picasso, Léger et autres, issues de la donation André Verdet. Enfin un musée Yves Brayer est inauguré en 1991 aux Baux-de-Provence dans une demeure de la fin du 16e siècle, proche de la chapelle des Pénitents Blancs qu'il avait décorée quelques années plus tôt.

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lundi 27 juin 2022

William Michael Harnett (1848-1892) - Still life with tobacco, newspaper and pipe

William Michael Harnett (1848-1892) Still life with tobacco, newspaper and pipe,  1870 Oil on canvas, 20 x 30cm. The Metropolitan Museum of Art, New York

William Michael Harnett (1848-1892)
Still life with tobacco, newspaper and pipe,  1870
Oil on canvas, 20 x 30cm.
The Metropolitan Museum of Art, New York  

 

Que voit on ?   Décrit avec un réalisme qui rivalise avec la précision photographique, une poche d'un kilo de tabac, trois allumettes dont une à moitié cachée sous un journal dont on pourrait presque lire chaque ligne si les quelques grains de tabac égarés sur le papier ne nous en empêchaient....

Rappel Biographique : Le peintre américano-irlandais William-Michael Harnett est connu pour ses natures mortes en trompe-l'œil faites à partir d'objets du quotidien au sens large puisque l'on y trouve aussi bien des livres que des ustensiles de bureau, de cuisine, des attributs de chasse ou des instruments de musique folklorique. et même quelquefois - à ses dénbuts - des fruits et des fleurs . Il se situe, dans ce sens, dans la tradition des grands peintres de trompes l'oeil et de natures mortes hollandais du 17e siècle et de Pieter Claesz en particulier. Beaucoup d'autres peintres américains se sont engouffrés dans cette tendance à la suite de William-Michael Harnett, comme Raphaelle Peale ou John Peto, mais il en demeure le représentant le plus spectaculaire et le maître incontesté.

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samedi 25 juin 2022

Pierre Dupuis (1610-1682) - Panier de Prunes

Pierre Dupuis (1610-1682) Panier de Prunes, 1640 Huile sur toile, 52x62 cm Musée Jeanne d'Aboville, La Fère France



Pierre Dupuis (1610-1682)
Panier de Prunes, 1640
Huile sur toile, 52x62 cm
Musée Jeanne d'Aboville, La Fère France

Que voit on ? Ce que décrit le titre. Une très grande précision dans le rendu des textures.Un classique de la nature morte. 

Rappel biographique  : Le peintre français Pierre Dupuis est un spécialiste de natures mortes qui appartient à l'âge d'or de la nature morte française du 17e siècle. C'est en Italie qu'il rencontre Pierre Mignard avec lequel il se lie avant d'entrer à l'Académie en 1663, où il apprend la plupart de ses connaissances en art. Son style est marqué par les peintres de l’Europe du Nord et la rigueur de la religion protestante. Ainsi, ses célèbres peintures de paniers de fruits ou de de bouquets sont influencées par les styles de Jacques Linard (1597-1645) ou de Louyse Moillon (1610-1696). 
Le rendu précis de ses tableaux avec leur composition solides et sobres - presque monumentale - qui leur confère un certain mystère, en a fait un artiste apprécié de son vivant et l'un des plus grands représentants de la nature morte en France au 17e siècle. Si les natures mortes de Dupuis, par la simplicité de leur agencement, s'apparentent à la vérité et à la rigueur des natures mortes septentrionales, il annonce aussi étonnamment les natures mortes du 18e siècle, qu'il s'agisse de celles de François Desportes, de Nicolas de Largillière, de Jean-Baptiste Oudry, ou des plus célèbres d'entre elles, celles de Chardin.
On retrouve les œuvres  de Pierre Dupuis dans plusieurs musées de France dont le musée du Louvre. 

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jeudi 23 juin 2022

Yu Fei'an /于非闇 (1888-1959) - Pivoines de la Prospérité


                                     Yu Fei'an /于非闇 (1888-1959) Pivoines de la Prosperité, 1949 Encre et couleurs sur papier Collection Privée


Yu Fei'an /于非闇 (1888-1959)
Pivoines de la Prosperité, 1949
Encre et couleurs sur papier
Collection Privée

Yu Fei'an est né à Pékin sous le nom de Yu Zhao. Au début de sa carrière, il a travaillé comme journaliste mais s'est rapidement tourné vers l'art. Son premier professeur fut l'artiste Wang Runxuan. Cependant, le style très élégant et méticuleux pour lequel il s'est fait connaître a été appris en copiant et en étudiant d'anciens chefs-d'œuvre de la collection impériale du Musée du Palais, où Yu Fei'an a commencé à travailler en 1935. Le raffinement et la sophistication des peintures des maîtres de la dynastie Song tels que Ma Yuan, Tang Di ou d'autres artistes de cour transparaissent très nettement dans les peintures de Yu. Son adoption du style calligraphique distinctif « or mince », qui est le plus étroitement associé l'éminent collectionneur impérial Song Huizong, est particulièrement frappante. Fortement redevable au travail des maîtres du passé, Yu Fei'an, Cependant, modernise et personnalise ses peintures avec son utilisation de pigments minéraux ressemblant à des bijoux, souvent largement appliqués, et une forte sensibilité graphique. De plus, il n'hesite pas a s inspirer directement des marchés locaux et  de son propre jardin.



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mardi 21 juin 2022

Pierre Tal Coat (1905-1985) - Nature morte aux fruits



Pierre Tal Coat (1905-1985) Nature morte aux fruits Collection privée


Pierre Tal Coat (1905-1985)
Nature morte aux fruits
Collection privée

Que voit on ?   Une nature morte aux raisins blancs et noirs, avec un coupe de vin sur laquelle figure une frise.  Les couleurs sont éclatantes,  ce qui est souvent  le cas chez Tal Coat, signe d'un enthousiasme inattendu ou plutôt d'une nouvelle ivresse à l'aube d'un été naissant ... ou de la fin d'une guerre mondiale !


Rappel biographique : Le peintre, graveur et illustrateur français Pierre Tal Coat (pseudonyme de Pierre Jacob pour éviter l'homonymie avec Max Jacob quimpérois comme lui) est apparenté au mouvement de l'École de Paris. Avec les artistes de ce mouvement, il exposa régulièrement à la Galerie de France (de 1943 а 1965), dans les galeries Maeght (de 1954 à 1974), Benador (de 1970 à 1980) puis à la Galerie H-Met et à la Galerie Clivages. En 1956, seize de ses peintures furent présentées à la Biennale de Venise. Aux côtés de Joan Miro et de Raoul Ubac, il collabore en 1963 aux réalisations pour la Fondation Maeght de Saint-Paul de Vence d'une mosaïque pour le mur d'entrée.
En 1968 il reçoit le Grand Prix National des Arts.
Une grande exposition rétrospective lui fut consacrée au Grand Palais à Paris en 1976.
А partir de 1961, Tal-Coat s'installа à la Chartreuse de Dormont près de Vernon (Eure), où il finira sa vie. Tal-Coat a illustré de nombreux livres d'art avec des gouaches, dessins, pointes sèches ou aquatintes, notamment de nombreux ouvrages d'André du Bouchet, Pierre Schneider, Pierre Torreilles, Philippe Jaccottet, Claude Esteban, Maurice Blanchot, Pierre Lecuire, Jacques Chessex...
Tal Coat a peint une série importante de natures mortes, toutes réalisées en 1942, en pleine guerre, alors qu'il se trouvait réfugié à Aix-en-Provence. De toutes ces peintures très dépouillées et exécutées avec une grande économie de moyens, il se dégage une grande force.

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dimanche 19 juin 2022

Pavel Tchelitchew (1898-1957) - Coupe avec poires


Pavel Tchelitchew (1898-1957) Coupe avec poires. Collection Privée


Pavel Tchelitchew (1898-1957)
Coupe avec poires.
Collection Privée

Que voit on ?  Sept poires vertes - l'un des fruits les plus peints par ce peintre un peu à l'image des Pommes par Gustave Courbet   - dans une coupe en porcelaine, les couleurs étant volontairement éteintes comme l'ensemble de la palette de ce très grand coloriste russo-américain.


Rappel biographique :
le peintre américain d'origine russe Pavel Tchelitchew fut à la fois un peintre qui appartint au mouvement surréaliste et un créateur reconnu de décors et de costumes de théâtre. Ainsi travailla-t-il un temps à Paris pour Serge de Diaguilev en créant des décors et des costumes pour les Ballets russes en 1928. En 1930, Tchelitchev présenta ses œuvres dans le cadre d'une exposition collective dans le tout nouveau Museum of Modern Art de New York, ouvert depuis une année seulement. Quatre ans plus tard, il décida de quitter Paris avec son compagnon, l'écrivain Charles Henri Ford, et de vivre à New York, où il continua à travailler pour des metteurs en scène et des chorégraphes, tels que George Balanchine ou encore A. Everett Austin, pour lesquels il dessina des décors et des costumes de ballet. De 1940 à 1947, il publia des illustrations dans le magazine surréaliste View, dirigé par son compagnon Charles Henri Ford et par le critique de cinéma Parker Tyler.

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vendredi 17 juin 2022

Pierre Bonnard (1867-1947) - La Table de Toilette


Pierre Bonnard (1867-1947) La table de toilette, 1908 Huile sur toile, 52 x 45.5 cm Musée d'Orsay, Paris


Pierre Bonnard (1867-1947)
La Table de Toilette, 1908
Huile sur toile, 52 x 45.5 cm
Musée d'Orsay, Paris

Que voit-on ? Une table de toilette effectivement avec son pichet d'eau et sa cuvette ainsi que des éponges rassemblées dans un petit panier suspendu sur un côté du miroir, quelques flacons d'onguents et de parfums et une boite de poudre de riz. Le comble du modernisme pour cette toilette dite "mouillée" en opposition à la" toilette sèche" qui fit fureur pendant tout le 18e siècle et pour laquelle l'on utilisait jamais d'eau !  C'est aussi pour Bonnard le prétexte aànous donner, à travers le reflet dans le miroir, un  magnifique nu sans visage, mêlant ainsi, un peu à la façon des romains de l'Antiquité, la nature morte et le nu.

Rappel biographique : le peintre français Pierre Bonnard est connu pour ses peintures de personnages, ses nus, ses portraits, ses paysages animés, ses intérieurs et ses natures mortes de fleurs et fruits. Bonnard est un artiste post-impressionniste, membre du groupe des Nabis qui regroupait autour de Paul Serusier, Paul René Piot, Henri-Gabriel Ibels, Maurice Denis, Édouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Paul Ranson, Jan Verkade, Félix Vallotton, Georges Lacombe, Mogens Ballin, József Rippl-Rónai, Charles Filiger, Adolf Robbi, ainsi que Georges Joseph Rasetti et le sculpteur Aristide Maillol. En réaction à l'impressionnisme, les Nabis veulent libérer leur peinture des exigences du réalisme : « Ensemble, nous avons méprisé l'école et les écoles, les rapins, leurs traditions, leurs farces et leurs bals inutilement nudistes. Ensemble nous nous sommes sérieusement amusés ». Les artistes nabis cherchent des voies plus spirituelles au contact de philosophies et de doctrines nouvelles teintées d'Orient, d'orphisme, d'ésotérisme, et de théosophie. Ils s'appliquent à retrouver le caractère « sacré » de la peinture et à provoquer un nouvel élan spirituel par le seul moyen de l'art.
Une fois devenu célèbre, Pierre Bonnard fut connu pour ne pouvoir s’empêcher de retoucher ses toiles une fois celles-ci achetées et exposées dans un musée. Ses amis appelaient ça « bonnarder » ou « bonnardiser ». Un journaliste relate cette attitude devenue visiblement coutumière. « Au musée de Grenoble et au Musée du Luxembourg, il arriva à Bonnard de guetter le passage d'un gardien d'une salle à l'autre, de sortir d'une poche une minuscule boîte garnie de deux ou trois tubes et, d'un bout de pinceau, d'améliorer furtivement de quelques touches un détail qui le préoccupait. Et, son coup fait, de disparaître, radieux, comme un collégien après une inscription vengeresse au tableau noir. »

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mercredi 15 juin 2022

Philip Guston (1913-1980) - Table at Night


Philip Guston (1913-1980) Table at Night, 1975 Smithsonian American Art Museum.



Philip Guston (1913-1980)
Table at Night, 1975
Smithsonian American Art Museum.

Que voit on ?  Une table du soir et non pas une table de nuit !  Rose et noir mais finalement beaucoup plus noire que rose. Un mug, deux hamburgers qui ressemblent à des livres et deux sandwiches qui se prennent pour un livre ouverts. Un œil  du fond de la table, regarde !


Rappel biographique : Philip Guston, né Phillip Goldstein est un peintre américain. Il est rattaché à la New York School parmi laquelle figurent de nombreux membres de l'expressionnisme abstrait tels que Jackson Pollock ou Willem De Kooning.
En 1970, alors très reconnu comme un grand peintre de l'expressionnisme abstrait, Guston fait scandale en présentant, à la Marlborough Gallery à New York, de nouvelles peintures figuratives, peintes dans un style enfantin, proches de la bande dessinée et représentant de simples objets, livres, chaussures, immeubles, paysages urbains inquiétants, peuplés de la figure récurrente du Klansman (membre du Ku Klux Klan). Inspiré par le dessin des comics de Robert Crumb et le désir de « raconter des histoires », il renoue avec les thèmes sociaux de ses premières années. La figure du Ku Klux Klan revient comme symbole des violences sociales. Beaucoup ne lui pardonneront pas d'avoir rompu avec la tradition moderniste. Ainsi, Hilton Kramer, le critique d'art du New York Times, le qualifie de « mandarin qui fait semblant d'être un abruti » dans un célèbre article sur l'exposition de la Marlborough Gallery. Robert Hughes ; le critique de Time Magazine qualifie ces nouvelles peintures de « Ku Klux Komix ». Seul De Kooning qui lui écrit : « Tu sais quel est ton sujet : c'est la liberté ! », et un cercle de proches le soutiendront dans cette évolution. Vers la fin de sa vie, Guston s'installe alors à Woodstock où il fait la rencontre de Philip Roth avec qui il se liera d'une longue amitié. Demeuré un temps sans galerie, il rejoint David McKee, un ancien de la Marlborough qui vient d'ouvrir sa propre petite galerie au Barbizon Hotel, auquel il restera fidèle jusqu'à la fin de sa vie.
Depuis sa mort, l'influence de Philip Guston au sein de la jeune peinture new-yorkaise et américaine n'a cessé de grandir.
De nombreuses rétrospectives lui ont été consacrées depuis les années 1990, entre autres à Paris au Centre Pompidou, à Londres à la Royal Academy, au SFMOMA à San Francisco, à l'IVAM à Valencia, ou encore au MASS MoCA à North Adams.
Il est significatif que la grande exposition consacrée à l'expressionnisme abstrait new-yorkais par le Museum of Modern Art de New York, en 2010-2011, se soit clôt avec une grande peinture figurative de Philip Guston réalisée du début des années 1970, comme pour annoncer l'avènement d'une nouvelle ère dont Guston serait l'origine.

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lundi 13 juin 2022

Vincent van Gogh (1853-1890) - Glaïeuls


Vincent van Gogh (1853-1890) Glaïeuls Collection privée

 
Vincent van Gogh (1853-1890)
Glaïeuls
Collection privée

 Que voit on ?  Une nature morte florale comme Van Gogh en peignit un bon nombre à ses débuts. un genre auquel il revient régulièrement. Ici les couleurs éclatent et la vie et la vie est belle, ce qui n'est pas toujours le cas...


Rappel biographique : Au début du mois de mars 1886, Vincent rejoint son frère Theo à Montmartre, avec l'envie de s'informer sur les nouveautés de la peinture impressionniste. À l'époque, Theo est gérant de la galerie montmartroise Boussod, Valadon & Cie. Seule la connaissance du milieu artistique parisien peut véritablement permettre à Van Gogh de renouveler et d'enrichir sa vision. Cette année-là est celle de la dernière exposition impressionniste que Vincent découvre, et en 1887 doit avoir lieu la première rétrospective de l’œuvre de Millet. Paris se prépare alors à accueillir plusieurs expositions : en plus du Salon, où sont exposées les œuvres de Puvis de Chavannes, Van Gogh visite les salles de la cinquième exposition internationale à la galerie Georges Petit, qui présente des toiles d'Auguste Renoir et de Claude Monet. Ces derniers n'avaient pas souhaité participer à la huitième et dernière exposition des impressionnistes, qui offrait le spectacle d'un groupe déchiré, entre les défections et les nouvelles arrivées, et ouvrait ses portes à la nouveauté du moment, le néo-impressionnisme, avec la toile de Georges Pierre Seurat, Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte. À Paris dans les années 1886-1887, Van Gogh fréquente un moment l’Académie du peintre Cormon, où il fait la connaissance de Henri de Toulouse-Lautrec, de Louis Anquetin, d’Émile Bernard ainsi que de John Peter Russell. Ce dernier réalise son portrait. Il rencontre également, par l’intermédiaire de son frère, presque tous les impressionnistes, en particulier Georges Seurat et Camille Pissarro, ainsi que Paul Gauguin. Dans la boutique du père Tanguy, il devient l'ami de Paul Signac. Sous l’influence des estampes japonaises, ses compositions acquièrent peu à peu davantage de liberté et d’aisance, tandis qu’il s’essaie à la technique de l’aplat coloré. Pissarro l’initie également aux théories nouvelles sur la lumière et au traitement divisionniste des tons. La palette de l'artiste s’enrichit alors de couleurs vives et sa touche s’anime et se fragmente, ceci grâce également à Signac avec qui il travaille en 1887. Exalté par la ferveur du climat artistique parisien, Van Gogh brûle les étapes de son renouvellement artistique grâce à la fréquentation des peintres les plus anticonformistes du moment : il s'essaye au néo-impressionnisme auprès de Signac et Pissarro, enquête sur les profondeurs psychologiques du portrait avec son ami Toulouse-Lautrec, est précocement informé de la synthèse du cloisonnisme par ses compagnons Louis Anquetin et Émile Bernard, et peut apprécier les toiles exotiques réalisées par Gauguin en Martinique. Régénéré par cette modernité, il est prêt à réaliser son rêve méditerranéen, à la recherche de la lumière aveuglante de la Provence, qui fait resplendir les couleurs pures de la nature, étudiées jusque-là dans sa collection d'estampes japonaises. C'est une période très fertile où son art s'oriente vers l'impressionnisme, mais l'absinthe et la fatigue aggravent son état mental. Le 19 février 1888, il quitte Paris....

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samedi 11 juin 2022

Salvador Dalí (1904-1989) - Nature morte


Salvador Dalí (1904-1989) Nature morte, 1924 Huile sur toile, 125 x 99 cm. Museo Nacional Reina Sofia, Madrid.



Salvador Dalí (1904-1989)
Nature morte, 1924
Huile sur toile, 125 x 99 cm.
Museo Nacional Reina Sofia, Madrid.

Que voit on ? une nature morte aux poires et aux bouchons peinte par Dalí à l'âge de 20 ans  Très cubiste à la manière du russe Ivan Puni, elle flirte aussi avec l'abstraction et le surréalisme, par l'adjonction d' éléments incongrus et sans signification logique. On y décèle déjà clairement ce que le peintre va devenir. 

Rappel Biographique : Salvador Dalí i Domènech, premier marquis de Dalí de Púbol, est un célèbre peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain catalan de nationalité espagnole. Il est considéré comme l'un des principaux représentants du surréalisme, et comme l'un des plus célèbres peintres du xxe siècle. Influencé très jeune par l'impressionnisme, il quitta Figueras pour recevoir une éducation artistique académique à Madrid où il se lia d'amitié avec Federico García Lorca et Luis Buñuel et chercha son style entre différents mouvements artistiques. Sur les conseils de Joan Miró, il rejoignit Paris à l'issue de ses études et intégra le groupe des surréalistes, où il rencontra sa femme Gala. Il trouva son propre style à partir de 1929, année où il devint surréaliste à part entière et inventa la méthode paranoïaque-critique. A l'époque où il peint cette série d'aquarelles, Dalí a quitté l'Europe pour vivre aux Etats unis où son activité est débordante. De son aveu même Dalí est encore dans sa période de retour au classicisme qu'il qualifie de " Dalí de la psychanalyse ", période qu'il va bientôt abandonner, après les bombardements nucléaires d'Hiroshima et de Nagasaki pour entrer dans la période " Dalí de la physique nucléaire "...
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