mercredi 18 février 2015

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Nature morte avec chaudron (1731)


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Jean-Baptiste Siméon Chardin (1699-1779) 
Nature morte avec chaudron, fourneau de terre, poêlon, nappe, chou, pain, deux oeufs, poireau, et trois harengs suspendus à la muraille (1731-33) 
Musée des Beaux-Arts d'Amiens


Ce que l'on voit : Dans cette peinture, Chardin dispose sur une margelle de pierre des ustensiles de cuisine (un chaudron en cuivre dont l'intérieur est étamé, un poêlon en terre cuite glaçurée et un fourneau en terre), un torchon et des victuailles (deux oeufs, un maigre poireau, un pain, un chou et trois harengs pendus à un croc). On retrouve la plupart de ces objets dans d'autres natures mortes de l'artiste qui se plaît, en les réutilisant, à varier sur un même thème. Chardin, ainsi qu'il le fait volontiers, a réalisé une réplique de cette oeuvre aujourd'hui conservée à Williamstown, avec son pendant, une Nature morte avec chaudron, écumoire, fourneau, poêlon, marmite, torchon et deux oignons. On peut donc supposer que la version d'Amiens possédait aussi un pendant, peut-être similaire à celui-ci. En tirant inlassablement parti des mêmes éléments domestiques, dans les années 1730-1735, Chardin ne fait pas preuve d'un défaut d'imagination puisque c'est justement cette formule qui lui permet de travailler exclusivement compositions, formes et couleurs, en un mot à s'intéresser à l'essence même de la peinture. Schnapper (cat. exp. 1985, p. 65) montre comment Chardin n'a sans doute pas été indifférent à l'art des Hollandais et surtout de Willem Kalf (Rotterdam, 1619 - Amsterdam, 1693), dont les travaux pouvaient alors aisément se voir à Paris. Dans ses mises en scènes dépouillées, au cadrage restreint, mais d'une grande variété, même si les "acteurs" sont toujours identiques, Chardin oeuvre en excluant tout effet d'emphase. Avec son subtil chromatisme, "son harmonie particulière, toute de douceur et de délicatesse" (Rosenberg, dans cat. exp. 1979, p. 170), il nous convie ici à la calme poésie des anodins accessoires de la vie quotidienne de l'homme dont il révèle une beauté jusque-là inédite. 
Notice de Matthieu Pinette pour le  site Joconde


Rappel biographique :   Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre.  Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.


2015 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 


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