vendredi 31 janvier 2014

Francisco de Goya (1746-1828) - Bodegón con salmón


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Francisco de Goya (1746-1828)
Bodegón con salmón (1812)
Musée d'art, Winterthur

Que voit-on ?  Avec une vérité et une simplicité que ni Chardin ni Manet n'auraient renié, posées sur un entablement de pierre dont les contours sont maintenus dans le flou : trois tranches de saumon cru, plein cadre. Au contraire de ce qu'il fait à son habitude, dans ses natures mortes, Goya n'a pas jugé utile ici de disposer des traces de putréfaction sur ces trois tranches de saumon ! Elles sont même d'une fraicheur à faire plaire d'envie l'étal d'un poissonnier !
 

Rappel biographique : Le peintre et graveur espagnol  Francisco José de Goya y Lucientes, dit Francisco de Goya est surtout célèbres pour  peintures de chevalet, ses portraits, ses peintures murales, ses peintures de guerre, ses cènes espagnoles, ses gravures et ses dessins que pour ses natures mortes.  Il introduisit plusieurs ruptures stylistiques qui initièrent le  romantisme et annoncèrent le début de la peinture contemporaine.  L’art goyesque est considéré comme précurseur des avant-gardes picturales du 20e siècle et c'est sans doute la raison pour laquelle Pablo Picasso ne se privera pas de lui rendre hommage en copiant  trait pour trait une de ces natures mortes les plus célèbres et les plus fortes : la Nature morte avec des cotes et une  tête d'agneau, conservée au Musée du Louvre à Paris. 
Dans l’inventaire réalisé en 1812 à la mort de sa femme Josefa Bayeu, on a retrouvé 12  natures mortes de Goya. Toutes sont  postérieures à 1808 par leur style. A cette époque là, à cause de la guerre, Goya ne reçoit plus beaucoup de commandes, et c'est ce qui lui permet d'explorer des genres qu'il n’avait pas encore eu l'occasion de travailler jusque là, comme la nature morte.  On peut dire que quelque soit le sujet dont il s'empare, Goya en devient immédiatement le maître. La nature morte n'y échappe pas.  Les natures mortes  de Goya s'éloignent de la tradition espagnole de Juan Sánchez Cotán et Juan van der Hamen,  dont le principal représentant au 18e siècle est Luis Eugenio Meléndez (des natures mortes de ces quatre grands  peintres sont présentes dans cette collection virtuelle). Tous avaient présenté des natures mortes qui montraient l’essence des objets épargnés par le temps, a travers une beauté idéalisée, transcendée. Goya se focalise en revanche sur le temps qui passe, la dégradation, la mort, la pourriture. Ses dindes sont inertes, les yeux de l’agneau sont vitreux, la chair n’est pas fraîche.

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2014 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau 

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