dimanche 11 septembre 2016

Cy Twombly (1928-2011) - Cy Twombly (1928-2011) - Lemons, 2005




Cy Twombly (1928-2011)
Lemons, 2005
Private collection

Que voit on ?  Un macro plan d'un citron amarré comme un bateau à un entablement. La peau de ce citron visiblement atteint d'une maladie a été travaillée par l'artiste pour amplifier le malaise ressenti... Twombly a peint ou photographié peu de natures mortes. Celle-ci est une de ces plus fascinantes, l'intensité  inhabituelle de cette couleur jaune appliquée sur une grande surface (car cette toile est démesurée par rapport a la taille d'un citron) n'étant pas étrangère à la fascination exercée par cette œuvre.

Rappel biographique :  Edwin Parker Twombly Jr., dit Cy Twombly, est un peintre, dessinateur, sculpteur et photographe américainSon œuvre croise les enjeux majeurs de l'art au 20 e siècle : le dilemme abstraction/figuration, l'intervention de la psychanalyse, le primitivisme, le rôle de l'écriture en peinture, l'hommage aux anciens (il choisit souvent ses thèmes dans l'Antiquité ou dans la littérature ancienne), les liens artistiques entre Europe et Amérique.
L'œuvre de Cy Twombly se développe en marge des courants dominants de l'art américain et s'organise en de vastes cycles qui alternent. Jamais illustratrice, ni uniquement abstraite, elle demeure en retrait des débats concernant la figuration, ce qui constitue un apparent paradoxe formel. Celui-ci lui confère un caractère multiple et unique а la fois, dont témoignent l'ampleur et la diversité de ses œuvres sur papier.
L'œuvre peintemontre une grande diversité dans ses techniques et ses enjeux. Nombre de ses toiles sont des surfaces blanches recevant toute sorte de traces : chiffres, croix, schémas géométriques, barbouillages réalisés au doigt, griffonnages en hachures ou en boucles, écoulements sanglants ou scatologiques et enfin quelques mots (noms de dieux ou de héros antiques, vers de poètes célèbres, etc.). La peinture а l'huile reprend les teintes des humeurs corporels (du blanc-crème au brun) L'écriture est heurtée, les lettres capitales se mélangent aux minuscules, les mots les plus simples sont raturés. L'œuvre achevée, l'essentiel de la surface de la toile reste vierge. 
Au cours des dernières années, et malgré son âge avancé, l'artiste s'est considérablement renouvelé.  Chaque motif apporte ses propres couleurs si bien que le bas de certains tableaux est une juxtaposition de coulures dont les teintes alternent aléatoirement. Le gribouillage énergique a laissé sa place а un geste plus ample avec une peinture liquide sur laquelle la gravité agit. De plus, la palette est plus riche et les couleurs (notamment les jaunes ou les rouges) atteignent une intensité rare . Twombly prouve ici ses qualités de coloriste. Un thème nouveau est venu accompagner cette entrée dans la couleur : les fleurs. Sur des toiles ou des planches de plusieurs mètres de long, Twombly peint des roses ou des pivoines hors d'échelle en de grands mouvements d'enroulement. Les vers d'Emily Dickinson ou de Ingeborg Bachmann accompagnent ces motifs. Reste une constante : le rejet de la maîtrise. L'écriture est raturée, biffée, parfois effacée sommairement ; les motifs feignent la maladresse ; la gravité, associée à la texture du support et а la viscosité de la peinture, déstructure les formes. Les cycles Lepanto, Blossoms, Roses témoignent le mieux de ces récentes nouveautés.
Twombly est également photographe, activité dans laquelle on retrouve la modestie et la douceur poétique qui imprègne toute son œuvre.

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