jeudi 25 avril 2024

Hans Memling (1465-1494) - Calice de Saint-Jean l'Evangéliste


Hans Memling (1465-1494) Calice de Saint-Jean l'Evangéliste, c. 1470 Huile sur bois, 30,2 x 23cm National Gallery of Art, Washington DC


Hans Memling (1465-1494)
Calice de Saint-Jean l'Evangéliste, c. 1470
Huile sur bois, 30,2 x 23cm
National Gallery of Art, Washington DC

 Que voit on ? Cette nature morte est représenté sur le  volet droit du Dyptique de Saint Jean l'Evangeliste et Sainte Véronique. Saint Jean l'Évangéliste est souvent figurée tenant un calice qui fait allusion à sa mise à l'épreuve par le grand prêtre du temple de Diane à Éphèse. Celui-ci lui dit : « Si tu veux que je crois en ton dieu, je te donnerai du poison à boire et s'il ne te fait aucun mal, c'est que ton dieu sera le vrai Dieu ». Ce tableau montre le calice en question dont saint Jean neutralisa le poison  grâce à un geste de bénédiction. Le serpent figure  le venin qui s'échappe du calice, quelquefois il prend aussi la forme d'un petit dragon bicéphale. La légende raconte que saint Jean put ensuite boire le breuvage. Ce récit, popularisé par la Légende dorée  de Jacques de Voragine, s'inspire de phrases des Évangiles.

Rappel Biographique : Hans Memling ou Hans Memlinc est un peintre allemand de style flamand. Il est l'un des plus grands représentants de la peinture brugeoise du xve siècle, aux côtés de Jan van Eyck, de Petrus Christus, Gérard David, et de l'école des  primitifs flamands. Avant de s'installer à Bruges, Memling travaille dans l'atelier bruxellois de son maître Rogier van der Weyden, et il n'ouvre son propre atelier qu'après la mort de Rogier van der Weyden en 1464. D'évidentes similitudes stylistiques étayent une relation étroite entre les deux artistes. Memling développe ensuite un style personnel, empreint de sérénité et de douceur, qui à son tour prend valeur d'exemple pour ses contemporains et notamment le Maître de la Légende de sainte Ursule.Environ cent pièces de Memling sont connues, qui sont attribuées à lui ou à son atelier. Elles comportent des retables, des représentations de la Vierge, et une importante galerie de portraits.

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samedi 20 avril 2024

Samuel van Hoogstraten (1627-1678) - Nature Morte en Trompe l'œil incluant son Cadre


Samuel van Hoogstraten (1627-1678), Nature Morte en Trompe l'œil incluant son Cadre,1663 Gemäldegalerie der Akademie der bildenden Künste, Vienne

Samuel van Hoogstraten (1627-1678),
Nature Morte en Trompe l'œil incluant son Cadre,1663
Gemäldegalerie der Akademie der bildenden Künste, Vienne

Que voit-on  ?  Ce que décrit le titre en prenant soin de préciser que le cadre fait lui même partie de la peinture. Un eévidente volonté de réalisme et un culte du trompe l'œil qui n'est sans  faire penser à celui  qu'utliseront  plus tard les adeptes américains du genre William Harnett et  John Frederick Peto...

Rappel biographique  : Un certain nombre d’œuvres  de Van Hoogstraten témoigne de la diversité de ses styles tout au long de sa vie.  Dans ses premières œuvres, dont son autoportrait de 1644, il imite Rembrandt dont il fut l 'élève. Il poursuit dans cette veine au moins jusqu’en 1653, année où il réalise son Homme à la fenêtre. Ce tableau, l’un des exemples les plus caractéristiques de sa manière, fait partie des collections du Kunsthistorisches Museum de Vienne. Une vue de la Burgplatz de Vienne, datée de 1652, montre son talent comme peintre d’architecture. D'autres  toiles imitent  plutôt De Hooch (1629-1684) ou encore Jan Steen (1626-1679) et Gabriel Metsu (1629-1667).Van Hoogstraten utilisa également son habileté à rendre la perspective pour construire des boîtes d’optique. Ainsi, sa Boîte d’optique avec des vues intérieures d’une maison néerlandaise contient des vues en trois dimensions qui peuvent être observées par des orifices situés de chaque côté de la boîte. C’est peut-être sous l’influence de Carel Fabritius qu’il commença à s’intéresser à la problématique de la perspective et, en même temps, à celle du trompe-l'œil en peinture, qu’il mit du reste en pratique pour la décoration de certains intérieurs (Mauritshuis, La Haye) aussi bien que dans certaines des ses  natures mortes. Van Hoogstraten fut aussi connu comme  poète  que comme  peintre, Son œuvre maîtresse est un livre sur la peinture : Inleyding tot de Hooge Schoole der Schilderkonst (Introduction à l'enseignement supérieure de la peinture, Rotterdam, 1677) qui est, autant par son volume que par son envergure théorique, l’un des traités du genre les plus ambitieux qui aient été publiés aux Pays-Bas au XVIIe siècle. Il y traite notamment  de l’illusion picturales,  et de la relation du  peintre entre la peinture et  philosophie. Son  livre connut un certain succès. Van Hoogstraten a aussi composé des sonnets et  écrit des tragédies. C’est à lui que l’on doit d’avoir rapporté certaines citations connues de Rembrandt.

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lundi 15 avril 2024

Pompei  - Nature morte au Lapin Reniflant des Figues

 

Pompeii, Nature morte Lapin reniflant des figues. 1er siecle Museo Archeologico Nazionale di Napoli


Pompeii, Nature morte
Lapin reniflant des figues. 1er siecle
Museo Archeologico Nazionale di Napoli


 Rappel historique : Pline l'Ancien raconte que dans la Grèce antique, le peintre Piraikos qui vivait au 3e siècle avant notre ère, vendait déjà fort cher ses " Provisions de cuisine ", des tableaux de chevalets représentant des victuailles ou des instantanés d'échoppes de cordonniers et de barbiers. Dans la hiérarchie des genres picturaux d'alors, ces représentations de provisions de cuisine sont déjà considérées comme un genre mineur... et  elles le resteront pendant de longs siècles... au moins jusqu'à Chardin, si ce n'est jusqu'à Cézanne. Genre mineur donc, loin derrière les sujets religieux, les portraits et les paysages, mais genre que les commanditaires s'arrachent pourtant !Le grec Piraikos reste le plus célèbre des peintres de ce genre. Hélas, aucun exemple n'est parvenu jusqu'à nous de ces peintures des menus objets du quotidien par Piraikos,  peinture que l'on nommait à cette époque Rhyparographie.A la même époque, un autre peintre grec, Zeuxis rivalisait avec la nature au point que des oiseaux voulaient picorer les raisins qu'il peignait et qu'il passe être l'inventeur du réalisme et  de l'illusionnisme, pour ne pas dire du premier trompe-l'oeil. Il faut là encore faire confiance au récit de Pline l'Ancien, car aucun exemple de cet art ne nous est parvenu.Les premières natures mortes connues du monde occidental sont des fresques et des mosaïques du 1er siècle de l'ère chrétienne, provenant de Campanie (Herculanum et Pompéi) ou de Rome. Elles sont exécutées dans un style réaliste et illusionniste : fruits veloutés, poissons et volailles posés sur une marche de pierre ou sur deux étagères d'un garde manger, généralement en trompe l'œil avec des ombres portées, ou quelquefois dans des coupes en verre avec des transparences subtiles.Ces peintures évoquent le xenion antique, un cadeau fait de denrées qu'un hôte doit offrir à ses invités. Pourtant la nature morte de l'Antiquité possède une autre ambition que celle du seul plaisir mimétique. Comme le précise Charles Sterling : « Il est clair que les natures mortes hellénistiques et romaines qui représentaient des mets prêts à être consommés comportaient une allusion épicurienne ». On trouve ainsi assez fréquemment des mosaïques de natures mortes et des vanités dans les atriums d'été romains, où les convives invités aux repas étaient ainsi encouragés à cueillir le jour qui passe, Carpe diem selon la célèbre formule d'Epicure, à profiter de la vie tant qu'il était encore temps de le faire. Une déclinaison plus sophistiquée de la tradition égyptienne pharaonique qui voulait que l'on fît passer un cadavre devant les convives avant de commencer un repas pour leur rappeler l'impermanence de la vie !  Les natures mortes garderont tout au long des siècles jusqu'à nos jours,  cette signification épicurienne.

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jeudi 11 avril 2024

Maria Sibylla Merian (1647-1717) - Two Tulip Leaves

Maria Sibylla Merian (1647-1717) Two Tulip Leaves,


Maria Sibylla Merian (1647-1717)
Two Tulip Leaves, 1700 


Rappel biographique : Anna Maria Sibylla Merian  est une naturaliste et une artiste peintre. Elle mit son talent de dessinatrice, acquis au sein d'une famille d'éditeurs et d'illustrateurs célèbres, au service des observations naturalistes très détaillées qu'elle conduisit notamment sur la métamorphose des papillons. Elle vécut entre l'Allemagne et les Pays-Bas et fit un grand voyage exploratoire au Surinam qui lui procura la matière de son ouvrage le plus important et le plus célèbre sur les métamorphoses des insectes. Longtemps méconnue, elle est aujourd'hui considérée, en raison de la qualité de son œuvre artistique et scientifique, comme une importante figure de l'histoire naturelle de son époque. L'Allemagne redécouvrit son travail et lui rendit hommage au xxe siècle, en particulier en apposant son portrait sur les derniers billets en Deutsche Mark.

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samedi 6 avril 2024

Avigdor Arikha (1929-2010) -  Pomme, mi-pelée sur une assiette noire


Avigdor Arikha (1929-2010) Pomme, mi-pelée sur une assiette noire Aquarelle sur papier, 1976 Bibliothèque nationale de France, Paris


Avigdor Arikha (1929-2010)
Pomme, mi-pelée sur une assiette noire
Aquarelle sur papier, 1976
Bibliothèque nationale de France, Paris

 Rappel biographique :  Avigdor Arikha est un peintre et graveur figuratif franco-israélien. Né de parents juifs germanophones à Rădăuți en Bucovine (Roumanie), Avigdor Arikha est interné dans un camp de concentration en Ukraine en 1941. La Croix-Rouge l'en sort en 1944 et l'envoie en Palestine. En 1946 il est élève de l'École des beaux-arts Bezalel à Jérusalem, suivant un enseignement proche du Bauhaus. Il est blessé en 1948 en combattant pour la création d'Israël. En 1949, il obtient une bourse d'études aux Beaux-Arts de Paris. Il s'établit définitivement en France en 1954. Dans les années 1950, il pratique une peinture abstraite, qu'il abandonnera après une dizaine d'années au profit du dessin, de la gravure et de l'illustration figuratives. Il valorise alors « le dessin et la peinture d'observation », terminés en une seule séance face au sujet. Peintre de portraits, il est aussi polémiste, dirigeant ses traits verbaux contre l'éclairage des tableaux dans les expositions et musées, contre la tyrannie des modes et des courants artistiques, et exposant, plus positivement, sa conception de l'œuvre d'art dans des articles réunis dans un livre en 1991.
Avigdor Arikha a fait don, en 2008, d'un grand nombre de ses estampes à la Bibliothèque nationale de France : le département des Estampes consacre alors une rétrospective à son œuvre gravé.

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mardi 2 avril 2024

Diego Rivera (1886-1957) -The Café Terrace

 

Diego Rivera (1886-1957) The Café Terrace (1915) Oil on canvas, 60.6 x 49.5 cm. The Metropolitan Museum of Art, New York (Alfred Stieglitz Collection)

 

Diego Rivera (1886-1957)
The Café Terrace (1915)
Oil on canvas, 60.6 x 49.5 cm.
The Metropolitan Museum of Art, New York (Alfred Stieglitz Collection)

Que voit-on ? Posé sur un guéridon typique du mobilier de terrasse de café du début du XXe siècle et traité dans le style pointilliste :  une bouteille d'absinthe dont l'obsessionnelle couleur verte envahit toute la partie gauche de la composition, la cuillère à absinthe, le siphon, le verre à pied...  bref tout le nécessaire  pour que la "Fée verte", une des drogues les plus dures ans doute jamais légalisée, puisse accomplir son œuvre hautement destructrice  en toute impunité. Une lettre portant un timbre sur lequel on peut deviner le nom de Benito Juares rappelle les origines mexicaines du peintre.

Rappel biographique : Diego Rivera est un peintre mexicain. Bien qu'il ait tout au long de sa vie pratiqué la peinture de chevalet, Rivera est mondialement connu pour ses peintures murales, réalisées au Mexique, principalement à Mexico, et aux Etats-Unis. Ses peintures murales sont indissociables de ses convictions socialistes et de sa fascination pour le passé préhispanique du Mexique. Il est aussi célèbre pour sa relation tumultueuse avec l'artiste Frida Kahlo.

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vendredi 29 mars 2024

David Shterenberg (1881-1948) -Bread and Glass

 

David Shterenberg (1881-1948)
Bread and Glass
Collection privée

Que voit on? Ce que le titre décrit : un morceau de pain (tranché) et un verre (à pieds)sur un guéridon  jaune.

Rappel biographique  : David Petrovitch Chterenberg (Давид Петрович Штеренбер est un peintre, graphiste et photographe russe. Né dans une famille juive à Jytomyr, dans l'actuelle Ukraine, alors dans l'Empire russe, David Chterenberg étudie l'art à Odessa puis, en 1906 il passe quelque temps à Vienne avant de s'installer à Paris où il vit à la cité d'artistes La Ruche jusqu'en 1917. Il étudie à l'Académie Vittià Montparnasse, où il a comme professeur, entre autres, Kees van Dongen. Il a été influencé par les travaux de Paul Cézanne et par le cubisme. David Chterenberg était profondément conscient de ses racines juives. Il a écrit à sa femme Nadejda : « J'ai un sang oriental dans les veines, le sang de mes ancêtres qui ont écrit le « Cantique des cantiques », - et il n'y a pas de meilleure chanson ». D'ailleurs, en 1936, il publie avec son frère Abram Šterenberg un livre de photographies « V evrejskich kolchozach (В еврейских колхозах) » (littéralement, Dans les fermes collectives juives).
Aujourd'hui, ses œuvres sont exposées dans les grands musées publics à Moscou (Galerie Tretiakov et Musée Pouchkine), à Saint-Pétersbourg (Musée russe) et à Ekaterinbourg. Une grande partie de son œuvre est encore détenue dans des collections privées en Russie.

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lundi 25 mars 2024

Albert Eckhout (c.1610 – c. 1666) - Nature morte avec courges et melons

Albert Eckhout (c.1610 – c. 1666) Nature morte avec courges et melons Huile sur toile 91 × 91 cm National Museum of Denmark



Albert Eckhout (c.1610 – c. 1666)
Nature morte avec courges et melons
Huile sur toile 91 × 91 cm
National Museum of Denmark

Que voit on? Des courges et melons qui n'ont pas la même forme que celles que nous leur connaissons aujourd'hui... Et c'est tout ce qui en fait l'intérêt.

Rappel biographique : Le peintre hollandais Albert Eckhout, est connu pour ses toiles de la flore, de la faune et des habitants du Brésil. Eckhout et Frans Post étaient les artistes les plus célèbres de l'entourage de Johan Maurits de Nassau alors qu'il était gouverneur général du Brésil néerlandais de 1637 à 1644. On sait peu de choses sur la formation d'Eckhout, ses débuts de carrière et les raisons de sa nomination, et on ne sait pas exactement quand il est arrivé au Brésil. Parce que certaines peintures attribuées à Eckhout représentaient des peuples Araucano et africains ainsi que des lamas, des plantes et des arbres, certains ont suggéré qu'Eckhout aurait pu faire partie de l'expédition de Hendrick Brouwer au Chili en 1643 ou aurait pu visiter l'Afrique de l'Ouest avec les forces du colonel Hans Coen qui a capturé Elmina en 1637. D'autres pensent qu'il faisait partie de l'expédition de l'amiral Cornelis Jol et du colonel James Henderson quand ils ont occupé l'Angola en 1641. Enfin, on ne sait pas exactement quand Eckhout est revenu en Europe ou combien de temps il est resté au service de Maurits, mais l'on sait qu'en 1645, Eckhout était de retour à Groningen. Entre 1648 à 1652, il vécut à Amersfoort avant de s'installer à Dresde, où il passa dix ans (1653 à 1663) comme peintre à la cour de l'électeur de Saxe, Johann Georg II. On pense qu'Eckhout est mort à Groningen en 1665.

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jeudi 21 mars 2024

Raoul Dufy (1877- 1953) - Trente ans ou la vie en rose

 

Raoul Dufy (1877- 1953), Trente ans ou la vie en rose. 1931. Huile sur toile. Donation de Mme Mathilde Amos,955. Musée d’Art Moderne de Paris.

Raoul Dufy (1877- 1953)
Trente ans ou la vie en rose. 1931.
Huile sur toile.
Donation de Mme Mathilde Amos.
Musée d’Art Moderne de Paris.


Que voit-on ? Dufy peint la nature morte Trente ans ou la Vie en rose à l'occasion d'un anniversaire. L'œuvre évoque La Belle Enfant ou L'Amour à quarante ans, ouvrage d'Eugène Montfort illustré par l'artiste pour Ambroise Vollard. Le tableau est fondé sur un jeu d'illusion décorative : le tissu tendu au mur (Les Cornets, créé par l'artiste en 1919 pour Bianchini-Férier), sur lequel est posé un autre tissu représentant une vasque fleurie sur treillis (Amours, délices et orgues, 1925), encadre un bouquet de roses rouges et roses, posé sur un guéridon aux formes rondes placé au premier plan. Les roses aux diverses nuances se superposent, se confondent et envahissent l'espace, annonçant la «peinture tonale» des années suivantes.

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dimanche 17 mars 2024

David Petrovich Shterenberg (1881-1948) - La Table Rouge

David Petrovich Shterenberg (1881-1948) La Table Rouge Collection privée



David Petrovich Shterenberg (1881-1948)
La Table Rouge
Collection privée


Biographie: David Petrovitch Chterenberg ( Давид Петрович Штеренберг) est un peintre, graphiste et photographe russe d'origine ukrainienne. Né dans une famille juive à Jytomyr, dans l'actuelle Ukraine, alors dans l'Empire russe, David Chterenberg étudie l'art à Odessa puis, en 1906 il passe quelque temps à Vienne avant de s'installer à Paris où il vit à la cité d'artistes La Ruche jusqu'en 1917. Il étudie à l'Académie Vitti à Montparnasse, fondée en 1889 par Cesare Vitti et sa femme Maria Caira, où il a comme professeur, entre autres, Kees van Dongen. Il a été influencé par les travaux de Paul Cézanne et par le cubisme.  Pendant cette période, il effectue plusieurs voyages en Russie mais ne s'y installe qu'après la Révolution de 1917, grâce à ses bonnes relations avec Anatoli Lounatcharski, le commissaire du peuple chargé de la culture. Il assiste à la Conférence des auteurs, artistes et réalisateurs sur la coopération avec le gouvernement soviétique au Palais Smolny à Petrograd (Saint-Pétersbourg) avec Nathan Altman et d'autres. En 1917-1918, il est commissaire aux affaires artistiques. En 1918, il présente une exposition avec le groupe « Société juive pour la promotion des arts » avec Baranoff-Rossine, Altman et Lazar Lissitzky, à Moscou. De 1918 à 1920, il est chef du département des beaux-arts (IZO) du Narkompros (Commissariat du peuple à l'Instruction publique). À ce titre, il organise le financement de l'Institut de culture artistique de Moscou (INKhUK).
En 1918, il publie son essai programmatique Tâches d'art contemporain dans les documents du Conseil de Petrograd.
De 1920 à 1930, Chterenberg enseigne au Vkhoutemas (littéralement « Ateliers supérieurs d’art et de technique »), une école d'art fondée en 1920 à Moscou par un décret de Vladimir Lénine avec l'intention, selon les termes du gouvernement soviétique, de « préparer les artistes principaux aux qualifications les plus élevées pour l'industrie, et les constructeurs et les directeurs pour l'éducation professionnelle technique. » Parmi ses étudiants on trouve quelques artistes russes devenus célèbres tels que Alexandre Deïneka, Youri Pimenov, Alexander Arkadievitch Labas, Piotr Vladimirovitch Williams, Andrei Dmitrievitch Gontcharov et d'autres. Il organise une exposition d'artistes juifs à Moscou en 1922 qui comprenait entre autres Marc Chagall. La même année, il participe à la Première exposition d'art russe de Berlin dans la galerie van Diemen, première grande exposition sur l'avant-garde russe en Europe depuis la révolution d'Octobre. À cette occasion, il écrit un essai pour le catalogue de l'exposition. Cependant, son style indépendant a cessé de trouver la faveur des autorités soviétiques et progressivement son travail est retiré de la vue du public. Après les années 1930, il est contraint de travailler dans un style plus « réaliste ». À sa mort en 1948, il a est pratiquement oublié. Il est enterré au cimetière Vagankovo de Moscou.
David Chterenberg était profondément conscient de ses racines juives. Il a écrit à sa femme Nadejda : « J'ai un sang oriental dans les veines, le sang de mes ancêtres qui ont écrit le « Cantique des cantiques », - et il n'y a pas de meilleure chanson3 ». D'ailleurs, en 1936, il publie avec son frère Abram Šterenberg un livre de photographies « Vevrejskich kolchozach (В еврейских колхозах) » (littéralement, Dans les fermes collectives juives).
Aujourd'hui, ses œuvres sont exposées dans les grands musées publics à Moscou (Galerie Tretiakov et Musée Pouchkine), à Saint-Pétersbourg (Musée russe) et à Ekaterinbourg. Une grande partie de son œuvre est encore détenue dans des collections privées en Russie. En  2019, les œuvres de David Chterenberg figurent, avec celles — entre autres — de Vassily Kandinsky, Kasimir Malevitch, Vladimir Tatline, Mikhaïl Larionov, et Lyubov Popova, dans la grande exposition collective L'Avant-garde : Liste no 1, présentée à la Galerie Tretiakov, réunissant plus de 250 œuvres issues de dix-huit collections russes et cinq collections étrangères de l'avant-garde russe du début du xxe siècle en l'honneur du centième anniversaire de la création du Musée de la culture pittoresque, premier musée d'État d'art moderne au monde, qui exista de 1919 à 1929.

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jeudi 14 mars 2024

Alexander Vasilievich Shevchenko (1883-1948) - "Enseigne encore la vie". Vin et Fruit


Alexander Vasilievich Shevchenko (1883-1948) "Enseigne encore la vie". Vin et Fruit, 1913 Galerie Tretiakov.


Alexander Vasilievich Shevchenko (1883-1948)
"Enseigne encore la vie". Vin et Fruit, 1913
Galerie Tretiakov, Moscou

 
Rapplel Biographique : Aleksandr Vasilievich Shevchenkoétait un peintre et sculpteur moderniste ukrainien. De 1890 à 1898, il suit des cours particuliers de dessin auprès de Dmytro Bezperchy et est employé dans un atelier de production de décors de théâtre. Il s'installe ensuite à Moscou et entre à l' Académie d'État des arts et de l'industrie Stroganov ; il obtient son diplôme en 1907. La même année, il est admis à l' École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou  où il étudie avec Valentin Serov et Konstantin Korovin. Entre-temps, de 1905 à 1906, il passe quelque temps à Paris à l' Académie Julian avec Étienne Dinet et Jean-Paul Laurens. Il fit également la connaissance de Mikhaïl Larionov et de ses partisans. Sous leur influence, il travaille dans les styles néo-primitiviste et, plus tard, rayonniste. Il fut expulsé de l'école en 1909.
Après 1911, il participe aux expositions organisées par la Soyouz Molodyozhi (Union de la jeunesse) à Saint-Pétersbourg et participe au premier Salon de Moscou. En 1912, il fait une grande apparition avec Donkey's Tail, un groupe moderniste radical. L'année suivante, il publie deux ouvrages de théorie de l'art ; "Le néo-primitivisme, sa théorie, ses possibilités, ses réalisations et les principes du cubisme et autres tendances de l'art mondial de tous les temps et de tous les peuples. Dans ces ouvrages, il défend la spontanéité de l'art populaire russe et du lubok (un style d'impression populaire), et prétend qu'il a des racines « orientales ». De 1913 à 1921, il participe aux expositions organisées par la revue Mir Iskusstva (Le Monde de l'Art). Pendant une brève période, il peint dans le style cubo-futuriste. Il fut appelé au service de l'armée en 1914, mais ne fut mobilisé qu'en 1917, peu avant la Révolution d'Octobre. Après cela, il a été rattaché à la « Section des arts plastiques », créée par le nouveau Commissariat du peuple à l'éducation (NARKOMPROS) et a été affecté à leur collège à Moscou, où il a contribué à diriger l'atelier d'art contemporain. Plus tard, il enseigna à Vkhutemas et, typique de l'époque, fut membre de nombreux comités gouvernementaux. En 1920, il est nommé à l' Institut de Culture Artistique.Tout au long des années 1920, il participe régulièrement à des expositions parrainées par l’État ; notamment la première exposition d'art russe à Berlin (1922). Au cours des années 1930, il voyage en Azerbaïdjan, en Géorgie et au Kazakhstan,  créant des œuvres orientalistes et rassemblant des preuves de sa théorie sur les origines de l'art russe. L'artiste tatar Baqi Urmançe était l'un de ses élèves. Après 1941, il dirige le département de peinture de l' Université textile d'État de Moscou. Dans ses dernières années, il fut accusé de « formalisme », mais put continuer à peindre.


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dimanche 10 mars 2024

Henri Matisse (1869-1954) - La Bouteille de Schiedam


Henri Matisse (1869-1954), La Bouteille de Schiedam, 1896. Collection Morozov


Henri Matisse (1869-1954),
La Bouteille de Schiedam, 1896.
Collection Morozov

Que voit on? Une des premières toiles de Matisse, peinte à l'âge de 27ans. Elle représente une bouteille à peine visible d'eau-de-vie à base de genièvre originellement fabriquée à Schiedam,  une ville hollandaise. La facture de cette nature morte est on ne peut plus classique. 

 Rappel biographique : Henri Matisse, peint son premier tableau, Nature morte avec livres et chandelle en juin 1890, à l'âge de 21 ans Peu après, il se rend à Paris. En 1892, il rencontre Albert Marquet à l'École des Arts déco puis s'inscrit en 1895, à l'École des beaux-arts, dans l'atelier de Gustave Moreau. L'enseignement du maître encourage ses élèves à penser leur peinture, à la rêver, au-delà de la virtuosité technique. Matisse, comme ses condisciples, Georges Rouault, Léon Lehmann, Simon Bussy, Eugène Martel, Albert Huyot ou Henri Evenepoel, est stimulé par cette conception de la peinture et entend développer la sienne selon son individualité. Gustave Moreau, lors d'une correction d'un de ses premiers dessins, lui dit : « Vous allez simplifier la peinture. » Cette prophétie artistique peut être considérée comme le programme esthétique de l'œuvre d'Henri Matisse. En 1896, Matisse expose pour la première fois au Salon des Cent et au Salon de la Société nationale des beaux-arts, dont il devient membre associé sur proposition de Pierre Puvis de Chavannes. Cette fonction lui permet notamment d'exposer sans passer par un jury. Il passe l'été à Belle-Île-en-Mer et rencontre l'Australien John Peter Russell, qui l'introduit auprès d'Auguste Rodin et Camille Pissarro. Il commence à s'intéresser à la peinture impressionniste qu'il découvre en 1897 au musée du Luxembourg. Il est alors un peintre classique de natures mortes réalistes aux textures amples. Pour gagner sa vie, Matisse et Marquet travaillent comme peintre décorateurs à la journée, pour les décorateurs de théâtre. En voyage à Londres, sur les conseils de Pissarro, Matisse découvre la peinture de Joseph Mallord William Turner, puis il part s'installer en Corse où il habite dans la Villa Rocca. A Ajaccio, il peint une cinquantaine de toiles dont Le Mur rose qui représente l'arrière de l'hospice Eugénie vu depuis la Villa de la Rocca. Matisse s'inspire alors de Turner. En 1899, il découvre le traité de Paul Signac, d’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme. À partir de 1900, Matisse travaille la sculpture et le modelage, à l'Académie de la Grande Chaumière, sous la direction d'Antoine Bourdelle et fréquente également l'atelier d'Eugène Carrière. Il y fait la connaissance d'André Derain et de Jean Puy. Derain lui présente Maurice de Vlaminck. Il expose au Salon des indépendants (1901) et participe à la première édition du Salon d'automne (1903)

La collection Morozov : Les frères Mikhaïl et Ivan Morozov, hommes d'affaire moscovites, ont constitué une collection extraordinaire d'œuvres d'art moderne d'artistes tels Picasso, Matisse, Gauguin, Van Gogh, Cézanne, Bonnard, Denis, Degas, ainsi que d'artistes russes (Vroubel, Chagall, Malevitch, Repine, Larionov, Serov...). Nationalisée lors de la révolution de 1917, la collection fut distribuée, après la Seconde Guerre mondiale, entre le musée de l'Ermitage (à Saint-Pétersbourg), le Musée des Beaux-Arts Pouchkine et la galerie Tretiakov (à Moscou). C'est grâce à la collaboration remarquable de ces musées russes que la Fondation Louis Vuitton présenta ce œuvres à Paris en 2021 et 2022. Il s'agissait d'un événement artistique exceptionnel puisque jamais cet ensemble d'œuvres n'avait été présenté hors de Russie.

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mercredi 6 mars 2024

Jan van Huysum (1682-1749) - Iris


Jan van Huysum (1682-1749) Iris Collection privée

 

Jan van Huysum (1682-1749)
Iris
Esquisse à l'aquarelle
Collection privée


Que voit on ? Une fleur isolée ce qui est plutôt rare chez ce peintre qui les peignait habituellement en bouquets très fournis. La preuve - s'il en fallait une  - que pour en peindre beaucoup il faut d'abord savoir en peindre une...de façon exceptionnelle !!!

Biographie : Jan van Huysum est un peintre néerlandais. Son père, Justus van Huysum, était un peintre réputé d’histoire, de portraits, de batailles, de marines ou de fleurs, et « ce qu’il y a de singulier, ajoute Descamps, c’est que ce peintre exerça tous ces genres sans être médiocre». Ainsi nourri dans la peinture, en relations journalières avec des peintres, son fils Jan ne fut pas longtemps sans manifester sa vocation. Lorsqu’il voulut être peintre, son père fut ravi de le voir suivre sa carrière et lui enseigna les premiers éléments du dessin.
C’était dans la peinture des fleurs que Justus van Huysum avait le mieux réussi. Jan résolut de cultiver le même genre et, dans le cours de son existence, il ne s’en éloigna guère que pour peindre ou pour dessiner quelques paysages qui ne servirent pas à sa gloire.
Jan van Huysum s’attacha principalement à étudier deux peintres de fleurs ses compatriotes, David de Heem et Abraham Mignon, qui étaient bien capables de l’instruire, mais qu’il surpassa. Dans les tableaux de ces artistes, dont quelques-uns sont au Musée du Louvre, les fleurs ont de la transparence et de la délicatesse, les fruits qu’on trouve mêlés à leurs bouquets les plus harmonieux ont de la fraîcheur, mais on n’y trouve pas l’art de l’arrangement savant et de l’enlacement gracieux que Jan Van Huysum possède au suprême degré. Personne mieux que lui n’a su rapprocher les couleurs qui s’accordent et éloigner celles qui ne s’accordent pas entre elles ; généralement il fait tomber la plus grande lumière au milieu de son tableau et il arrive doucement aux ombres et aux nuances les plus obscures par une dégradation successive des tons.
Van Huysum pouvait toujours, grâce au goût des fleurs si répandu en Hollande, avoir dans son atelier les modèles les plus rares et les plus beaux. Il retira de ses œuvres un grand profit : van Huysum ayant su se concilier la bienveillance, des plus riches citoyens de la Hollande, posséder un tableau de lui était devenu la preuve d’un goût fin et d’un esprit éclairé.
On rapporte que très jaloux des procédés qu’il employait, il ne supportait, dit-on, aucun témoin lorsqu’il était occupé à peindre. Une seule personne avait obtenu de le voir travailler : Margareta Haverman, qui, profitant des leçons du maître, ne tarda pas à lui inspirer la crainte qu’elle ne fit tort à sa réputation.
Cet esprit un peu envieux de Van Huysum, décrit au physique comme ayant « l’œil vif, la bouche fine et point du tout jalouse, le visage ovale, la physionomie spirituelle, peut-être même un peu moqueuse », quelques chagrins domestiques, la mauvaise conduite de son fils, le rendirent sombre et mélancolique et il ne voulut plus voir personne et vécut tout seul avec ses fleurs et ses fruits. Il travaillait sans cesse et toujours avec plus d’ardeur ; ses tableaux, à peine terminés, étaient déjà achetés et il n’en vendait pas plus que par impossibilité de suffire à toutes les commandes. Son frère Jacob van Huysum était également peintre.

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2011-2024 - Une Collection de Natures Mortes
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dimanche 3 mars 2024

LES TABLEAUX QUI PARLENT N°104 - Meret Openheim et sa tasse à poil 

Meret Oppenheim (1913-1985)
Le Déjeuner en Fourrure, 1936.
MoMA (New York)

Que voit on ? Une œuvre emblématique du mouvement surréaliste : une tasse, sa soucoupe et une petite cuillère recouvertes de fourrure de gazelle de Chine. La tasse est cachée, on peut seulement la deviner. Nous sommes en 1936 et en manufacturant cet objet, en lui appliquant un un glissement de sens, l'artiste suisse Meret Oppenheim remet en question l'utilité même des objets du quotidien. Ce sera la cas de beaucoup d'artistes du mouvement surréaliste. .


Liens à consulter en complément de lecture :

- Quelques Natures Mortes de Max Ernst
https://astilllifecollection.blogspot.com/search/label/Max%20Ernst%20%281891-1976%29 

- Quelques Natures Mortes de Dali
https://astilllifecollection.blogspot.com/search?q=Salvador%C2%A0Dali

- Quelques Natures Mortes de Magritte
https://astilllifecollection.blogspot.com/search?q=Ren%C3%A9%C2%A0Magritte

- Quelques Natures Mortes d'Oscar Dominguez
https://astilllifecollection.blogspot.com/search/label/Oscar%20Dominguez%20%281906-1957%29

- LES TABLEAUX QUI PARLENT N°34 - Magritte expose sa saucisse
https://www.youtube.com/watch?v=WYqriMfQu9I

- LES TABLEAUX QUI PARLENT N°57 - Dali et l'œuvre pain
https://www.youtube.com/watch?v=X28RyQ3gDQs

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2011-2024 - Une Collection de Natures Mortes
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samedi 2 mars 2024

Aimé Victor Barraud (1902 - 1954) - Nature morte aux mouvements de montre


Aimé Victor Barraud (1902 - 1954) Nature morte aux mouvements de montre, Huile sur toile, 1944 Collection privée



Aimé Victor Barraud (1902 - 1954)
Nature morte aux mouvements de montre
Huile sur toile, 1944
Collection privée

Que voit on ?  Une nature morte allégorie de la mort, les mouvements d'horlogerie signifiant le temps qui passe, et le papillon symbolisant la fugacité de l'existence.

Rappel biographique : Le peintre suisse Aimé-Victor Barraud a été affilié par les spécialistes de l'art au mouvement de la Nouvelle objectivité. Son père, sa mère et son grand-père maternel travaillaient comme graveurs et concevaient des décorations pour les boîtiers métalliques des montres de poche. La précision artisanale et le sens de la décoration étaient cultivés dans la famille et Aimé-Victor suivaient régulièrement des cours du soir dans la prestigieuse école d'art et d'artisanat local.
Dans sa carrière picturale, il s'est limité à un petit nombre de sujets, peignant principalement des portraits (y compris des autoportraits et des portraits doubles de lui-même et de sa femme), des nus, des natures mortes et quelques rares paysages. Grâce à un dessin précis et à des couleurs claires appliquées avec douceur, il a atteint un degré de réalisme extrême, voit même d'hyperréalisme avant la lettre. Il décrit souvent dans ses natures mortes un monde en putréfaction, l'un des symboles favori de ce genre pour décrire la vanité de la vie sur terre et sa fragile destinée.

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mercredi 28 février 2024

Michiko Kon / 今道子  (née en1955)- Boot of Shrimps

Michiko Kon (bn 1955) Boot of Shrimps Private collection


Michiko Kon / 今道子 (née en1955)
Boot of Shrimps
Private collection

Que voit-on ? Ce que le titre décrit c'est à dire une botte recouverte de crevettes dont une s'est visiblement échappée de la structure  Quatre roses couronnent cette nature morte emblématique de l'univers surrealiste de cette artiste japonaise.

  Rappel biographique : Michiko Kon (今道子)  est une photographe japonaise née en 1955 qui a étudié pendant deux ans au Tokyo Photographic College. Dans ses photographies, généralement en noir et blanc, influencée par le surréalisme, Michiko Kon associe aliments et objets ou vêtements dans des natures mortes. Certains commentateurs ont vu dans cet aspect de son œuvre une critique de la société de consommation et de l'atmosphère de la Bubble economy qui régnait au Japon dans les années 80 et 90. Cette interprétation a surpris la photographe elle-même. Dans d'autres photographies, Michiko Kon utilise le principe du collage pour placer des objets insolites au milieu de fleurs ou d'aliments. Depuis 2012, Michiko Kon intègre dans ces photographies de vieilles photos de famille ou des objets japonais anciens ; elle joue ainsi avec les concepts de nostalgie et entame un dialogue sur la vie, la mort et le passage du temps, ce qui est un des thèmes fondamentaux des natures mortes depuis l'Antiquité. Ses natures mortes peuvent être aussi vues et lues sous un angle tout simplement humoristique. 

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2011-2024 - Une collection de natures mortes
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dimanche 25 février 2024

LES TABLEAUX QUI PARLENT N°103 - Samba et Fruits Exotiques : les chefs-d'...

 
 
 Agostinho José da Mota (1824-1878)
Natureza morta com frutas
Pinacoteca do Estado de São Paulo
 
Une des premières natures mortes de fruits tropicaux jamais peintes. Car si les natures mortes étaient abondantes au 19 e siècle, personne n’avait encore représenté de fruits de tropiques autrement que sur des planches de bosniaques. Celle-ci au grand peintre Brésilien Agostinho José da Mota, quasiment encore aujourd'hui inconnu en Europe (à l'exception du Portugal peut être) auquel cette œuvre fut commandée par l'impératrice Teresa Cristina (née Marie-Therèse de Bourbon des Deux-Siciles) pour le palais de Petropolis dont elle entendait orner la salle à manger d'apparat de fruits exclusivement brésiliens... 
Pour en savoir plus écouter le podcast
 
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samedi 24 février 2024

Floris Verster (1861-1927) - Branche de Gui

Floris Verster (1861-1927), Branche de Gui, 1897 Museum De Lakenhal,Leiden.


Floris Verster (1861-1927),
Branche de Gui, 1897
Museum De Lakenhal, Leiden.

 
Que voit on ?
  Le gui (aussi appelé gui blanc ou gui des feuillus, même si on le trouve parfois et localement sur des résineux), Viscum album, est une espèce de plantes parasites (hémiparasite), qui ne possède pas de racines mais se fixe sur un arbre hôte dont elle absorbe la sève à travers un ou des suçoirs. Autrefois récolté par les druides, c'est en Europe une plante traditionnelle qui, avec le houx, sert d'ornementation pour les fêtes de Noël et de fin d'année. Les francophones l'appellent aussi bois de Sainte Croix, glu, verquet, blondeau, gu, vert de pommier, bouchon.

 
Rappel biographique : Le peintre néerlandais Floris Verster était issu d'une famille d'artistes. Son père, Abraham Florentius Verster van Wulverhorst, était un érudit, administrateur du Museum national d'histoire naturelle de Leiden et lui-même peintre ornithologique renommé. Son frère cadet, Cees, devint critique d'art puis conservateur du Stedelijk Museum De Lakenhal à Leiden.
Entre 1880 et 1884, Floris Verster poursuit ses études à la Royal Academy of Art de La Haye puis après avoir obtenu son diplôme, il suit des cours avec Amédée Bourson à Bruxelles.
Jusqu'en 1885 environ, il travailla dans le style de l' Ecole de La Haye. Les sept années suivantes, il expérimente la nature morte sous l'influence de son beau-frère et des peintres français Antoine Vollon et Théodule Ribot. On peut dire qu'il excella en tant que coloriste, avec un vision très passionnée des couleurs très différente du style habituel des peintres de l' Ecole de La Haye .
À Bruxelles, il rencontra Jan Toorop et d'autres membres du groupe d'artistes d'avant-garde Les Vingt. En partie sous leur influence, Verster commença à travailler à coups de pinceau rugueux et de couleurs intenses. Il connut un immense succès avec ses natures mortes exubérantes et ses véritables paysages floraux. Entre 1892 et 1900, son travail subit une métamorphose pour se consacrer presque entièrement aux dessins au crayon contenant. À partir de 1900, il commence à peindre et se positionne comme un artiste reconnu aux Pays-Bas. La plupart de ses œuvres, outre les collections particulières, se trouvent au Musée Kröller-Müller et au Musée Stedelijk De Lakenhalà Leiden.
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mardi 20 février 2024

Eugène Delacroix (1798-1863) - Iris et Vanité


Eugène  Delacroix (1798-1863) Iris et crâne Aquarelle et mine de plomb. 13,7 x 9,5 cm.  Musée du  Louvre, Paris
 
 
Eugène  Delacroix (1798-1863)
Iris et crâne
Aquarelle et mine de plomb. 13,7 x 9,5 cm. 
Musée du  Louvre, Paris 

 Que voit on ? Deux iris  plutôt noir que bleus et un crâne esquissé à la mine de plomb. L'embryon  d'une Vanité projetée par Delacroix, bien qu'on ne lui en connaisse aucune ?

Rappel biographique  : Le grand peintre romantique français Ferdinand-Victor-Eugène Delacroix  n'est a priori pas vraiment connu pour ses natures mortes ! Pourtant il en a peint au moins deux  (Nature morte aux homards  (1826-27) conservée aussi au Louvre) ) et pas forcément dans sa jeunesse lorsqu'il copiait les maîtres anciens dans les galeries du Louvre. 
On lui connait aussi  Bouquet de fleurs, (1824) conservée aujourd'hui au Musées des Beaux-arts de Chalon en Champagne qui  date d'avant sa période romantique que l'on situe généralement entre 1825 et 1831. 

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vendredi 16 février 2024

Amadeo de Souza-Cardoso (1897-1918 - Writing Machine,


Amadeo de Souza-Cardoso (1897-1918) Writing Machine, 1917


Amadeo de Souza-Cardoso (1897-1918)
Writing Machine, 1917

Que voit on?  Une nature morte cubiste avec pour sujet principale une machine à écrire.  

 
Rappel biographique :   Le peintre  portugais précurseur de l'art moderne, Amadeo de Souza-Cardoso, né dans une famille riche, préféra  aux études de droits auxquelles il était destiné, des études à l'aecole d'architecture. Cette formation ne le satisfaisant pas non plus, il partit pour Paris en 1906, s'installant à Montparnasse avec l'intention de continuer à étudier.  En juin 1907, il commence à se consacrer à la peinture et se considère déjà comme un artiste dans les lettres qu’il écrit à sa mère. Au cours de l’été, il part en Bretagne en compagnie de son collègue, le peintre Eduardo Viana.
En 1908, il s'installa au numéro quatorze de la Cité Falguière, l fréquentant des ateliers pour préparer l'École des beaux-arts et l'Académie Viti du peintre catalan Anglada Camarasa, mais ne fut pas admis. En 1910 il résida quelques mois à Bruxelles et, en 1911, il exposa des travaux au Salon des indépendants à Paris, se rapprochant peu à peu des avant-gardes et des artistes comme Amedeo Modigliani, Constantin Brancusi, Alexander Archipenko, Juan Gris et Robert Delaunay.
En 1909, il s’installe au 27, de la rue de Fleurus, à côté de l’appartement de Gertrude et Leo Stein. Cette même année, il fait la connaissance d’Amedeo Modigliani, dont il devient l’ami. Grâce à lui il rencontre Brancusi, Archipenko, ainsi que d’autres artistes de la communauté de la rue du Delta à Montmartre, soutenus par le médecin Paul Alexandre. À cette communauté, se joignent, entre autres, Henri Doucet, Albert Gleizes, André Le Fauconnier
En 1913, il envoie huit œuvres à l'Armory Show à New York, puis il retourne au Portugal, où il organise deux expositions, à Porto et à Lisbonne. Cette même année il participe également au Herbstsalon de la galerie Der Sturm à Berlin. En 1914, il rencontre Antoni Gaudí à Barcelone, et part à Madrid, où il est surpris par le début de la Première Guerre mondiale. Il retourne ensuite au Portugal, où il commence une brève carrière dans l'expérimentation de nouvelles formes d'expression, peignant avec une grande constance, au point de pouvoir, en 1916, exposer à Porto 114 œuvres sous le titre « Abstraccionismo ». Elles sont également exposées à Lisbonne, frappant dans l'un et l'autre cas par leur nouveauté et provoquant quelque scandale.
En 1914, Amadeo s’installe donc avec sa jeune épouse à la Casa do Ribeiro, dans l’atelier que son père et son oncle lui avaient construit. Le couple se rend à Lisbonne en décembre 1914 avec la ferme intention de retourner à Paris. Mais l’extension rapide du conflit dans les proportions que l’on connaît, et plus particulièrement l’aggravation quotidienne de la situation en France, retardent indéfiniment ce retour. Au cours de cette période, la production artistique d’Amadeo révèle de nouvelles modifications, avec des séries de tableaux très distinctes des voies qu’il avait développées jusqu’à l’été 1914.
Le cubisme qui se répandait dans toute l'Europe a représenté l'influence marquante dans son cubisme analytique.
Amadeo de Souza-Cardoso explora l'expressionnisme et ses derniers travaux expérimentèrent de nouvelles formes et de nouvelles techniques, comme des collages et d'autres formes d'expression plastique.
Le 25 octobre 1918, il meurt prématurément à Espinho, emporté par la grippe espagnole.

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vendredi 9 février 2024

Pierre Bonnard (1867-1947) - Nature morte au fond rouge

Pierre Bonnard (1867-1947) Nature morte au fond rouge Gouache, tempera et traces de crayon sur papier, 32.5 x 50.6 cm. Collection PrivéePierre Bonnard (1867-1947) Nature morte au fond rouge Gouache, tempera et traces de crayon sur papier, 32.5 x 50.6 cm. Collection Privée


Pierre Bonnard (1867-1947)
Nature morte au fond rouge
Gouache, tempera et traces de crayon sur papier, 32.5 x 50.6 cm.
Collection Privée

Que voit on ? Ce n'est pas la seule nature morte sur fond rouge que Bonnard peignit. C'était même une de ces coloris favoris surtout au petit déjeuner, ce qui semble être le cas ici puisque c'est bien d'un plateau de petit déjeuner dont il s'agit là !

Rappel biographique : le peintre français Pierre Bonnard est connu pour ses peintures de personnages, ses nus, ses portraits, ses paysages animés, ses intérieurs et ses natures mortes de fleurs et fruits. Bonnard est un artiste post-impressionniste, membre du groupe des Nabis qui regroupait autour de Paul Serusier, Paul René Piot, Henri-Gabriel Ibels, Maurice Denis, Édouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Paul Ranson, Jan Verkade, Félix Vallotton, Georges Lacombe, Mogens Ballin, József Rippl-Rónai, Charles Filiger, Adolf Robbi, ainsi que Georges Joseph Rasetti et le sculpteur Aristide Maillol. En réaction à l'impressionnisme, les Nabis veulent libérer leur peinture des exigences du réalisme : « Ensemble, nous avons méprisé l'école et les écoles, les rapins, leurs traditions, leurs farces et leurs bals inutilement nudistes. Ensemble nous nous sommes sérieusement amusés ». Les artistes nabis cherchent des voies plus spirituelles au contact de philosophies et de doctrines nouvelles teintées d'Orient, d'orphisme, d'ésotérisme, et de théosophie. Ils s'appliquent à retrouver le caractère « sacré » de la peinture et à provoquer un nouvel élan spirituel par le seul moyen de l'art.
Une fois devenu célèbre, Pierre Bonnard fut connu pour ne pouvoir s’empêcher de retoucher ses toiles une fois celles-ci achetées et exposées dans un musée. Ses amis appelaient ça « bonnarder » ou « bonnardiser ». Un journaliste relate cette attitude devenue visiblement coutumière. « Au musée de Grenoble et au Musée du Luxembourg, il arriva à Bonnard de guetter le passage d'un gardien d'une salle à l'autre, de sortir d'une poche une minuscule boîte garnie de deux ou trois tubes et, d'un bout de pinceau, d'améliorer furtivement de quelques touches un détail qui le préoccupait. Et, son coup fait, de disparaître, radieux, comme un collégien après une inscription vengeresse au tableau noir. »

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lundi 5 février 2024

Paul Cézanne (1839-1906)-La pendule de marbre noir


Paul Cézanne (1839-1906) La pendule de marbre noir, 1870 Huile sur toile 54 x 73 cm Collection Stavros Niarchos, Athènes

Paul Cézanne (1839-1906)
La pendule de marbre noir, 1870
Huile sur toile 54 x 73 cm
Collection Stavros Niarchos, Athènes

Que voit on ? Posée derrière un linge blanc aux étranges plis noirs, ponctuant une composition presque surrealiste où coquillage bénitier, tasse à café, citron, vase de cristal et miroir se disputent l'espace, on en oublierait presque que cette pendule de marbre noir possède une singularité : elle n'a pas d'aiguilles et donc elle ne marque pas que pas le temps.

 
Rappel biographique :
Les natures mortes furent un des thèmes favoris de Paul Cézanne, elles lui permirent de construire ses tableaux, d'approfondir les rapports entre les vides et les pleins, les figures et les fonds. Pour Cézanne, la nature morte est un motif comme un autre, équivalent à un corps humain ou à une montagne, mais qui se prête particulièrement bien à des recherches sur l'espace, la géométrie des volumes, le rapport entre couleurs et formes. Dans ces natures mortes, Cézanne place des objets de peu, faits à la main par l'artisanat local et paysan, et il les peints plus grands que nature en en accentuant les défauts, avec des torchons, nappes, fruits ou fleurs, le tout placé sur un coin de table. Incomprises en leur temps, ses natures mortes sont ensuite devenues l'un des traits caractéristiques de son génie. Les pommes sont un des éléments, avec les vases, qui forment ses « obsessions picturales ». Pour les philosophes, elles participent à l'établissement de sa personnalité et à sa quête de l'être. Les natures mortes, et notamment les pommes, sont le signe de sa nouvelle conquête picturale.


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vendredi 2 février 2024

Édouard Manet (1832-1883) - Nature morte aux Pivoines et autres fleurs

Édouard Manet (1832-1883) Nature morte aux Pivoines et autres fleurs c.1880 Museum Boijmans van Beuningen.


Édouard Manet (1832-1883)
Nature morte aux Pivoines et autres fleurs c.1880
Museum Boijmans van Beuningen.

Que voit-on ?  Ce que décrit le titre... et surtout ce qu'il ne décrit pas : une splendeur absolue de Manet !

Rappel biographique : Le peintre français Édouard Manet est un peintre majeur de la fin du 19e siècle, initiateur de la peinture moderne qu'il libère de l'académisme, C'est une erreur de considérer Édouard Manet comme l'un des pères de l'impressionnisme : il s'en distingue en effet par une facture soucieuse du réel. Manet n'utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière, utilisées par les impressionnistes. Il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre (sujets espagnols et odalisques entre autres). On a beaucoup dit que lorsque Manet avait peint des natures mortes, c'était surtout pour des raisons financières qu'il l'avait fait. Il avouait lui-même avoir plus de facilités à les négocier que ses portraits. Cela ne signifie pas qu'elles aient été d'un intérêt mineur pour lui bien au contraire : la scénographie qu'il impose à ses natures mortes est tout simplement prodigieuse, qu'il s'agisse de solo comme Le citron ou L'asperge ou de mise en scène collectives comme dans Fruits sur la table ou Le Panier de fruits ou d'hommage à d'illustres maitres comme cet hommage à Chardin
Manet aimait authentiquement les natures mortes : « Un peintre peut tout dire avec des fruits ou des fleurs, ou des nuages seulement », affirmait-il. Une part non négligeable de son œuvre est consacrée à ce genre, avant 1870 surtout puis dans les dernières années de sa vie où la maladie l'immobilise dans son atelier. Certains éléments de ses tableaux constituent de véritables natures mortes comme le panier de fruits dans Le Déjeuner sur l'herbe, le bouquet de fleurs dans Olympia ou le pot de fleurs, la table dressée et différents objets dans Le Petit déjeuner dans l'atelier. Il en va de même dans les portraits avec le plateau portant verre et carafe dans le Portrait de Théodore Duret ou la table et les livres dans le Portrait d’Émile Zola. Mais les natures mortes autonomes, qui se revendiquent comme telles, ne manquent pas dans l’œuvre de Manet !
Considérant l'importance de la nature morte chez Manet, beaucoup – et cela dès les années 1890 – y ont vu la marque la plus évidente de la révolution qu'il accomplissait, l'avènement d'une peinture uniquement préoccupée d'elle-même et débarrassée de la tyrannie du sujet. En refusant toute hiérarchie à l'intérieur même du tableau, en donnant autant d'importance à l'accessoire qu'à la figure, Manet assurément rompait avec les règles académiques. (...) Comme Cézanne et comme Monet qu'il influencera, Manet trouvait dans la nature morte, obéissante et disponible, un laboratoire d'expériences colorées dont il répercutait aussitôt les trouvailles dans d'autres compositions ; comme Cézanne et comme Monet, il dit cette curieuse obsession de l'éclatante blancheur et voulut peindre lui aussi ces tables servies avec leurs nappes blanches "comme une couche de neige fraîchement tombée" (Nature morte avec melon et pêches, National Gallery of Art, London). Manet, peintre de natures mortes, a médité les grands exemples anciens, celui des Espagnols et de leurs bodegones, celui des Hollandais et bien sûr celui de Chardin. Dans les années 1860, il joue des franches oppositions du noir et du blanc, bois sombre de la table, éclat d'une nappe ou serviette sur lesquelles il dispose ses notes colorées.
A sa mort, Édouard Manet laisse plus de 400 toiles, des pastels, esquisses et aquarelles. Ses œuvres sont aujourd'hui visibles dans les plus grands musées du monde.

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2011-2024 - A Still Life Collection
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lundi 29 janvier 2024

William Nicholson (1872-1949) - The Nailsea Jug

William Nicholson (1872-1949) The Nailsea Jug Oil on canvas, 1920 Private Collection


William Nicholson (1872-1949)
The Nailsea Jug
Oil on canvas, 1920
Private Collection

Que voit-on ?  Posé sur une pile de cahiers dont l'un est enrubanné,un vase en céramique imitant l'écaille d'une tortue de mer.

Rappel biographique : Le peintre britannique Sir William Nicholson est surtout connu pour les illustrations qu'il a réalisées pour des livres destinés à la jeunesse. Il illustra ainsi notamment Peter Pan de J.M. Barrie au tournant du 20e siècle. A partir de 1900, encouragé et protégé par Whistler, il se consacre à la peinture et commence à exposer ses premières toiles, essentiellement des portraits, des natures mortes et des paysages. Et ce fut une très grande réussite !

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2024 - A Still Life Collection / Une inépuisable collection de natures mortes
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vendredi 26 janvier 2024

Stuart Davis (1894-1964) - Still Life with Saw



Stuart Davis (1894-1964) Still Life with Saw, 1930 Oil on canvas, 26 x 34 in. The Phillips Collection, Washington


Stuart Davis (1894-1964)
Still Life with Saw, 1930
Oil on canvas, 26 x 34 in.
The Phillips Collection, Washington 

 Stuart Davis, est un peintre américain. Davis a étudié la peinture avec Robert Henri, le chef du groupe d'artistes modernes The Eights ; il était l'un des plus jeunes peintres à exposer dans l'exposition controversée de l'Armory Show en 1913, où il montre cinq toiles. Pendant cette exposition, on pouvait voir aussi des travaux d'artistes tels que Vincent van Gogh et Pablo Picasso, ainsi que Marcel Duchamp. Il collabore au magazine progressiste The Masses. Devenu un artiste « moderne », influencé par le fauvisme pour les couleurs et par le cubisme pour la forme, il fut un des membres important du cubisme en Amérique. Il est probablement plus célèbre pour ses natures mortes et ses paysages abstraits; sa représentation d'objets ou de thèmes liés à la vie quotidienne, tels que des paquets de cigarettes Lucky Strike (1921) ou la série des « batteurs à œufs » (1927), font de Stuart Davis un annonciateur du Pop Art. Plus tard, ses toiles seront influencées par le jazz, comme Swing Landscape (1938) et The Mellow Pad( 1951), où les couleurs et la texture sont davantage affirmées. Davis est décédé d'un infarctus à New York le 24 juin 1964, à l'âge de 71 ans.  

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2024 - A Still Life Collection / Une inépuisable collection de natures mortes
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lundi 22 janvier 2024

Yves-Brayer (1907-1990) - Nature morte au filet et à la nasse

Yves-Brayer (1907-1990) Nature morte au filet, 1976 Collection privée


Yves-Brayer (1907-1990)
Nature morte au filet et à la nasse, 1976
Collection privée 

 Que voit on ? Une nature morte a sujet de pêches fleurant bon le sud et la bouillabaisse et ayant sans doute servi à illustrer un roman de  Pagnol ou de Giono.

 Rappel biographique : Yves Brayer est  est un peintre, graveur, illustrateur et décorateur de théâtre français. Fidèle à la tradition de l'art figuratif, il est l'un des maîtres de l'École de Paris. Utilisant une grande variété de techniques, il est l'auteur d'une abondante production de paysages mais aussi de grandes compositions, figures et natures mortes.
Son goût pour le graphisme l'entraîne  à pratiquer la technique de la gravure sur cuivre et de la lithographie. Ainsi, il réalise de nombreuses estampes et illustre des livres à tirage limité sur des textes de Blaise Cendrars, Henry de Montherlant, Baudelaire, Paul Claudel, Jean Giono, Frédéric Mistral, Marcel Pagnol, etc... Yves Brayer est aussi l'auteur de décorations murales, de cartons de tapisseries, de maquettes de décors et de costumes pour le Théâtre-Français, et les opéras de Paris, Amsterdam, Nice, Lyon, Toulouse, Bordeaux ou Avignon.
Ses expositions particulières ont rendu ses œuvres familières dans de nombreux pays : à Paris tout d'abord puis en France, en Europe et aux États-Unis. En 1977, la Bibliothèque nationale de France organise une exposition « Yves Brayer, Graveur » pour son soixante-dixième anniversaire, et le musée de La Poste à Paris lui consacre une exposition de ses œuvres lors de la parution du timbre en 1978. Le musée Marmottan lui rend hommage en 1993 et le musée des Années Trente à Boulogne-Billancourt célèbre son centenaire en 2008.
En 1960 est ouvert le premier musée Yves-Brayer dans la salle d'honneur de la mairie de Cordes-sur-Ciel. Depuis 2006, ces œuvres font partie des collections du nouveau musée d'art moderne et contemporain situé dans la belle maison gothique dite « du Grand Fauconnier », aux côtés d'œuvres de Picasso, Léger et autres, issues de la donation André Verdet. Enfin un musée Yves Brayer est inauguré en 1991 aux Baux-de-Provence dans une demeure de la fin du 16e siècle, proche de la chapelle des Pénitents Blancs qu'il avait décorée quelques années plus tôt.

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 2024 - A Still Life Collection / Une inépuisable collection de natures mortes
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vendredi 19 janvier 2024

William Nicholson (1872-1949) - Silver

William Nicholson (1872-1949) Silver, 1938 Collection privée

William Nicholson (1872-1949)
Silver, 1938
Collection privée

 Que voit on ? Une nature morte avec argenterie  que l'on vient de déballer de son papier de soie apparemment...  

Rappel biographique : Le peintre britannique Sir William Nicholson est surtout connu pour les illustrations qu'il a réalisées pour des livres destinés à la jeunesse. Il illustra ainsi notamment Peter Pan de J.M. Barrie au tournant du 20e siècle. A partir de 1900, encouragé et protégé par Whistler, il se consacre à la peinture et commence à exposer ses premières toiles, essentiellement des portraits, des natures mortes et des paysages. Et ce fut une très grande réussite !

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lundi 15 janvier 2024

María Izquierdo (1902-1955) - Naturaleza viva

 

María Izquierdo (1902-1955) Naturaleza viva Oil on canvas Meadows Museum at Southern Methodist University, Dallas TX

María Izquierdo (1902-1955)
Naturaleza viva
Oil on canvas
Meadows Museum at Southern Methodist University, Dallas TX

Que voit on ? Un mélange de pastèques tranchées, de fruits de mer et de fruits exotiques aux couleurs vives, le tout jetés à même le sol terreux d'un paysage désolé, le long d'un mur comme il en existe beaucoup au Mexique. Peut être tout simplement une nature morte de déchets?

Rappel biographique : María Cenobia Izquierdo Gutierrez est une peintre mexicaine. qui  fut la première  à exposer ses œuvres hors du Mexique dès 1930. Son œuvre se caractérise par l'emploi de couleurs intenses, et des thématiques qui vont de l'autoportrait, des paysages et des natures morte, au surréalisme.
Elle entre à l'École nationale des Beaux-Arts, en janvier 1928. Au Palais des beaux-arts de Mexico, des peintres tenaient une galerie d'art, où a lieu la première exposition de María Izquierdo, qui a les honneurs de la presse de l'époque. L'introduction du catalogue a pour auteur Diego Rivera, qui dirigeait déjà l'École nationale des Beaux-Arts. Dans ce texte, il souligne la maturité de la jeune peintre, qu'il décrit comme l'un des meilleurs éléments de l'Académie, "une valeur sûre, sûre et concrète". A cette époque, c'est surtout l'influence du peintre mexicain Rufino Tamayo que l'on peut déceler dans la de la peinture d'Izquierdo ; cela peut s'expliquer par la relation professionnelle intense et par la relation amoureuse qui s'est poursuivie entre eux de 1929 à 1933.
En 1930, l'Art Center Gallery de New York accueille la première exposition individuelle aux États-Unis de María Izquierdo montrant 14 de ses huiles, dont des natures mortes, des portraits et des paysages, faisant ainsi d'elle la première femme peintre mexicaine exposée hors de son pays. La même année, l’American Federation of Arts présente au Metropolitan Museum of Art une exposition d'art populaire et de peinture mexicaine, qui inclut, entre autres, des œuvres de Rufino Tamayo, María Izquierdo, Diego Rivera et Agustín Lazo.

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jeudi 11 janvier 2024

Wayne Thiebaud (1920-2021) - Cake


Wayne Thiebaud (1920-2021) Cake Private collection


Wayne Thiebaud (1920-2021)
Cake, 2015
Private collection

Que voit on?  Beaucoup de matière  pour ce gâteau moins réaliste que les autres peintres de Thiebaud mais tout aussi appétissant.

Rappel biographique : Le peintre américain Wayne Thiebaud, dont une célèbre toile avait été publiée au début de ce blog en 2014, est un artiste discret, de plus en plus considéré comme un des artistes majeurs du mouvement hyper-réaliste et comme le précurseur du Pop Art.
Le travail de Wayne Thiebaud se caractérise par des peintures d'objets alimentaires de grande consommation, comme des pâtisseries, de la fast food ou des objets de consommation courantes vues dans dans les vitrines des cafétérias ou dans le rayons des grands magasins.  Son premier emploi  fut un job de serveur à Long Beach, dans le café « Mile High and Red Hot » (Glace et hot-dog) qui le amrqua durablement !  Son intérêt pour les objets du quotidien, confondus ensuite avec ceux de la culture de masse, associa immédiatement son nom au mouvement du Pop-Art. Une fois éteint le tapage médiatique autour du pape supposé  du pop art (Andy Warhol), on remarqua - non sans stupeur - que les œuvres de Wayne Thiebaud, effectuées dans les années 50 et 60 étaient légèrement antérieures à celles de Warhol et des autres artistes de ce mouvement, mais n'en portaient pas encore le nom ! De là à lui attribuer une influence définitive comme précurseur dumouvement, il n'y avait qu'un pas qui, aujourd'hui, est enfin franchi avec justice !
Outre les pâtisseries, Wayne Thiebaud,a également peint des paysages, des rues, ainsi que des personnages populaires, comme Mickey. Certaines de ses toiles récentes, comme Sunset street (1985) ou Flatland river (1997) sont remarquables pour le traité hyper réaliste, et se rapproche du travail d'un Edward Hopper, qui était tout aussi fasciné par ces scènes du quotidien américain.
Dans sa peinture, Wayne Thiebaud se concentre sur la banalité de façon à suggère l'ironie et la distance vis-à-vis de son sujet.
Wayne Thiebaud,se considère comme un peintre, mais paradoxalement pas comme un artiste. C'est un lecteur vorace, qui a l'habitude de lire de la poésie, celle de son poète préféré William Carlos Williams par exemple, à ses élèves.
En septembre 2010, alors qu'il fêtait son 90e anniversaire,  Wayne Thiebaud, réalisa un dessin pour le 12e anniversaire de Google qui l'afficha sur sa page d'accueil. Le dessin était exécuté dans le style bien reconnaissable de Wayne Thiebaud, et montrait un gâteau sur lequel est écrit Google et où le "l" était remplacé par une bougie.

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