Andy Warhol (1928-1987)
Still-life with telephones
Polaroid exhibition N°10, (1977-1983)
Que voit-on ? Des combinés de téléphones en bakélite des années 70 photographiés par
le procédé Polaroid ® dont le propre est de perdre assez rapidement ses
coloris au fil des années. Media très éphémère, tous les polaroids
encadré d'un rebord blanc, ont la même dimension à savoir 62 x 62 mm.
Rappel biographique : On ne présente plus l'artiste américain
Andy Warhol,
pape du Pop art, (Pope of the pop), sujet de multiples expositions,
livres, et films avant et depuis sa mort... Warhol est généralement
reconnu comme l'un des très grands artistes du 20e siècle. Avec lui la
nature morte peut prendre toutes les formes humoristiques imaginables
(et même inimaginables!) des célèbres boîtes de Campbell soup à des
oeufs en forme de pastilles colorées (déjà publiés dans ce blog), en
passant par des trèfles à 4 feuilles traitées façon capucines et vendus
en rouleaux de papier peint. Warhol iconoclaste adoré de son vivant par
les grands de ce monde, les élites intellectuelles, les stars
d'Hollywood et les riches aristocrates anglos saxons qu'il aimait
malmené, était en fait un puritain, très religieux et assez " coincé
"...
Tout commence pour lui au début des années 1960, lorsque
publicitaire déjà reconnu, il utilise dans ses dessins une technique
directe sur du papier hydrofuge et repasse les contours avec de l'encre
encore humide sur des feuilles de papier absorbant, en adoptant le vieux
principe du buvard. Bien qu'à cette époque, beaucoup d'artistes soient
illustrateurs publicitaires pour des entreprises, tous le font
discrètement. Pour Warhol, c'est le contraire : il est tellement connu
en tant que publicitaire que son travail artistique n'est pas pris au
sérieux. Il présente dans une galerie quelques-unes de ses œuvres, mais
c'est un échec. Reconsidérant alors son travail alimentaire et son
travail de peintre, plutôt que de les opposer, il pense à les réunir. Il
a l'idée d'élever les images de la culture populaire au rang de l'art
élitiste, rejoignant ainsi les artistes du pop art, mouvement lancé à
Londres au milieu des années 1950 par Richard Hamilton et Eduardo
Paolozzi, qui l'expérimentent indépendamment les uns des autres. Si Roy
Lichtenstein et Jasper Johns en sont les pionniers, Andy Warhol en sera
véritablement le pape.
En 1963, il adopte la technique qu'il utilisera pour ses œuvres les plus célèbres : la photographie sérigraphiée sur toile.
Les photographies simplifiées en noir et blanc, sans gris, sont
imprimées en sérigraphie sur la toile peinte de grands aplats de
couleurs. Le motif est parfois reproduit plusieurs fois sur la toile,
comme un motif de papier peint. C'est le stéréotype du pop art.
Ses motifs de prédilection sont des noms célèbres de marques déposées, le symbole du dollar, les visages de célébrités...
Le thème des Comics, qui avait d'abord intéressé l'artiste, était déjà
largement exploité par le peintre Roy Lichtenstein qui en avait fait sa
marque de fabrique. Jasper Johns avait choisi la typographie. Pour se
démarquer, Warhol comprit qu'il devait lui aussi trouver sa marque. Ses
amis lui ayant conseillé de peindre ce qu'il aimait le plus, il choisit
de représenter les conserves de Campbell's Soup, pour sa première
exposition majeure. Les boîtes de Campbell's Soup ouvertes ou neuves,
rouillées, aux étiquettes déchirées, uniques ou multipliées, en séries,
en damiers, seront le thème récurrent de Warhol. Pour lui, l'image, son
pouvoir au sein de la société de consommation est en lien avec la mort.
La répétition de la figure se rapporte souvent à son extinction. Le
choix des sujets est en rapport avec cette obsession de la mort, y
compris pour les toiles célèbres sérigraphiées de Marilyn Monroe
(peintes après sa mort, notamment les Diptyque Marylin) ou de Liz Taylor
(peinte alors que l'actrice était gravement malade), icônes
reproductibles à l'infini qui deviennent des images de consommation.
Dans les dernières années de son œuvre, Warhol presque peintre
officiel, appliquera son style à de nombreux portraits de commande, tout
en continuant à expérimenter d'autres techniques picturales dans ses
séries Shadows, Oxydation paintings, et ses reprises de toiles de
Botticelli ou de Léonard de Vinci.
_________________________________________
2024 - Une collection de natures mortes
Un blog de Francis Rousseau depuis 2011