samedi 12 janvier 2019

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Nature morte au Menu de Gras



Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)  
Nature morte au Menu de Gras 
Musée du Louvre, Paris 

Que voit-on ? Ce tableau est le pendant de pendant de   Nature morte au Menu de Maigre, peinte en 1731 et l'une des premières natures mortes publiées sur sur ce blog il y 5 ans.
Sur un entablement de pierre, celui d'une cuisine, de gauche à droite au premier plan de l'entablement : divers éléments, se répondant d'un tableau à l'autre : au  gril du Maigre répond la marmite du Gras; aux poissons répond la pièce de viande pendue à un croc de boucher ;  plusieurs pots en céramique vernissée et verreries sombres permettent dans l'un et l'autre des tableaux le même jeu sur les contrastes de matières. Autre élément commun au deux tableaux :  le pilon de  bois, ici au premier plan à gauche, servant sans doute à attendrir les aliments.
De 1730 à 1758, Chardin va étudier les " menus de gras et de maigre " dans plus de 150  oeuvres !
Si on le dit inspiré par les hollandais, à leur différence il n'estompe pas sa touche mais étale une pâte sèche qui reste visible sous forme de traces granuleuses ; il parsème ainsi sa toile de petits éclats lumineux qui nuisent un peu à la lisibilité de l'oeuvre, " mais la composition est parfaitement équilibrée selon un jeu savant de droites et d'obliques, de saillis et de creux, de clairs et de sombres. Ce tableau est un des premiers essais de l'artiste et un des plus réussis " écrit P. Rosenberg (Cf. exposition 1999-2000).

Rappel biographique :  Jean-Baptiste-Siméon Chardin est considéré comme l'un des plus grands peintres français et européens du 18e siècle. Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, il est aussi  reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maitre incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre.  Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.

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2019 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau

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