Cornelis Norbertus Gijsbrechts (ca 1630 - c. 1675)
Trompe l'œil with Riding Whip and Letter Bag, 1672
Trompe l'œil avec cravache et sac postal, 1672
Statens Museum for Kunst, Copenhagen
Que voit-on ? C'est un trompe-l'œil au sujet assez inhabituel que propose ce maitre hollandais du genre. Tout droit sorti d'une relais de poste, il présente sur une paroi en planches (sans doute une paroi d'écurie), de gauche à droite : un fouet dont on aperçoit le manche en corne de sanglier et la lanière courte, prête à siffler dans l'air mais ici repliée momentanément autour d'un clou ; un sac postal remplis de lettres qui attendent d'être distribuées ; une bourse en cuir gris dont le bouchon indique qu'elle contient plutôt un liquide que des pièces d'or ou d'argent ; une cravache pendue par son manche en bois à un clou. Faisant le lien entre tous ces éléments, une grande écharpe fermement attachée au sac postal et qui devait se porter en bandoulière. Cette écharpe est aux couleurs (rouge blanche et... bleu) du Prinsenvlag ou « bannière des princes », emblème des Pays Bas, dès 1409-1410 sous le règne de Guillaume VI d'Orange. La nature morte en trompe-l'œil représente donc sans doute l'attirail d'un courrier officiel, que l'on désignerait aujourd'hui sous le nom de ... facteur !
Rappel biographique : Bien que les informations biographiques concernant ce très grand peintre soient encore de nos jours, très parcellaire, on peut toutefois établir de façon certaine que c'est bien à Copenhague qu'il a fait une grande partie de sa carrière. Directeur d’une maison d’enchères, il y fit vendre un bon nombre de ses tableaux, marqués par son inimitable maîtrise du trompe-l’oeil.
Franc-maitre de la guilde de Saint-Luc à Anvers en 1659, Cornelis Norbertus Gysbrechts fut peintre de la cour du roi de Danemark, Christian V, à Copenhague entre 1670 et 1672.
La plupart des 22 toiles de Gijsbrechts a peintes à Copenhague étaient destinées à la Chambre du Roi. Le Cabinet Royal des Curiosités comprenait entre autres une «Chambre de Perspectives» qui présentait une sélection d'œuvres en trompe-l'œil, de boîtes à perspectives, d'anamorphoses et de peintures architecturales réalisées à partir de la perspective centrale. Ces oeuvres ludiques et pleines de surprises innovantes (notamment des images tridimensionnelles dans des boîtes à perspectives) avaient un aspect magique pour qui les regardaient en 1690. On sait aujourd'hui que 15 parmi les 29 peintures de la Chambre de Perspectives furent réalisées par Gijsbrechts. C'est d'ailleurs encore, de nos jours, le Danemark qui conserve la plus importante collection d'oeuvres de Goosbrechts au monde. D'un point de vue stylistique, Gijsbrechts fut influencé par Jan Davidsz de Heem mais son approche des compositions va bien au-delà de cette influence et en fait a bien des égards un précurseur de biens des mouvements futurs.
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2020 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
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