lundi 15 juin 2015

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779), Nature morte avec théière, raisins, noix et poire


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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Nature morte avec théière, raisins, noix et poire
Musée du Louvre, Paris, France

Que voit-on ?  De gauche à droite, posées sur un entablement de pierre : trois noix ;  une théière en porcelaine blanche ; deux grappes de raisins et leurs sarments, l'une débordant de l'entablement (effet connu pour permettre de marquer la profondeur de champ), l'autre masquant un poire située dans le fond du cadre. A droite du cadre:  un unique grain de raisin ponctue cette composition qui avait commencé par trois noix. La signature est apposée sur l'entablement à gauche du cadre sous les trois noix. A la profusion des premières natures mortes, Chardin préfère, dans ses oeuvres de la maturité, ne montrer qu'un petit nombre d'objets dans un cadre dépouillé, et concentrer ses effets par une composition claire et architecturée. Dans cette oeuvre, Chardin s'attache au problème de la traduction de la lumière sur des textures variées : brillante et lisse (raisin), veloutée et mat (poires), transparence (porcelaine). La lumière caresse la surface des fruits, efface les contours et enveloppe les objets d'une douce atmosphère. Suggestion de la matière plus que description illusionniste, la peinture de Chardin a ce pouvoir merveilleux de donner à sentir autant qu'à voir.

Rappel biographique : Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre.  Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.

2015 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

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