mardi 11 octobre 2016

Juan Gris (1887‑1927) - Nature morte avec une guitare


Juan Gris (1887‑1927)
Nature morte avec une guitare, 1925 
Museum of Fine Arts, Boston

Que voit on ? Dans une composition très cubiste, posée sur un napperon de feutrine vert et cadrée en plein centre, une guitare s'adosse sur deux partitions superposées. A gauche : une bouteille à moitié pleine et un  journal dont on aperçoit un fragment du titre. A droite : le bleu du ciel au travers d'une fenêtre qui ressemble à un cadre et un compotier très géométrique dans lequel 4 poires bleues attendent.

Rappel Biographique : Le peintre espagnol Juan Gris vécut et travailla en France à partir de 1906, où il fut proche du mouvement cubiste mais occupa une place très à part dans la peinture de son temps, sans doute toujours dans l'ombre de Picasso qui l'aurait volontiers  " éliminé de la carte "  selon les dires de Gertrude Stein. Salvador Dali disait de lui : « Juan Gris est le plus grand des peintres cubistes, plus important que Picasso  parce que plus vrai.  Picasso était constamment tourmenté par le désir de comprendre la manière de Gris dont les tableaux étaient techniquement toujours aboutis, d'une homogénéité parfaite, alors qu'il ne parvenait jamais à remplir ses surfaces de façon satisfaisante, couvrant avec difficulté la toile d'une matière aigre. Il interrogeait sans cesse : « Qu'est-ce que tu mets là ? — De la térébenthine. » Il essayait le mélange, échouait, abandonnait aussitôt, passant à autre chose, divin impatient. »
Aujourd'hui Juan Gris apparait comme un génie injustement resté dans l'ombre. Il a peint quasiment autant de natures mortes que de paysages ou de portraits.

Jusqu’en 1920, sa peinture est encore marquée par l’Espagne, celle des natures mortes de l’école de Séville des 16e-17e siècles – d’un Sanchez Cotan, d’un Valdes Léal ou d’un Zurbaran, par exemple – Gris aime profondément ces peintures des « blancs chartreux qui, dans l’ombre, glissent silencieux sur les dalles des morts ». Des blancs contrastant avec les noirs, il va donc tirer le parti le plus fort. Les œuvres des années de guerre 1916-1917 se distinguent par une sobriété, une austérité toutes particulières des couleurs sombres autant que des motifs : « C’est bien là cette ardeur castillane qui s’habille de noir, s’interdit tout éclat, et qui paraît de la froideur à un observateur superficiel », écrit Kahnweiler. Et Maurice Raynal de renchérir : « Toute l’Espagne est dans son œuvre : l’Espagne des tons livides, sulfureux et sombres du Greco, de Zurbaran, de Ribera, de Herrera. Rien ne servait davantage la notion du tableau-objet en soi que les choses les plus simples, les plus humbles et les plus maniables, auxquelles ils feront subir toutes les déformations possibles pour réaliser la plénitude de cet « objet ». 

2016 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

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