Ecole française, vers 1640
Nature morte aux livres, étui en plumes, encrier et tulipe
Huile sur toile 50 x 65,5 cm
Collection privée
Que voit on ?
Une vanité composée de livres, d'un étui à plumes à écrire, d'un encrier, d'une
lettre et d'une tulipe. Chacun des éléments symbolise à sa façon la
fugacité de la vie. Les livres symbolisent la variété des connaissances
humaines, qui seront bientôt soit ignorées soit dépassées. Le livre
ouvert présente une charte de 1640 destinée à souligner la futilité d'un tel édit face à la marche inexorable du temps. L'étui de plume, l'encrier et la lettre soulignent l'impermanence de la pensée et de l'effort humain. La tulipe souvent présente dans les Vanités reflète une beauté acquise à grand frais, évocation du terrible épisode du crash du marché de ses bulbes en 1637. Car bien que la tulipomanie soit généralement associée à la Hollande, cette catastrophe financière affecta et traumatisa toute l'Europe du XVIIe siècle.
Rappel historique : Au XVIIe siècle beaucoup de tableaux n 'était pas signés et reflétait plus le statut d'artisan qu'avait alors les peintres que le statut d'artiste et d'individualité que nous leur connaissons aujourd'hui.
Henri Delaborde résume l'histoire de la peinture française du XVIIe siècle et du XIXe siècle à l'histoire de ce qu'on appelle l'« Académie ». Il remarque que l'Italie ne met aucun dogme fixe en place, tandis qu'en France, les progrès de l'art ont un caractère collectif. Selon l'historien de l'art Pierre Rosenberg, Richelieu serait le « vénérable fondateur de l'Académie ». De fait, une première politique culturelle est mise en place sous le règne de Louis XIII, qui organise le mécénat monarchique. L'influence de Simon Vouet est alors décisive avec l'introduction du principe du modèle vivant dans l'Adadémie En 1648, l'Académie royale de peinture et de sculpture voit le jour, à l'initiative de treize fondateurs, parmi lesquels Charles Le Brun, Eustache Le Sueur, Laurent de La Hyre et Juste d'Egmont ; huit d'entre eux ont séjourné en Italie. Les peintres de cour à l'origine de l'Académie s'inscrivent en réaction à la tentative des corporations de s'assurer le contrôle de leur art. Cependant, une division est instaurée entre les ateliers, où l'on apprend la pratique, et l'Académie royale, théorique et intellectuelle.
En 1666, l'Académie de France à Rome voit le jour : les lauréats du grand prix de l'Académie se voient offrir la possibilité d'y séjourner grâce à une bourse.
Avec la création et le développement de l'Académie, les peintres ne se limitent plus au statut d'« artisans », ils deviennent des artistes ; ils ne sont plus rémunérés au mètre produit, mais en fonction de leur notoriété. La nouvelle conception de l'art développe la notion d'originalité et la notion de « signature artistique ». La lecture du pictural promue par Nicolas Poussin trouve sa pleine expression dans les conférences publiques initiées par l'Académie royale de peinture et de sculpture dès 1667. C'est par le biais de la lecture que Colbert décide de joindre à la formation pratique des étudiants de l'Académie une approche théorique72. De même, l'Académie s'inscrit dans la continuité de Simon Vouet lorsqu'aussitôt fondée, elle prend soin d'introduire le modèle vivant au programme.
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