Marie Duhem (1871-1918)
Pivoines, 1910
Huile sur toile 73.7 x 61 cm.
Private collection
Que voit-on ? Sur une table recouverte d'une nappe blanche imprimé de fleurs dorée, un pot en terre cuite à décor de palme contenant un magnifique bouquet de pivoine blanche épanouie. Le toute est peint avec la touche résolument impressionniste qui caractérise cette grande peintre française injustement tombée un dans l'oubli, bien que très célèbre de son vivant.
Rappel biographique : Marie Duhem (née Sergeant), formait avec son mari, un avocat passionné d'art, un couple d’artistes unis partageant quêtes esthétiques et passion des collections. Ils acquièrent ainsi un ensemble d’œuvres impressionnistes et postimpressionnistes de premier ordre, dont la Promenade près d'Argenteuil peinte en 1875 par Claude Monet, ou Bouquet de Fleurs peint en 1897 à Tahiti par Paul Gauguin. Nelly Sergeant-Duhem, fille adoptive des Duhem, donne cette collection en 1985 à l'Académie des beaux-arts : elle est conservée au Musée Marmottan à Paris. Certaines des œuvres de Marie Duhem tel le Jardin à la campagne (celui de sa propre maison à Camiers) témoignent, par leur facture néo-impressionniste et intimiste, de l’influence d'Henri Le Sidaner.
Exposant à l’étranger (Londres, Rome, Saint-Pétersbourg), Marie Duhem est une femme peintre impliquée dans la vie culturelle de son époque : tout comme son mari, elle entretient des liens amicaux avec Camille Pissarro, Auguste Rodin ou encore Henri Le Sidaner. De ce dernier, elle réalise un portrait à l’huile (aujourd’hui conservé au Musée des beaux-arts de Dunkerque) révélateur de l'intimisme dans lequel Henri Le Sidaner et les Duhem s’inscrivent.
Durant la Première Guerre mondiale, le couple perd son fils unique, Rémy Duhem, jeune peintre à l'avenir prometteur, tué à l’assaut des Éparges, le 20 juin 1915. Marie Duhem, très affectée par la mort prématurée de son fils, succombe d’une tumeur, dans la maison familiale de Douai, le 9 juillet 1918, à l’âge de 47 ans. En 1922, Henri Duhem évoque le souvenir de son fils et de sa femme dans un récit intitulé La Mort du foyer. Deux ans plus tard, le critique d’art Camille Mauclair, grand ami du couple, retrace l’œuvre dessinée et peinte des deux artistes défunts, dans un ouvrage à l’iconographie très documentée, intitulé Marie Duhem, Rémy Duhem : hommage, paru aux éditions Jacomet. Marie Duhem fut nommée officier des Palmes académiques, puis reçut une
médaille à l’Exposition universelle de 1900. Une exposition personnelle
lui fut consacrée en 1906, à Paris, à la galerie Georges Petit. Cette
même année, l’État acquit une huile sur toile intitulée Renoncules blanches pour le Musée du Luxembourg, aujourd'hui conservée au Musée d’Orsay, qui possède également ses Reines Marguerites dans un vase. Elle fut nommée chevalier de la Légion d'honneur en 1912.
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