Juan Gris (1887-1927)
Fruits et bol 1926
Collection privée
Que voit on ? Un chef d'oeuvre ! Une économie totale de moyens, une palette restreinte et cependant éclatante, digne des grands maitres espagnols de l'age d'or (Cotan, Zurbaran) pour ces deux poires, cette pomme et ce bol posés sur une serviette blanche dont l'anguleux drapé vient rappeler à quel point Juan Gris sut maitriser la technique du cubisme pour la faire plier à l'expression de tout ce qu'il voulait. L'ouverture cers l'extérieur si importante dans les premières natures mortes de ce peintre est ici simplement figuré et stylisé dans un aplat de gris sourd, paradoxalement moins lumineux que l'intérieur.
Rappel Biographique : Le peintre espagnol Juan Gris vécut et travailla en France à partir de 1906, où il fut proche du mouvement cubiste mais occupa une place très à part dans la peinture de son temps, sans doute toujours dans l'ombre de Picasso qui l'aurait volontiers " éliminé de la carte " selon les dires de Gertrude Stein. Salvador Dali disait de lui : « Juan Gris est le plus grand des peintres cubistes, plus important que Picasso parce que plus vrai. Picasso était constamment tourmenté par le désir de comprendre la manière de Gris dont les tableaux étaient techniquement toujours aboutis, d'une homogénéité parfaite, alors qu'il ne parvenait jamais à remplir ses surfaces de façon satisfaisante, couvrant avec difficulté la toile d'une matière aigre. Il interrogeait sans cesse : « Qu'est-ce que tu mets là ? — De la térébenthine. » Il essayait le mélange, échouait, abandonnait aussitôt, passant à autre chose, divin impatient. »
Aujourd'hui Juan Gris apparait comme un génie injustement resté dans l'ombre. Il a peint quasiment autant de natures mortes que de paysages ou de portraits.
Jusqu’en 1920, sa peinture est encore marquée par l’Espagne, celle des natures mortes de l’école de Séville des 16e-17e siècles – d’un Sanchez Cotan, d’un Valdes Léal ou d’un Zurbaran, par exemple – Gris aime profondément ces peintures des « blancs chartreux qui, dans l’ombre, glissent silencieux sur les dalles des morts ». Des blancs contrastant avec les noirs, il va donc tirer le parti le plus fort. Les œuvres des années de guerre 1916-1917 se distinguent par une sobriété, une austérité toutes particulières des couleurs sombres autant que des motifs : « C’est bien là cette ardeur castillane qui s’habille de noir, s’interdit tout éclat, et qui paraît de la froideur à un observateur superficiel », écrit Kahnweiler. Et Maurice Raynal de renchérir : « Toute l’Espagne est dans son œuvre : l’Espagne des tons livides, sulfureux et sombres du Greco, de Zurbaran, de Ribera, de Herrera. Rien ne servait davantage la notion du tableau-objet en soi que les choses les plus simples, les plus humbles et les plus maniables, auxquelles ils feront subir toutes les déformations possibles pour réaliser la plénitude de cet « objet ».
2014 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes
Aujourd'hui Juan Gris apparait comme un génie injustement resté dans l'ombre. Il a peint quasiment autant de natures mortes que de paysages ou de portraits.
Jusqu’en 1920, sa peinture est encore marquée par l’Espagne, celle des natures mortes de l’école de Séville des 16e-17e siècles – d’un Sanchez Cotan, d’un Valdes Léal ou d’un Zurbaran, par exemple – Gris aime profondément ces peintures des « blancs chartreux qui, dans l’ombre, glissent silencieux sur les dalles des morts ». Des blancs contrastant avec les noirs, il va donc tirer le parti le plus fort. Les œuvres des années de guerre 1916-1917 se distinguent par une sobriété, une austérité toutes particulières des couleurs sombres autant que des motifs : « C’est bien là cette ardeur castillane qui s’habille de noir, s’interdit tout éclat, et qui paraît de la froideur à un observateur superficiel », écrit Kahnweiler. Et Maurice Raynal de renchérir : « Toute l’Espagne est dans son œuvre : l’Espagne des tons livides, sulfureux et sombres du Greco, de Zurbaran, de Ribera, de Herrera. Rien ne servait davantage la notion du tableau-objet en soi que les choses les plus simples, les plus humbles et les plus maniables, auxquelles ils feront subir toutes les déformations possibles pour réaliser la plénitude de cet « objet ».
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