Juan van der Hamen y Leon (1596-1631)
Bodegón con pasteles, cristales, manzanas y frutos secos, 1628
Collection Privée
Que voit-on ? Sur un fond noir hérité du ténébrisme espagnol et habituel chez ce peintre, se détache une réunion décorative d’objets de luxe et de nourritures sucrées, allégories de la vanité et de la recherche effrénée des plaisirs de la vie. Comme souvent chez Van der Hamen, la composition est basée sur le cercle et la sphère y compris dans la peinture des cristaux précieux et porcelaines (ici de luxueuses porcelaines de Delft) dont il était un virtuose reconnu. Postérieure à 1626, cette nature morte est plus complexe que les premières et place les objets sur différents niveaux : un premier niveau pour les porcelaines, un second légèrement surélevé pour les cristaux et un troisième au milieu du cadre ou trône littéralement une ronde de pommes dont certaines sont très abimées, sans doute symbole des très nombreuses femmes que le maître des lieux a du " posséder ". Amandes, noix et noisettes rassemblées dans un seul plat symbolisent les élus de l'église, qui cachent la douceur de leur cœur sous une apparente rugosité, tout comme les amandes et les noix qui renferment une chair tendre sour un coque très dure. Ces fruits symbolisent la passion des hommes par leur saveur à la fois douce et amère, tout comme les prunes noires contenues dans l'autre assiette. Cette nature morte semble donc être une allégorie d'une vie bien remplie en conquêtes féminines et en succès financiers !
Rappel biographique : le peintre espagnol Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) est surtout connu pour ses natures mortes et ses bouquets de fleurs bien qu'il ait peint également des motifs religieux, des paysages et des portraits. Influencé autant par Juan Sanchez Cotan que par la peinture flamande de Frans Snyders dans ses premières natures mortes, il opta finalement pour un naturalisme plus italien et introduisit beaucoup de fraîcheur dans ses compositions. Sa touche est d'une grande délicatesse et d'un absolue précision. Van der Hamen emprunte à Sánchez Cotán le style apparemment sobre de ses compositions mais aussi cette façon systématique de détacher les objets sur un fond sombre et de les éclairer d'une lumière puissante. Les arrangements en quinconces et les ombres portées renforcent l'impression de précision et révèlent que ces compositions sont finalement tout sauf simples ! A partir de 1626, Van der Hamen peint des natures mortes plus complexes que ses premières en plaçant les objets sur différents niveaux. Ce type de composition que l'on retrouve à Rome au début des années 1620 dans les œuvres de Tomasso Salini et d'Agostino Verrocchi, était déjà présent dans les natures mortes de l'Antiquité que l'on découvrira à Pompei et Herculanum au 18e siècle. Les natures mortes de Juan van der Hamen ont exercé une grande influence sur ses contemporains comme Francisco de Zurbarán et plus tard chez des peintres comme Antonio Ponce et Juan Arellano. Une des caractéristiques de la peinture de Van der Hamen, pour laquelle il était surtout connu de son vivant, résidait dans la représentation des coûteuses et luxueuses verreries de Venise ou d'Allemagne. Très préoccupé par l'agencement harmonieux des objets et la représentation précise des textures et des lumières, Van der Hamen livre toujours des compositions très géométriques où les cercles et les sphères ont un rôle primordial (comme c'est le cas ici). Contrastant avec cette sévérité géométrique, l'artiste dispose souvent ses objets sur les bords des structures ou sur des escaliers en pierre, en faisant ainsi varier leur distance à partir de la source lumineuse. Les objets représentés, fruits légumes, bois, terre cuite, et cristaux sont toujours magistralement rendus avec une science de la répartition des couleurs, des ombres, des reflets et des lumières qui en font un maître d'une sensibilité incomparable.
2014 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
Collection Privée
Que voit-on ? Sur un fond noir hérité du ténébrisme espagnol et habituel chez ce peintre, se détache une réunion décorative d’objets de luxe et de nourritures sucrées, allégories de la vanité et de la recherche effrénée des plaisirs de la vie. Comme souvent chez Van der Hamen, la composition est basée sur le cercle et la sphère y compris dans la peinture des cristaux précieux et porcelaines (ici de luxueuses porcelaines de Delft) dont il était un virtuose reconnu. Postérieure à 1626, cette nature morte est plus complexe que les premières et place les objets sur différents niveaux : un premier niveau pour les porcelaines, un second légèrement surélevé pour les cristaux et un troisième au milieu du cadre ou trône littéralement une ronde de pommes dont certaines sont très abimées, sans doute symbole des très nombreuses femmes que le maître des lieux a du " posséder ". Amandes, noix et noisettes rassemblées dans un seul plat symbolisent les élus de l'église, qui cachent la douceur de leur cœur sous une apparente rugosité, tout comme les amandes et les noix qui renferment une chair tendre sour un coque très dure. Ces fruits symbolisent la passion des hommes par leur saveur à la fois douce et amère, tout comme les prunes noires contenues dans l'autre assiette. Cette nature morte semble donc être une allégorie d'une vie bien remplie en conquêtes féminines et en succès financiers !
Rappel biographique : le peintre espagnol Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) est surtout connu pour ses natures mortes et ses bouquets de fleurs bien qu'il ait peint également des motifs religieux, des paysages et des portraits. Influencé autant par Juan Sanchez Cotan que par la peinture flamande de Frans Snyders dans ses premières natures mortes, il opta finalement pour un naturalisme plus italien et introduisit beaucoup de fraîcheur dans ses compositions. Sa touche est d'une grande délicatesse et d'un absolue précision. Van der Hamen emprunte à Sánchez Cotán le style apparemment sobre de ses compositions mais aussi cette façon systématique de détacher les objets sur un fond sombre et de les éclairer d'une lumière puissante. Les arrangements en quinconces et les ombres portées renforcent l'impression de précision et révèlent que ces compositions sont finalement tout sauf simples ! A partir de 1626, Van der Hamen peint des natures mortes plus complexes que ses premières en plaçant les objets sur différents niveaux. Ce type de composition que l'on retrouve à Rome au début des années 1620 dans les œuvres de Tomasso Salini et d'Agostino Verrocchi, était déjà présent dans les natures mortes de l'Antiquité que l'on découvrira à Pompei et Herculanum au 18e siècle. Les natures mortes de Juan van der Hamen ont exercé une grande influence sur ses contemporains comme Francisco de Zurbarán et plus tard chez des peintres comme Antonio Ponce et Juan Arellano. Une des caractéristiques de la peinture de Van der Hamen, pour laquelle il était surtout connu de son vivant, résidait dans la représentation des coûteuses et luxueuses verreries de Venise ou d'Allemagne. Très préoccupé par l'agencement harmonieux des objets et la représentation précise des textures et des lumières, Van der Hamen livre toujours des compositions très géométriques où les cercles et les sphères ont un rôle primordial (comme c'est le cas ici). Contrastant avec cette sévérité géométrique, l'artiste dispose souvent ses objets sur les bords des structures ou sur des escaliers en pierre, en faisant ainsi varier leur distance à partir de la source lumineuse. Les objets représentés, fruits légumes, bois, terre cuite, et cristaux sont toujours magistralement rendus avec une science de la répartition des couleurs, des ombres, des reflets et des lumières qui en font un maître d'une sensibilité incomparable.
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