Gustave Caillebotte (1848-1894)
Gousses d'ail et couteau sur un coin de buffet, 1871-1878
Propriétaire inconnu
Que voit-on ? Une étrange nature morte de Caillebotte - qui est un peintre que ce blog aime particulièrement - non pas tant par le sujet (plus un sujet était quotidien, plus il l'intéressait) que par le modernisme avec lequel elle est peinte. On est surpris par ces peaux de gousses d'ails qui sont comme des virgules de peinture sur le bois de la commode... et que dire du scintillement de la lame du couteau, qui est obtenu avec un trait de pinceau blanc tenu in extenso jusqu'à son assèchement !!! C'est d'autant plus magistral que cette toile n'est pas très grande (36x25cm). Au delà du modernisme du trait on est aussi surpris par le minimalisme de la palette, quasiment monochrome n'utilisant que le marron, le blanc et le noir !
Enfin autre mystère attachée à cette oeuvre, comme à sept autres oeuvres de Caillebotte : on ne sait pas où elle se trouve aujourd'hui. Bien que n'ayant jamais été volée, la trace de ses acquéreurs se perd à un certain moment pour ne plus jamais réapparaître. Le tableau est-il dans un coffre-fort ? A-t-il été détruit ? On ne sait pas ... toujours est-il que cette reproduction est la seule trace qui reste de ce qui est sans doute une des plus belles natures de Gustave Caillebotte qui en a pourtant peint beaucoup d'autres magnifiques.
Rappel biographique : le peintre français Gustave Caillebotte fut aussi mécène, collectionneur et organisateur des expositions impressionnistes de 1877, 1879, 1880 et 1882. Le talent de Caillebotte fut longtemps méconnu (sauf aux États-Unis) au profit de son rôle de « mécène éclairé ». Le peintre fut redécouvert dans les années 1970 à l'initiative de collectionneurs américains. Les rétrospectives de ses œuvres sont désormais fréquentes. Certains de ses tableaux se trouvent maintenant au Musée d'Orsay à Paris. Caillebotte est l'un des premiers grands peintres français à exposer régulièrement aux États-Unis, où il rencontre un vif succès, et où se trouvent aujourd'hui la plupart de ses toiles. Il est l'un des fondateurs du courant « réaliste », qu'illustrera par exemple au 20e siècle l'américain Edward Hopper. Fortuné, il n'avait pas besoin de vendre ses toiles pour vivre, si bien que ses descendants possèdent encore près de 70 % de ses œuvres. À sa mort, Martial et Auguste Renoir son exécuteur testamentaire, prennent les dispositions pour que l’État accepte le legs de ses tableaux impressionnistes. Les historiens d'art qualifient volontiers cet artiste « d’original et audacieux ». Sa technique ne l'est pas moins assez proche de l'art photographique, mais, par de puissants effets de perspectives tronquées, les distances et les premiers plans sont écrasés et l'horizon absent, d'où la perception instable et plongeante (Caillebotte invente la vue en plongée dans la peinture). Les effets de vue plongeante s'imposent dans son art à travers les personnages au balcon et ses vues en surplomb des rues et des boulevards. Dans ses natures mortes saisies souvent dans des cadrages et sous des angles inhabituels, il s'intéresse surtout à l'aspect préparé et alimentaire. Il affectionne les natures mortes à l'étalage dont il croque le plan sur les marchés, dans les restaurants, ou dans les boutiques et qu'il retravaille entièrement dans son atelier, car contrairement aux impressionnistes qui peignent en plein air, Caillebotte n'est pas un peintre de plein air et retravaille toutes ses esquisses à l'atelier.
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2017 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
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