dimanche 22 mars 2015

Jean- Baptiste-Siméon Chardin (1699-1799 )- Nature morte avec raisins et grenades (1763)



Jean- Baptiste-Siméon Chardin (1699-1799) 
Nature morte avec raisins et grenades (1763)
Musée du Louvre. Paris

Que voit-on ?  De gauche à droite sur un entablement de pierre, dix éléments très serrés les uns contre les autres voir même imbriqués les uns dans les autres et qui sont : une grenade ouverte masquant une grenade fermée à l'arrière plan, une grappe de raisin blanc chasselat chevauchée par une grappe de raisin rouge muscat elle-même recouverte partiellement sur son extrémité par une autre grappe de raisin blanc débordant de l'entablement  (pour donner la profondeur). Les grappes de raisins blancs et rouges sont posées devant une aiguière en porcelaine et bronze doré à décors de fleurs et présentée par l'anse ; elles masquent toute l'assis du pot, élément présent à l'identique dans plusieurs natures mortes de Chardin comme dans Le Melon Coupé ou dans Corbeille de Prune. A côté du pot en porcelaine, sur un plan intermédiaire entre l'extrémité de la grappe de raisins rouge et le pot :  une poire et deux pommes (ou deux prunes?) sur lesquelles reposent un couteau dont seul le manche en ivoire dépasse de l'entablement (là aussi pour appuyer la perspective). Derrière les pommes (ou les prunes) deux verres à pied contenant du vin ou une liqueur légère, l'un presque plein et l'autre presque vide. La lumière vient de la gauche, ce qui  peut laisse supposer que le tableau a été peint le matin. 
Cette nature morte est le pendant de La Brioche présentée aussi sur ce blog.  

Rappel biographique :   Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre.  Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.


2015 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

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