lundi 13 mars 2017

Sebastian Stoskopff (1597-1657) - Corbeille de verres et orfèvrerie

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Sebastian Stoskopff (1597-1657)
Corbeille de verres et orfèvrerie, 1644 
Musée de l'oeuvre  Notre Dame, Strasbourg  

Que voit on ? Sur un entablement de bois qui n 'occupe pas toute la composition et sur un fond brun : une splendide corbeille en fils d'or (ou de vermeil) tressés dans laquelle sont amassés 7 verres à pied d'une grande finesse d'exécution et comportant tous des ornements gravés différents.  En s'approchant on peut constater que tous les verres ne sont pas en verre... l'un deux au moins est en or. Au milieu des verres, il y a également une large coupe en vermeil. Sur l'entablement même : des fragments de verre brisé, dont l'un repose exactement au centre de la toile et pourrait former ,avec le couvercle de la pièce d'orfèvrerie à droite et le fragment de gauche, une nature morte dans la nature morte.
Le tout est exprimé avec une économie de couleur rarement atteinte, dans une tonalité monochrome étrange, comme si le peintre - que ses contemporains accusait volontiers d'avoir passer un pacte avec le Diable pour atteindre tant de perfection - comme si le peintre donc, avait voulu explorer en même temps que les transparences et les reflets, la couleur de l'au-delà... et du domaine privé de la Mort.


Rappel biographique : le peintre alsacien Sébastien Stoskopff a été formé par Frédéric Brentel puis par Daniel Soreau. Sébastien Stoskopff vit à Paris entre 1621 et 1641 environ et voyage en Italie vers 1629.  Très apprécié à son époque, il est considéré comme l'un des maîtres européens de la nature morte très à l'aise dans le traitement des textures opposées comme le verre et l'osier d'un côté, ou le verre et l'étain etc...  L'œuvre de Sebastian Stoskopff a été redécouverte très tardivement, au milieu du 20e siècle, dans les années 1930, ce qui signifie qu'elle est restée dans l'ombre pendant plus de 3 siècles !   Il reste de l’œuvre de Stoskopff entre 60 et 69 tableaux, selon les critiques. 10 d’entre eux sont datés et 26 à 29 sont signés de la main du maître. Toutes les œuvres signées sont des natures mortes. Mais des correspondances attestent que Stoskopff était aussi portraitiste, et qu’il a notamment exécuté un double portrait du comte Jean de Nassau-Idstein et de son épouse Anna. Pour la plupart, les œuvres de l’artiste ont pour thème la représentation d’objets quotidiens, très souvent dans le domaine de la cuisine ou de la nourriture.
En 1640, lorsqu'il revient à Strasbourg, les peintres locaux jalousent cet artiste apprécié, célibataire de surcroît. On lui interdit de porter le titre de maître peintre. Qu'importe! Son insolence et la beauté de ses oeuvres le rendent intouchable et la protection de Jean de Nassau fait le reste. Avec de l'huile et quelques pigments, il s'attaque au clair-obscur. Dans la Corbeille de verres vénitiens, son chef-d'oeuvre, les très fines lignes blanches et les légers reflets d'un verre brisé procurent la même émotion qu'un tableau religieux.
Sébastien Stoskopff meurt assassiné chez Jean de Nassau au terme d'une messe noire où il aurait abusé de drogue et d'alcool. L'organisateur du sabbat finira brûlé sur le bûcher pour sorcellerie. La vie de Stoskopff reste donc un mystère. L'historien d'art Charles Sterling, qui, en 1934, retrouva la trace de Stoskopff, écrivit : « C'est un poète des reflets. Les amas de verre dont il a la passion prennent pour lui un aspect fantastique et sorcier. On croit sentir le souffle du Dr Faust.» 
 
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Un blog de Francis Rousseau

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