Renato Guttuso (1911- 1987)
Peperoni rossi, 1974
Huile sur toile, 60, 1 x 75, 2 cm
Collection privée (via Christie's 2006)
Que voit on ? Sur un fond gris sombre qui semble être un entablement en ardoise : une douzaine de poivrons rouges présentés sous tous leurs angles et peints avec une précision et un souci du rendu de détail que l'on connait bien chez ce très grand peintre italien. Ces poivrons peints en 1974 -l'année où les fondateurs du groupe terroriste d'extrême gauche Brigate Rosse (BR) sont arrêtés par le général Dalla Chiesa après l'assassinat de 84 personnes - apparaissent comme une allégorie de la solitude au milieu d'une foule, comme une danse solitaire et dérisoire dans une foule qui ignore chaque individu et l'englobe à la fois. Cette nature morte tardive de Guttuso renoue avec les premières œuvres qu'il peignit en pleine Seconde guerre mondiale, comme s'il s 'agissait de lutter encore contre une nouvelle forme de fascisme.
Durant toute la période du conflit mondial, Guttuso travailla sans relâche, multipliant les natures mortes ponctuées d'humbles objets quotidiens, les vues du golfe de Palerme et une suite de dessins intitulés Massacri, diffusés clandestinement, qui dénonçaient les exactions de l'armée nazie.
En tant qu'opposant au fascisme, Guttuso rejoint le Parti communiste italien dès 1940 et participe à la Résistance des partisans italiens contre l'armée allemande à partir de 1943. Fidèle à ses convictions, il choisit les funérailles de Palmiro Togliatti pour sujet de l'un de ses tableaux, I funerali di Togliatti (1972), qui devait prendre valeur de manifeste politique. Dans une logique similaire, en 1971, il fit partie des 800 intellectuels qui signèrent dans l'hebdomadaire L'Espresso un document accusant de meurtre le commissaire Luigi Calabresi.
Enfin, Guttuso était un adversaire déclaré et engagé de la Mafia.
En 1972, l'URSS lui décerna le Prix Lénine pour la paix, équivalent soviétique du Nobel. En 1976, il fut élu au Sénat italien dans les rangs du PCI pour représenter la ville de Sciacca, située dans la province d'Agrigente. Seul depuis la mort de son épouse, Guttuso, selon le témoignage de Giulio Andreotti, se rapprocha du catholicisme, religion dont il avait partagé à sa façon les valeurs humanistes. Il légua de nombreuses œuvres а sa ville natale de Bagheria, aujourd'hui rassemblées au musée communal de la Villa Cattolica.
Rappel biographique : Renato Guttuso est une figure extrêmement importante de la peinture italienne contemporaine, représentant du réalisme pendant les périodes fasciste et communiste de l'histoire italienne. Résistant, antifasciste, très tôt engagé aux côtés des communistes, l'art de Guttuso transcende toute considération politique et bien que faisant constamment référence à une identité sicilienne, se situe aux antipodes du régionalisme.
Après ses études, dans ses premières toiles, sous l'influence de l'expressionnisme, apparurent de plus en plus souvent des motifs typiquement siciliens (comme les citronniers ou les oliviers) mais aussi une atmosphère de solitude mythique, insulaire, qui culmina en 1931 dans une exposition collective de six peintres siciliens accueillis par la critique comme « une révélation, une affirmation de l'identité sicilienne. » А Palerme, Guttuso s'installa dans un atelier sur le Corso Pisani et, avec l'artiste peintre Lia Pasqualino et les sculpteurs Barbera et Nino Franchina, il forma le Gruppo dei Quattro (groupe des Quatre). Puis ce fut durant son long séjour de trois ans à Milan que murit l'« art social » de Guttuso, dont l'engagement politique se manifesta de plus en plus nettement dans les oeuvres de cette époque, Fucilazione in Campagna, qu'il dédia à Garcia Lorca, et les deux versions de la Fuga dall'Etna (1938-1939). Peu après, il emménagea а Rome, Via Margutta, où son caractère exubérant lui valut le surnom de « Sfrenato Guttuso », l'« Effréné ». Proche des artistes les plus représentatifs de son temps, L'oeuvre qui lui assura la célébrité sur fond de controverses avec l'Eglise catholique comme avec le Parti fasciste, fut La Crocifissione (1941), où le thème religieux sert de prétexte pour dénoncer les horreurs de la guerre.Durant toute la période du conflit mondial, Guttuso travailla sans relâche, multipliant les natures mortes ponctuées d'humbles objets quotidiens, les vues du golfe de Palerme et une suite de dessins intitulés Massacri, diffusés clandestinement, qui dénonçaient les exactions de l'armée nazie.
En tant qu'opposant au fascisme, Guttuso rejoint le Parti communiste italien dès 1940 et participe à la Résistance des partisans italiens contre l'armée allemande à partir de 1943. Fidèle à ses convictions, il choisit les funérailles de Palmiro Togliatti pour sujet de l'un de ses tableaux, I funerali di Togliatti (1972), qui devait prendre valeur de manifeste politique. Dans une logique similaire, en 1971, il fit partie des 800 intellectuels qui signèrent dans l'hebdomadaire L'Espresso un document accusant de meurtre le commissaire Luigi Calabresi.
Enfin, Guttuso était un adversaire déclaré et engagé de la Mafia.
En 1972, l'URSS lui décerna le Prix Lénine pour la paix, équivalent soviétique du Nobel. En 1976, il fut élu au Sénat italien dans les rangs du PCI pour représenter la ville de Sciacca, située dans la province d'Agrigente. Seul depuis la mort de son épouse, Guttuso, selon le témoignage de Giulio Andreotti, se rapprocha du catholicisme, religion dont il avait partagé à sa façon les valeurs humanistes. Il légua de nombreuses œuvres а sa ville natale de Bagheria, aujourd'hui rassemblées au musée communal de la Villa Cattolica.
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