Giuseppe Recco (1634-1695)
Poissons et récipients
National Gallery of Slovenia
Que voit-on ? Sur un fond totalement noir, voulu pour permettre aux formes et couleurs de se détacher avec plus de précision : une série de récipients en cuivre (rouge et jaune) et en bois allant du vase le plus sophistiqué au baquet en bois le plus rustique. Dans le baquet en bois : un gros poisson de roche voisine avec un hareng frais pendu à une corde. Ailleurs, à même l'entablement, divers poissons de roche dont la couleur rouge accuse le contraste avec le jaune des cuivres. Etrange composition qui fournit à ce maître napolitain l'opportunité d'une brillante démonstration de sa maîtrise des textures et des couleurs. ...
Rappel biographique : Issu d'une famille de peintres napolitains, Giuseppe Recco se forma d'abord près de son père, Giacomo, dans un milieu auquel avait été transmis l'impulsion décisive du Caravagisme. Malgré sa grande importance dans l'histoire de la nature morte napolitaine, Giuseppe Recco, surtout peintre de fleurs, ne peut être toutefois considéré comme un chef d'école, même s'il ne fait pas de doutes qu'il ait initié à ce genre quelques-uns de ses meilleurs représentants comme Paolo Porpora, Luca Forte, puis ses propres fils, Giambattista et Giuseppe. Mais la manière brillante de ce dernier, la qualité qui s'affirme dès ses premières œuvres datées (1664) révèlent une personnalité beaucoup plus vigoureuse que celle de son père, une ouverture aussi à d'autres exemples : celui de son frère Giambattista, celui des Lombards — Evaristo Baschenis ou Bartolomeo Bettera — qu'il découvre au cours d'un séjour à Milan vers sa vingtième année.
Au-delà de ces influences, l'art de Giuseppe Recco s'affirme par une sensibilité extrême à la poésie de la nature, dont une observation attentive lui fait percevoir les nuances les plus subtiles, les modulations les plus riches. Qu'il peigne des Fleurs (Pinacothèque de Pesaro, Musée de Varsovie), des Poissons (Musée du Prado, Palais Pitti, Florence), une Nature morte au gibier (Palais de Montecitorio, Rome) ou une Cuisine (Galerie de l'Académie, Vienne), la fraîcheur de sa vision picturale servie par une touche rutilante et déliée lui assure une place de premier plan parmi les maîtres de la nature morte italienne.
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