Simon Hantaï (1922-2008)
Roma 1948
Peinture sur carton (23x30 cm)
Collection privée
Que voit on ? Un poisson dessiné avec la même application géométrique que les premiers chrétiens mettaient à tracer le signe de leur nouvelle religion, posé dans un plat à gratin, entouré de deux tomates. Cette oeuvre qu'il a titrée à dessein, Roma, date de 1948, une période où Simon Hantai n'est pas du tout connu et n'a été exposé qu'une seule fois. Cette année là, obligé de fuir la Hongrie communiste avec son épouse Zsuzsa Biro, jeune peintre rencontrée aux Beaux-Arts de Budapest, il projette de séjourner à Paris, grâce à une bourse promise dans leur pays. Dans l'attente d'un visa français qui tarde à leur parvenir, le couple décide de partir pour Rome et parcourt l’Italie, où Hantaï découvre « Piero della Francesca, Masaccio et la Madonna bleu-noir de Giotto aux Offices ».
Ils rejoignent Paris à l'automne, où ils apprennent que leur bourse leur est finalement refusée et qu’ils doivent rentrer en Hongrie. C’est alors qu’ils prennent la décision de rester en France. Ce n'est qu'en 1950, à la suite de sa rencontre avec la peintre Joan Mitchell, qu'il est invité à participer à une exposition collective à la Galerie Huit, avec les peintres américains Jules Olitski, et Sam Francis… Simon Hantai a peint très peu de natures mortes et - jusqu'au plus ample informé - celle ci est une des rares qu'il ait été donné de voir.
Rappel Biographique : Le peintre français d'origine hongroise Simon Hantaï, né Simon Handl, étonne par la diversité des courants et chemins artistiques qu'il a parcouru du surréalisme (1952-55), à la peinture gestuelle (1955-57), en passant par les experiences de all-over, d'écriture (Ecriture rose 1958-59) et enfin de pliage qu'il systématise dans son oeuvre entre 1959 et 1982… Il fascine par les oeuvres résolument singulières, inédites dans l'histoire de la peinture occidentale qu'il a produit. Il écrivit a ce propos : « La peinture existe parce que j’ai besoin de peindre. Mais cela ne peut suffire. Il y a une interrogation sur le geste qui s’impose. Le problème était : comment vaincre le privilège du talent, de l’art, etc. ? Comment banaliser l’exceptionnel ? Comment devenir exceptionnellement banal ? Le pliage était une manière de résoudre ce problème. Le pliage ne procédait de rien. Il fallait simplement se mettre dans l’état de ceux qui n’ont encore rien vu, se mettre dans la toile. On pouvait remplir la toile pliée sans savoir où était le bord. On ne sait plus alors où cela s’arrête. On pouvait même aller plus loin et peindre le yeux fermés. »
Il interroge aussi par le silence, la réserve qui suivit sa carrière mouvementé et très médiatisée.
A partir de 1982 , Hantaï, au faîte de la reconnaissance et de la célébrité se retire de la scène artistique pendant de longues années... en realité jusqu'en 2008 (date de son décès).
Son retrait complet du monde de l'art et des activités artistiques est complet. ll refuse toute proposition d'exposition - notamment celles de Dominique Bozo au Centre Pompidou en 1986 et d'Alfred Pacquement en 2000 - et refuse de s'exprimer publiquement.
Les expositions réalisées pendant jusqu’en 1997 le seront en dépit de sa volonté et sans sa participation.
Il peignit encore jusqu’en 1985, et son atelier parisien s’emplit d’une multitude de peintures qui ne seront jamais montrées.
2018 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.