samedi 19 avril 2014

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Nature morte au menu de maigre

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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Nature morte au menu de maigre et ustensiles de cuisine (1731)
Musée du Louvre, Paris.

Que voit-on ? Sur un entablement de bois qui est visiblement celui d'une cuisine, de gauche à droite au premier plan de l'entablement : un gril dressé dans la pénombre ; un torchon blanc qui fait le lien entre l'avant et l'arrière de l'entablement ; un  pot en terre vernissé ; deux oeufs d'une éclatante blancheur qui illuminent toute la toile ; deux poireaux un peu desséchés dont un dépasse de l'entablement pour souligner la perspective. A l'arrière plan de gauche à droite  : une sorte de meule en pierre engloutie dans la pénombre derrière le gril ;  à côté du torchon un plat de service en étain ;   trois maquereaux (constituant à cette époque le maigre d'un repas) pendus à un crochet derrière lequel se dresse un seau à eau en métal ; à côté du seau et toujours derrière le maigre, un chaudron en cuivre. A droite du tableau sur un plan intermédiaire entre l'arrière plan et l'avant de l'entablement : un pilon en bois.
De 1730 à 1758 le peintre va étudier les " menus de gras et de maigre " dans plus de cent cinquante oeuvres. Si on le dit inspiré par les hollandais, à leur différence il n'estompe pas sa touche mais étale une pâte sèche qui reste visible sous forme de traces granuleuses ; il parsème ainsi sa toile de petits éclats lumineux qui nuisent un peu à la lisibilité de l'oeuvre (ici les oeufs) , " mais la composition est parfaitement équilibrée selon un jeu savant de droites et d'obliques, de saillis et de creux, de clairs et de sombres. Ce tableau est un des premiers essais de l'artiste et un des plus réussis " écrit P. Rosenberg (Cf. exposition 1999-2000).

Rappel biographique :  Jean-Baptiste-Siméon Chardin est considéré comme l'un des plus grands peintres français et européens du 18e siècle. Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, il est aussi  reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maitre incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre.  Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.

2014 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

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