lundi 14 septembre 2015

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779), Nature morte avec pommes, timbale d'argent et bol

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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Nature morte avec pommes, timbale d'argent et bol 
Musée du Louvre - Paris

Que voit-on ?  De gauche à droite, sur un rebord sans doute en pierre, une timbale en argent  dans laquelle se reflète une des trois pommes posées sur le rebord , un bol en céramique vernissé d'où dépasse le manche d'une cuillère en argent, matériau perceptible à l'unique reflets tenus sur le bord supérieur gauche du manche. Un peu à l'écart, sur le bord droit du cadre deux fruits difficilement identifiables  et qui pourraient être  soit des prunes, soit des figues soit des grosses olives, soit des noix. La lumière vient de la gauche. Tout l'art de Chardin s'applique ici dans le traitement des reflets des ustensiles en argent et dans le traitement des textures. Mais à la différence des peintres hollandais ou  espagnols, Chardin ne tranche pas ici entre la texture métallique de l'argent, la texture brillante de la céramique, la texture douce des pommes.  toutes les textures semblent fondues dans égal  léger brouillard ... et pourtant chacune est clairement identifiable, sans la moindre confusion  possible.
 Pour cette nature morte d'une saisissante modernité un seul commentaire écrit par  la main de 
de Chardin lui même  : " Il faut que j'oublie tout ce que j'ai vu, et même jusqu'à la manière dont ces objets ont été traités par d'autres. "


Rappel biographique :  Jean-Baptiste-Siméon Chardin est considéré comme l'un des plus grands peintres français et européens du 18e siècle. Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, il est aussi  reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maitre incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre.  Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.


2015 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

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