vendredi 4 septembre 2015

Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) - Das Gabelfrühstüc

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Juan van der Hamen y Leon (1596-1631)
Das Gabelfrühstüc, 1631
Private collection 

Que voit-on ?  Sur une table recouverte d'un nappe dont on peut voir quelques plis impeccables, selon une ordre très précis où le cercle et la sphère prédominent, de gauche à droite : un assiette en porcelaine blanche contenant des pommes et des raisins symboles de féminité et de fécondité ; une très belle bouteille en verre dans laquelle décante un vin blanc d'une magnifique couleur dorée qui se reflète à travers le verre sur la nappe et représente la limpidité de l'âme du maitre des lieux ;  une assiette en porcelaine blanche contenant un pâté, symbole des plaisirs de la vie ; un pain rond symbole de douceur et de prospérité ; un demi citron symbole de fidélité ; un luxueux verre à pied en cristal de Murano, symbole de la bonne santé de la maison mais aussi de la fragilité des entreprises humaines ;  un melon enfin qui symbolise la douceur, les plaisirs terrestres et l’amitié dans la mesure où son aspect permet de deviner ses qualités intérieures. Une mouche, signe de corruption et de putréfaction à venir, posée près du couteau vient tempérer cette harmonie idéale et prévenir de sa fragilité.

Rappel biographique : le peintre espagnol Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) est surtout connu pour ses natures mortes et ses bouquets de fleurs bien qu'il ait peint également des motifs religieux, des paysages et des portraits. Influencé autant  par Juan Sanchez Cotan que par la peinture flamande de Frans Snyders dans ses premières natures mortes, il opta finalement pour un naturalisme plus italien et introduisit beaucoup de fraîcheur dans ses compositions. Sa touche est d'une grande délicatesse et d'un absolue précision. Van der Hamen emprunte à Sánchez Cotán le style apparemment sobre de ses compositions mais aussi cette façon systématique de détacher les objets sur un fond sombre et de les éclairer d'une  lumière puissante. Les arrangements en quinconces et les ombres portées renforcent l'impression de précision et révèlent que ces compositions sont finalement tout sauf simples ! A partir de 1626, Van der Hamen peint des natures mortes plus complexes que ses premières en plaçant les objets sur différents niveaux. Ce type de composition que l'on retrouve à Rome au début des années 1620  dans les œuvres de Tomasso Salini et d'Agostino Verrocchi, était déjà présent dans les natures mortes de l'Antiquité que l'on découvrira à Pompei et Herculanum au 18e siècle. Les natures mortes de Juan van der Hamen ont exercé une grande influence sur ses contemporains comme Francisco de Zurbarán et plus tard chez des peintres comme Antonio Ponce et Juan Arellano. Une des caractéristiques de la peinture de Van der Hamen, pour laquelle il était surtout connu de son vivant,  résidait dans la représentation des coûteuses et luxueuses verreries de Venise ou d'Allemagne. Très préoccupé par l'agencement harmonieux des objets et la représentation précise des textures et des lumières, Van der Hamen livre toujours des compositions très géométriques où les cercles et les sphères ont un rôle primordial (comme c'est le cas ici). Contrastant avec cette sévérité géométrique, l'artiste dispose souvent ses objets sur les bords des structures ou sur des escaliers en pierre, en faisant ainsi varier leur distance à partir de la source lumineuse. Les objets représentés, fruits légumes, bois, terre cuite, et  cristaux sont  toujours magistralement rendus avec une science de la répartition des couleurs, des ombres, des reflets et des lumières qui en font un maître d'une sensibilité incomparable.

2015 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau 

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