mercredi 14 décembre 2016

Maurice Denis (1870-1943)


Maurice Denis  (1870-1943)
Nature morte aux pommes, 1889 
Musée Maurice Denis, St Germain en Laye, France 


Que voit on ? Voici une des très rares natures mortes de Maurice Denis, puisqu'elles ne se comptent même pas sur les doigts d'une seule main.  Que l'on aime ou que l'on déteste ce peintre, il faut bien avouer que cette nature morte dans sa simplicité et sa luminosité a quelque chose qui transcende le contenu de la toile. Elle date de l'année même de la création du mouvement Nabi. Deux pommes et une cruche à eau sur une nappe blanche, devant un fond noir... rien de plus simple, à ceci près que la nappe blanche - bien que peinte sur l'enduit - semble faire corps avec la matière même de la toile et que les pommes semblent vivantes. A la vue de ce petit chef d'oeuvre, on ne peut que regretter que ce peintre ne soit pas exprimé plus à travers le genre de la nature morte. 

Rappel biographique : Après des études au lycée Condorcet où il rencontre Édouard Vuillard et Paul Sérusier, Maurice Denis se forme en fréquentant le musée du Louvre où les œuvres de Fra Angelico déterminent sa vocation de peintre chrétien, marquée ensuite par la découverte de Pierre Puvis de Chavannes. Il étudie simultanément à l’École des beaux-arts et à l’Académie Julian en 1888 mais il quitte rapidement la première, la jugeant trop académique. Il rencontre cette même année Paul Sérusier qui lui offre son tableau, Le Talisman. Il fonde avec ce dernier le groupe des nabis et en devient le théoricien. Détachés ou non du christianisme, les Nabis cherchent des voies spirituelles au contact de philosophies et de doctrines teintées d’Orient, d’orphisme et d’ésotérisme. En 1892, au Salon des indépendants, il présente un tableau énigmatique, Mystère (Matin) de Pâques, signé en bas à droite du monogramme « Maud » qui ajoute encore au mystère de l’œuvre.
Denis découvre la peinture de Paul Gauguin, dont l’influence sera déterminante pour la suite de son œuvre, lors de l’Exposition universelle de 1889. Il acquiert d’ailleurs l’une de ses peintures en 1903, l'Autoportrait au Christ jaune (Paris, musée d'Orsay).
D’abord symboliste et synthétique, sa peinture s’oriente ensuite vers un classicisme renouvelé. Les thèmes religieux, les scènes intimistes et familiales, les paysages d’Italie et de Bretagne sont très présents dans l’œuvre de Denis, qui, outre des tableaux de chevalet, comporte de nombreux décors muraux, des vitraux, des illustrations de livres et extrêmement peu de natures mortes.
Politiquement, Maurice Denis est proche de l'Action française, mouvement royaliste, qu'il quitte après la condamnation du mouvement par Rome. Lorsqu'éclate l'affaire Dreyfus, à la fin du 19e siècle, il fait partie, comme les peintres Edgar Degas, Auguste Renoir ou Jean-Louis Forain, des artistes antidreyfusards et antisémites. En 1941, sous le régime de Vichy, il est nommé membre du Comité d'organisation professionnelle des arts graphiques et plastiques. Il meurt le 13 novembre 1943, renversé par un camion, ce qui lui évitera d'être jugé pour collaboration avec l'ennemi à la fin de la guerre.
A Saint-Germain-en-Laye, où il a passé toute sa vie, Maurice Denis achèta en 1914 l’ancien hôpital construit sous Louis XIV pour y installer sa famille et son atelier, une demeure d’artiste aujourd’hui devenue le musée qui porte son nom.



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