lundi 19 décembre 2016

Olivier Debré (1920-1999)



Olivier Debré  (1920-1999)
Nature morte à la bouteille de vin, 1943
Collection Privée

 Que voit-on  ?  Sur un entablement qui représente un rebord de fenêtre en briques : une besace de voyage de toile grossière et sombre sur laquelle est posée ce qui semble être un livre ouvert ou une carte routière ou un carnet.  Echappées de la besace : quelques pommes de terre très grises, une verre à moitié plein de vin rouge d'un belle couleur bordeaux et une bouteille sombre dont la forme hésite à dessein entre celles d'un vin de bourgogne et celle d'un vin du bordelais. Deux tâches oranges complètent l'histoire en laissant penser que du vin a été renversé sur la brique à moins qu'il ne s'agisse d'épluchures de fruits, chacun restant libre d'écrire l'histoire selon les étapes de son propre voyage intérieur. Olivier Debré a peint peu de natures mortes. Celle ci, réalisée dans des couleurs très sourdes, est déjà un avant goût de la palette qu'il utilisera dans le années 50.

Rappel biographique :  Le peintre français Olivier Debré est un  représentant majeur du courant de  l’Abstraction lyrique. Fls du professeur Robert Debré, le frère de Michel Debré (Premier ministre du Général de Gaulle) et l'oncle de Bernard Debré et de Jean-Louis Debré, il fut le seul artiste d'une famille qui compte surtout des hommes politiques et des médecins. En juin 1937, il subit un choc en voyant, exposé au Pavillon de l’Espagne de l’Exposition internationale à Paris, le Guernica de Picasso. Georges Aubry, dont la galerie est située rue de Seine à Paris, l'encourage en l'exposant le premier. Il est remarqué par Dunoyer de Segonzac et Picasso qu'il rencontrera en 1941, ce dernier l’invitant dans son atelier  rue des Grands-Augustins pendant l’hiver 1942-1943. C'est а cette époque que Georges Aubry expose ses premières toiles abstraites.
Durant la Seconde Guerre mondiale, son art est marqué par l'expression graphique. Le dessin lui permet de traduire toute l'horreur de la guerre : Le Mort de Dachau, Le Sourire sadique du Nazi, Le Mort et son âme. En 1946, il installe un atelier à Cachan, il y peint une toile de 8 m de long : La Vérité et la Justice poursuivant le crime.
En 1949, il présente sa première exposition personnelle à la galerie Bing, à Paris, marchand de Soutine et de Modigliani. А l'automne, Olivier Debré installe un second atelier rue de Saint Simon à Paris et  fait la connaissance de ses grands aînés:  Hans Hartung, Gérard Schneider, Serge Poliakoff, Maria Elena Vieira da Silva. Il réalise ses premiers Signes-personnages.
Dans les années 1950, privilégiant la matière et les couleurs sourdes, Olivier Debré expose à New York а la Perspective gallery. Il est invité au Salon de Mai auquel il participera jusqu'à sa mort. En 1951, la librairie-galerie La Hune présente pour la première fois ses gravures. L'année suivante, il participe à son premier Salon d'Octobre qui regroupe les peintres les plus significatifs de l'art non figuratif et abstrait.
1953 correspond à une période charnière dans son œuvre où il délaisse les signes-personnages pour les signes-paysages. C'est à cette époque qu'il prend conscience des possibilités multiples offertes par la technique de la lithographie qu'il n'a jamais cessé de pratiquer. En 1956, Michel Warren organise sa première exposition individuelle à Paris. L'année suivante, la seconde exposition chez Michel Warren le fait figurer « désormais en bonne place parmi les chefs de file de l'Ecole de Paris », écrit John Prossot dans Apollo dont la couverture reproduit le tableau exposé. Après un voyage en Espagne, il expose, en 1959, а la Phillips Gallery а Washington et rencontre Rothko.
Le temps de la maturité correspond aux grandes réalisations pour des commandes et à la reconnaissance internationale. Ainsi, 1965 il participe à de nombreuses expositions itinérantes en Amérique latine et en Europe de l'Est. Da première exposition personnelle à Oslo se tient а la galerie Haaken A.Christensen en 1966. Il voyagera et peindra en Norvège jusqu'à la fin de sa vie.  En 1967, il participe à l'exposition internationale de Montréal avec une gigantesque peinture  Signe d'homme, pour le pavillon français.  En 1975-1976, il fait partie, avec Pierre Alechinsky, Hans Hartung,  Roberto Matta, Zoran Music, Edouard Pignon et Pierre Soulages, de l'exposition itinérante en France Trente créateurs organisée par André Parinaud.
De 1980 а 1985, Olivier Debré est nommé professeur, chef d'atelier de peinture murale а l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. La consécration du peintre est également marquée par l'inauguration d'une salle Olivier Debré au Musйe des beaux-arts de Tours en 1992.  Une rétrospective de ses œuvres a lieu en 1995 à la galerie nationale du Jeu de Paume а Paris. L'année suivante, c'est la première а l'Opéra Bastille du spectacle Signes avec des décors et des costumes qu'il signe et dont Carolyn Carlson fait la chorégraphie. En 1998, il réalise le rideau de scène de l'Opéra de Shanghai. Le 17 mars 1999, quelques mois avant sa mort en juin, il est élu membre de l'Institut de France, à l'Académie des beaux-arts, au fauteuil précédemment occupé par le peintre Georges Cheyssac.
En 2015, le CCC - Centre de Création Contemporaine de Tours est devenu le "Centre de Création contemporaine Olivier Debré". Il s'implante en 2016 dans un nouveau bâtiment actuellement en construction sur le site du jardin François 1er. Le lieu ne sera pas un musée consacré à Olivier Debré mais un centre d'art qui fera vivre l’œuvre du peintre en la mettant en résonance avec la création artistique contemporaine.


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