jeudi 22 décembre 2016

Adriaen Coorte (1665–1707) - Cinq coquillages sur une tranche de pierre



 


Adriaen Coorte (1665–1707) 
1. Cinq coquillages sur une tranche de pierre, 1696, Musée du Louvre
2. Six coquillages sur une tranche de pierre, 1696, Musée du Louvre

Que voit on ?  Une paire de tableaux, deux petits chefs d'oeuvres (en taille), qui représentent le côté gauche et le côté doit du même entablement de pierre dans une parfaite symétrie des cassures et de la signature. Sur les deux entablements sont présentés comme de véritables pierres précieuses, des coquillages exotiques différents, sans doute ramenés de quelques plages lointaines par les intrépides commerçants hollandais pour embellir les cabinets de curiosités que chaque " honnête homme " se devait de posséder alors. Le minimalisme de ces compositions ne déclenchèrent pas l'enthousiasme des contemporains hollandais de Coorte, habitués à des déploiements d'argenteries, de nautiles, de cristaux et de victuailles plus impressionnants. Par contre Adriaen Coorte apparait aujourd'hui d'un modernisme et d'une intemporalité qui le classe parmi les très grands maîtres du genre. 

Rappel biographique : le peintre hollandais Adriaen Coorte se spécialisa exclusivement dans la peinture de natures mortes, "le dernier au bas de l'échelle de la hierarchie des genres picturaux" d'alors. Au contraire de la tendance de l'époque en Europe du Nord qui déployait argenterie et cristaux dans les natures mortes monumentales, Coorte a peint des natures mortes de petits formats et aux sujets très intimistes pour ne pas dire minimalistes. 
On sait très peu de sa vie, si ce n'est qu'ill fut l'élève de Melchior d'Hondecoeter vers 1680 à Amsterdam et qu'il a installé son petit atelier de natures mortes à Middelburg, en 1683. Il peignait souvent sur du papier (quelquefois au dos de simples feuilles de compte) qu'il collait ou que l'on colla par la suite sur un panneau de bois ou sur un canevas pour mieux les préserver. 
Environ 80 oeuvres signées par lui ont été cataloguées, et presque toutes suivent la même composition à savoir de très petites quantités de fruits, de légumes ou coquillages, voir même quelquefois un seul fruit ou légume, posés le rebord d'une dalle de pierre, éclairé par le haut, avec le fond sombre typique de natures mortes du début du 17e siècle.
Les fraises des bois et les asperges sont ses motifs les plus fréquents. Les premières sont parfois représentées soit dans le même pot en terre cuite, soit dans de jolis bols bleus et blancs en porcelaine Wan-Li importés de Chine par la Compagnie des Indes. Quelques rares papillons brisent la noirceur de l'arrière-plan, ajoutant une tâche de couleur à ces compositions d'une magnifique austérité. Le fait qu'elle soient peintes sur du papier ajoutent à leur fragilité et à leur délicatesse infinie.  
Coorte ne fut pas très connu de ses contemporains en dehors de la petite ville de Middelburg et, comme Vermeer un siècle avant, il était totalement tombé dans l'oubli jusqu'à ce que dans les années 1950, l'historien d'art hollandais Laurens J. Bol, publie une première monographie suivie en 1977 d'un catalogue raisonné de l'oeuvre de Coorte.   


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