Paul Rebeyrolle (1926-2005)
Grand étal à Tana (2000)
Collection privée
Que voit-on ? Sur trois entablements (rouge, jaune et beige) qui se chevauchent les uns les autres à la façon des étals de marché dressés de bric et de broc, divers fruits, légumes et viandes composant un nature morte peut être saisis sous des latitudes exotiques. Des bananes (jaunes) sur la table rouge ; des pastèques (rouge) sur la table jaune ; des viandes difficiles à identifier et présentées carcasses béantes ; des poissons aussi peut être, ouverts et présentés à "l'appétit" des ménagères de passages. Toute la partie supérieure du tableau est occupée par une grande peinture presque abstraite en deux panneaux, l'un plutôt noir et l'autre bleu et blanc pouvant laisser penser que la mer n'est pas loin... Ces abstractions - qui n'en sont pas - figurent soit un paysage de fond, soit des portes de boutiques entr'ouvertes, les deux grands panneaux permettant à eux seuls, plusieurs lecture de "l'histoire" que se propose de raconter cette nature morte.
Rappel biographique : Le peintre français Paul Rebeyrolle fut aussi lithographe et sculpteur. Rattaché au courant de la Nouvelle figuration, on le définissait volontiers comme expressionniste et matiériste. Son œuvre, immense, toujours figurative, est marquée par la violence, la rage, la révolte face à l'oppression ou l'engagement politique. Elle est ponctuée de tableaux animaliers et paysagers, ainsi que de tableaux employant des matières collées sur la toile (terre, crin, ferraille...) et de quelques natures mortes qui n'en portent cependant jamais clairement le titre.
Peu médiatisée de son vivant, méconnue du grand public ainsi que de certaines institutions, cette œuvre a néanmoins été appréciée par des personnalités tels que Jean-Paul Sartre ou Michel Foucault ainsi que par certains collectionneurs, dont François Pinault.L'enfance de Paul Rebeyrolle fut marquée par une tuberculose osseuse, l'obligeant à de longs moments d'immobilité. Il étudie à Limoges avant de rejoindre Paris à la Libération. Il découvre alors les peintres contemporains ainsi que la peinture classique au musée du Louvre. Il est un acteur engagé du Manifeste de l'homme témoin qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, prône autour du critique d'art Jean Bouret un retour au réalisme contre les tendances de l'art contemporain. Il participe ainsi le 21 juin 1948 à la Galerie du Bac à l'exposition de « L'homme témoin » (avec Bernard Lorjou, Yvonne Mottet, Michel Thompson, Bernard Buffet et Michel de Gallard). Ce groupe de L'homme témoin sera fondateur du Mouvement de la Jeune Peinture.
En 1949, Paul Rebeyrolle fut même à l'origine du « Salon de la Jeune Peinture » dont la première édition se tint le 26 janvier 1950 à la Galerie des beaux-arts avec Denys Chevalier, Pierre Descargues, Philippe Cara Costea et Gaëtan de Rosnay,
Membre du parti communiste français à partir de 1953, Rebeyrolle rompt avec ce dernier en 1956 lors de l'invasion russe en Hongrie et du fait de la duplicité du Parti face à la guerre d'Algérie.
À cette occasion, il peint un grand tableau intitulé À bientôt j'espère.
En 1959, à 33 ans, il exécute un grand tableau qu'il intitule Planchemouton, commandé par le comité de la première Biennale de Paris, pour orner l'escalier du Palais des Beaux-arts. En 1963, il quitte Paris et s'installe à la campagne pour y vivre et y travailler, d'abord dans l'Aube puis en Côte d'Or ou il restera jusqu'à sa mort en 2000. Plusieurs retrospectives lui ont été consacrée dans sa carrière dont une en 1979 au Grand Palais (Paris), une en 2000 à la Fondation Maeght (Saint-Paul-de-Vence),
et une 2015, Rebeyrolle vivant ! - 60 ans d'une oeuvre essentielle », à Espace Rebeyrolle (Eymoutiers).
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2016 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
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