lundi 20 mars 2017

Paul Cézanne (1839-1906) - Nature morte au trois crânes


Paul Cézanne  (1839-1906)
Nature morte au trois crânes, 1900
Detroit Institute of Arts, USA

 Que voit on ? Posés sur petite une table d'atelier, trois crânes de formes et de couleurs différentes.   Cézanne qui n'en était pas à son coup d 'essai avec cette Vanité reprenait en réalité ce motif d'une toile que Theodore Géricault avait peinte en 1812-1814 et qui est publiée ici dessous, en regard, à titre documentaire. Il suffit d'ailleurs de comparer les deux sujets pour voir comment Cézanne transforme ce sujet qui reste une document d'ossuaire chez Géricault, en tableau hautement symbolique. Le crâne en effet se trouvant au sommet du squelette symbolise la partie impérissable du corps. Il est le siège de l'âme,  son véhicule, tout comme la grotte, la caverne et le cairn sont des demeures de l'Esprit. Le crâne est réceptacle de vie, mais il symbolise aussi (en particulier dans le rituel maçonnique) la mort physique, par laquelle il faut passer pour renaître à un niveau spirituel supérieur. Dans les légendes européennes et asiatiques, le crâne humain est un homologue de la voûte céleste. Il est une caverne en miniature qui, elle-même, est une représentation en miniature du Ciel.



Rappel biographique : Cézanne a peint environ 300 tableaux et parmi ses premières « obsessions picturales », ce sont les natures mortes qui arrivent en tête, et notamment les pommes. Pour Cézanne, la nature morte est un motif comme un autre, équivalent à un corps humain ou à une paysage, mais qui se prête particulièrement bien à des recherches sur l'espace, la géométrie des volumes, le rapport entre couleurs et formes : « Quand la couleur, est à sa puissance, la forme est à sa plénitude » disait-il.  Au lieu de la notation chronométrique des phénomènes, Cézanne  conserva l' émotion du moment. Il composa ses natures mortes, variant à dessein les lignes et les masses, disposant les draperies selon des rythmes prémédités, évitant les accidents du hasard, cherchant la beauté plastique, mais sans rien perdre du véritable motif, de ce motif initial qu'on saisit à nu dans ses ébauches et ses aquarelles, de " cette délicate symphonie de nuances juxtaposées, que son oeil découvrait d'abord, mais que sa raison venait aussitôt et spontanément appuyer sur le support logique d'une composition, d'un plan, d'une architecture."

2017 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

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