mercredi 8 février 2017

Luis Egidio Melendez (1716-1780) - Bodegón con melón y la jarra de agua

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Luis Egidio Melendez (1716-1780) 
Bodegón con melón y la jarra de agua
Museo nacional del Prado, Madrid

Que voit on ?  Posée sur un entablement en bois qui occupe tout le bas de la composition,  une nature morte au cadrage d'une grande modernité,  étalée sur quatre plans successifs. 
Au premier plan : un gigantesque melon qui occupe les 3/4 de la composition en largeur et la moitié en hauteur, melon dont la peau craquelée et l'intérieur bombé présage de délices gustatifs certains ; sur le même plan, huit grains de raisins, énormes eux aussi et si fermes qu'ils en ressemblent à des olives ! 
Au deuxième plan : une cruche en céramique remplie d'eau ,protégée par la coupelle qui sert à la boire. 
Au troisième plan, cachée derrière le melon : une bouteille de vin dont on aperçoit uniquement que le col et le bouchon !!! Trait d'humour de Melendez qui n'en manquait dans aucune de ses toiles. 
Au quatrième plan et là aussi on ne peut que sourire : un panier complet de pique-nique contenant pain, nappe pliée, assiettes, couteau dont on ne voit que le bout du manche pour ne pas risquer de le confondre avec celui qui marque traditionnellement dans la nature morte la perspective ou /et la mort. Point de sujet macabre ici, mais toute la fraicheur et la joie d'un repas de plein air tout prêt à être emporté, véritable sujet en fait de cette nature morte dans laquelle, comme dans un portrait ou même un paysage, le groupe occupe l'arrière plan et le sujet unique le premier plan ! Absolument génial !

Rappel biographique : Le peintre espagnol d'origine napolitaine, Luis Egidio Melendez  a fait carrière presque exclusivement à Madrid. Contemporain de Goya, il  est considéré aujourd'hui comme l’un des meilleurs peintres de natures mortes du 18e siècle, réputation qu'il n'avait pas de son vivant qu'il a passé dans une misère noire. C'est son père, Francisco Meléndez et Louis Michel van Loo (dont il est l'assistant de 1742 à 1748) qui assurent sa formation de peintre.
Le futur  Charles IV d'Espagne lui commanda une grande série de natures mortes, dont une partie importante est conservée au musée du Prado  à Madrid.
Ses toiles peintes dans de petits formats, dans la grande tradition de l'austérité espagnole, n'en foisonnent pas moins d'une minutie des détails. toujours peints avec une absolue perfection. La composition simple et le contraste clair-obscur, s’inscrivent dans la tradition des natures mortes baroques de Zurbaran et de CotanComme eux, Meléndez étudia les effets de lumière, la texture et la couleur des fruits et des légumes, ainsi que celles des récipients en céramique, verre et cuivre ou pailles. À la différence des maîtres du 17e siècle, il présente le sujet plus près du spectateur, en légère plongée. Ce sont des objets disposés sur une table, ce qui donne à ses formes une certaine monumentalité. Le genre permet au spectateur d’étudier l’objet par lui-même. Les fonds sont neutres, et c'est un puissant éclairage qui mettent valeur les contours de l’objet. C’est ainsi qu’il représente le duvet des fruits, les transparences des peaux des raisins, les intérieurs brillants des pastèques et quelquefois les  accidents  présents à la surface des  fruits (comme ici avec les figues vertes). 
Chaque toile de Meléndez est minutieusement composée et fait l'objet d'un mise en scène précise afin de créer  le plus grand réalisme possible. Les « grands thèmes » n’intéressèrent jamais Meléndez qui portent surtout son attention sur les choses de la vie quotidienne,  sur l’observation et l’étude de la nature. Il fut souvent comparé à Chardin, jusqu'à être même parfois surnommé  le « Chardin Espagnol » ce qui est assez stupide eut égard au caractère unique de son style et à tout ce qui différencie ces  deux grands peintres. 

2017 - A Still Life Collection 






Un blog de Francis Rousseau

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