Sebastian Stoskopff (1597-1657)
Vanité avec un vase de Thériaque ( 1627)
Musée de l'Oeuvre Notre-Dame, Strasbourg
Que voit on ? Sur un entablement de pierre comportant un accident en son centre (juste sous le carnet) : une série d'objets groupés autour de la tête de mort centrale (très jaunie et à laquelle il manque presque toutes les dents), objets étranges et que l'on ne trouve pas habituellement dans les natures mortes de ce peintre très particulier. La tête de mort elle-même qui sert à qualifier cette nature morte de Vanité repose sur un carnet écorné, pouvant être des notes secrètes ayant appartenu au défunt. A droite de la composition, posé sur une boite en bois, un vase medicinal fermé en faïence contenant - selon l'indication inscrite - de la Thériaque (un contrepoison très connu à base d'opium qui fut importé à Rome par Pompée et complété par Andromaque, médecin de Néron). On utilisait la thériaque en pommade ou sous forme de pâte diluée dans de l'eau-de-vie en potion pour ses vertus soporifiques. A la gauche de la tête de mort, un flacon en verre fermé et cacheté rempli d'un liquide jaune qui pourrait être justement une de ces potions somnifères à base de thériaque que l'on administrait soit aux enfants pour les calmer soit aux grands malades. A l'extrême droite de la composition, plus mystérieux, un nécessaire de toilette complet en cuir noir comportant des ciseaux, un double peigne en os, une épingle à cheveux en os et divers stylets et couteaux dont la signification ne peut être clairement établie. D'autant que la dimension de la tête de mort par rapport au reste des éléments laisse perplexe... s'agit- il d'une tête de femme ? d'une tête d'enfant ? Toujours est-il que cette Vanité a la particulartié de mettre le spectateur dans un état de malaise rare... encore aujourd'hui.
En 1640, lorsqu'il revient à Strasbourg, les peintres locaux jalousent cet artiste apprécié, célibataire de surcroît. On lui interdit de porter le titre de maître peintre. Qu'importe! Son insolence et la beauté de ses oeuvres le rendent intouchable et la protection de Jean de Nassau fait le reste. Avec de l'huile et quelques pigments, il s'attaque au clair-obscur. Dans la Corbeille de verres vénitiens, son chef-d'oeuvre, les très fines lignes blanches et les légers reflets d'un verre brisé procurent la même émotion qu'un tableau religieux.
Sébastien Stoskopff meurt assassiné chez Jean de Nassau au terme d'une messe noire où il aurait abusé de drogue et d'alcool. L'organisateur du sabbat finira brûlé sur le bûcher pour sorcellerie. La vie de Stoskopff reste donc un mystère. L'historien d'art Charles Sterling, qui, en 1934, retrouva la trace de Stoskopff, écrivit : « C'est un poète des reflets. Les amas de verre dont il a la passion prennent pour lui un aspect fantastique et sorcier. On croit sentir le souffle du Dr Faust.»
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