Filippo de Pisis (1896-1956)
Natura morta con calamaio, 1951
Collection privée
Que voit on ? Sur un entablement posé dans le coin d'un pièce éclairée par deux fenêtres d'orientation différentes, un sous-main sur lequel sont posés l'encrier qui donne son titre à cette nature morte et une pipe orientale. A même le bureau : un long porte-plume et sa plume en fer et une enveloppe fermée et cachetée dont on aperçoit nettement le cachet de cire rouge, seule tâche de couleur vive de ce tableau assez sombre et presque monochrome, si ce n'était la seconde tâche de couleur bleue visible dans l'encrier. A travers l'une des fenêtres (celle de gauche), on aperçoit, en contrebas dans la rue, un petit personnage pensif pour ne pas dire préoccupé qui regarde à ses pieds, tête baissée.
Rappel biographique : Luigi Filippo Tibertelli dit Filippo de Pisis est un poète et un peintre italien.
Né dans une famille fortunée de l'aristocratie italienne - la famille des marquis Tibertelli descendante d'un condottiere de Pise (d'où le nom qu'il choisit) établie à Ferrare au 16e siècle - il reçoit une éducation à domicile avec des précepteurs et des prêtres, en compagnie de sa sœur, à laquelle il demeure toute sa vie fort attaché. Il s'initie à la peinture avec un maître de Ferrare, Odoardo Domenichini. Il s'intéresse aussi très tôt à la poésie métaphysique et se fait connaître avec la publication d'une première plaquette de poésie. Cela lui permet d'entrer en relation avec Giorgio de Chirico en 1915 qui exerce une forte influence sur ses premiers tableaux. Il fait également la connaissance du frère de Chirico, Alberto Savinio, et en 1917 de Carlo Carrа. Ce sont les premiers représentants de la peinture métaphysique. Mobilisés, ils sont alors en garnison à Ferrare. Le jeune Pisis les guide dans sa ville natale et le groupe se réunit dans sa demeure familiale. C'est ici que sont exposées les premières œuvres de Chirico. Il entre en correspondance avec Guillaume Apollinaire et Tristan Tzara.
En 1919, Pisis s'installe à Rome où, parallèlement à son métier de professeur de lycée, il commence à peindre, notamment des paysages urbains, des marines et des natures mortes. Le caractère très émotionnel de ses poésies se retrouve dans sa peinture. Il prend conscience de son homosexualité à cette époque et devient aussi ami avec Julius Evola ce qui lui permet de verser dans un certain ésotérisme et de le traduire dans son œuvre. Après avoir écrit de la prose et de la poésie recueillies dans I Canti de la Croara et Emporio en 1916, il commence à écrire en 1920 un essai intitulé La cittа dalle 100 meraviglie, publié à Rome en 1923.
En 1925, il vit à Paris à la recherche de nouvelles inspirations et y demeure jusqu'en 1939. Il est influencé par Manet, Corot, Matisse et le Fauvisme. Il fait une exposition personnelle en1926, à Paris à la Galerie Au Sacre du Printemps, avec une présentation de Chirico. Il écrit des articles pour L'Italia Letteraria et d'autres revues mineures. Il se lie avec le peintre Onofrio Martinelli, déjà rencontré à Rome. Entre 1927 et 1928, ils partagent même un appartement-atelier rue Bonaparte. Il fait alors partie du groupe des Italiens de Paris (italiani di Parigi) qui comprend Chirico, Savinio, Massimo Campigli, Mario Tozzi, Renato Paresce et Severo Pozzati, ainsi que le critique français d'origine polonaise Waldemar George. Ce dernier écrit la première monographie de Pisis en 1928 présentée à l'exposition Appels d'Italie de la Biennale de Venise de 1930. Durant sa période parisienne, l'artiste visite Londres, au cours de trois brefs séjours, et se lie d'amitié avec Vanessa Bell et Duncan Grant. En 1934, la Galerie des Quatre Temps organise une exposition « Les fleurs de Filippo de Pisis ». En mai 1936, il expose cinq tableaux à l'exposition du Jeu de Paume, « Art italien des XIX et XXe siècles ». En mars 1937, il participe à une exposition à la galerie Rive Gauche, intitulée « Epoque métaphysique » avec Max Jacob et Jean Cocteau, dont le catalogue est préfacé par Henri Sauguet.
Entre 1943 et 1949, il s'installe à Venise où il mène une vie dispendieuse et parfois extravagante. Il s'inspire de Guardi et des maîtres vénitiens du XVIIIe siècle. Il fait la connaissance du jeune peintre Silvan Gastone Ghigi (1928-1973) dont il devient le mentor. Il retourne à Paris entre 1947 et 1948 avec Silvan Gastone Ghigi. Filippo de Pisis est alors atteint des premiers symptômes d'athérosclérose. Souffrant depuis très longtemps de violents maux de tête, l'artiste doit être hospitalisé les trois dernières années de sa vie à la Villa Fiorita à Brugherio (au nord de Milan). Il continue pourtant à peindre sporadiquement et meurt en 1956.
Son œuvre peint a été montré deux fois à la Biennale de Venise, la première fois en 1948 avec une trentaine de ses tableaux, la dernière fois à titre posthume. Une grande rétrospective se tient dans sa ville natale en 1996 et une autre au Musée d'art moderne de Turin en 2005. Ses tableaux sont visibles à la Galerie nationale d'art moderne de Rome а côté de tableaux de Giorgio de Chirico, au Palazzo Romagnoli, où sont conservés deux toiles de la Collection Verzocchi (1949-1950), et au Musée de Grenoble où une de ses toiles est conservée ; elles sont essentiellement visibles pour le public au Musée Filippo de Pisis de Ferrare. La plupart de ses œuvres font partie de collections privées.
Une partie plus méconnue de son œuvre comprend des études de nus masculins, témoins poétiques de ses propres affinités sentimentales.
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2017 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
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