Eugène Delacroix (1798-1863)
Vase de fleurs, 1833
Huile sur toile 74 x 92 cm
Musée du Louvre, Paris
Que voit on ? Ce n’est pas le moindre paradoxe de la carrière de Delacroix que l’auteur de La Liberté guidant le Peuple, 28 juillet 1830 ait voulu présenter au Salon de 1849, au lendemain d’une nouvelle révolution, cinq tableaux de fleurs. Habitué du parc du château de Nohant, où l’invitait George Sand, Delacroix y peignit cette nature morte, avant d'acquérir sa propre maison de Champrosay. La nature morte ci-dessus Vase de Fleurs, présente le sujet sans artifice, avec une touche légère et presque joyeuse et surtout beaucoup d'imagination puisque la fleur jaune à droite de la composition n'a jamais existé dans la nature ! Une trait d'humour que Delacroix s'est autorisé dans la plupart de ces natures mortes florales ! On sent en tout cas tout le plaisir que Delacroix a pris à peindre ce bouquet, le plus petit de ceux qu'il peignit à partir de 1833 et qui furent présentés dans la mémorable exposition de 2013 dans son atelier de la Place de Furstenberg devenu Musée Delacroix.
Rappel biographique : Le grand peintre romantique français Ferdinand-Victor-Eugène Delacroix n'est a priori pas vraiment connu pour ses natures mortes et c'est un tort car il en peignit quelques unes de très remarquables ! On lui connait Nature morte aux homards (1826-27) conservée aussi au Louvre à l"époque où il il copiait les maîtres anciens dans les galeries du Louvre. Il peignit aussi plusieurs natures mortes florales dont quelques unes très spectaculaires à partir de 1844, quand il loue à Draveil au lieu-dit Champrosay, une « bicoque » où il se fait installer un atelier de 10 m2. En pleine campagne accessible par le train directement Delacroix vient s'y reposer à l'écart de Paris, où sévit le choléra. Là il peut, accompagné de sa gouvernante Jenny, faire de longues promenades dans la campagne pour soigner sa tuberculose. Il travaille de nombreux paysages, plusieurs vues de Champrosay tant au pastel (musée du Louvre) qu'à la peinture à l'huile (musée du Havre). Il réalise de nombreux tableaux de mémoire suivant ses notes et carnets du Maroc, interprétant des scènes antiques à la mode orientale. Son travail se fait plus intimiste, les tableaux de petite taille sont vendus par les marchands parisiens. Il peint également ses natures mortes florales, souvent composées de fleurs imaginaires, (comme ci dessus) affectionnant particulièrement les lys jaune à cinq pétales. Les relations avec George Sand quoique suivies, se distendent. Après avoir réalisé le portrait de l'écrivain en 1834, Delacroix vient régulièrement à Nohant-Vic où il peint pour l'église de Nohant une Éducation de la Vierge138. Il offre un Bouquet de fleurs dans un vase139 à l'écrivain, qui l'accroche140 au-dessus de son lit, mais quand celle-ci tombe amoureuse du graveur et élève de Delacroix, Alexandre Manceau, Delacroix en prend ombrage d'autant qu'il est opposé à la révolution de 1848 dont Sand a été une des figures. La rupture est consommée. Restent les natures mortes florales qui datant de cette idylle, ont traversé les temps.
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2021 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
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