Edouard Pignon (1905-1993)
Coupe de fruits et nature morte sur la table (1942)
Collection privée
Que voit-on ? Une scène de cuisine avec une table bleue dont le tiroir est ouvert, un chaise en paille et dans le lointain, une fenêtre ouverte sur un paysage ensoleillé. Sur la table bleue de gauche à droite : un drapé rouge sur lequel repose un compotier mauve avec trois fruits, un vert (poire), un rouge (pomme), un jaune (citron), un autre fruit vert et rond pas très identifiable émergeant des plis du drapés rouge ; un vase bleu foncée qui ressemble à un soliflore sans fleur ou à un vase funéraire est posé au centre de la table et de la composition ; près de la chaise, un vert, une assiette conteant un fruit coupé et un couteau et un cuillère.
Rappel biographique : Issu d'une famille de mineurs du Pas-de-Calais il fut lui-même galibot avant de devenir cimentier-plafonneur parce qu'il ne supportait pas l'absence de lumière au fond de la mine.
En 1926, il décide, contre l'avis de tous, de devenir peintre et part s'installer à Paris. Il exerce alors plusieurs métiers : manœuvre aux usines Citroën, pointeau, figurant dans la troupe de Raymond Rouleau, metteur en pages... Ces années sont celles de la formation, mais son université, ce sont les cours du soir de l'université ouvrière, une culture arrachée aux heures de sommeil et aux rythmes difficiles du labeur. Les matières abordées sont la littérature la philosophie, l'économie politique, l'histoire, l'histoire de l'art . Et pour peindre, en plus des soirées à l'école Germain-Pilon, il profite des courts moments des heures de congé le samedi après-midi et le dimanche. En toile de fond, les réunions de l'Association des artistes et écrivains révolutionnaires. C'est la période intense et fructueuse des années trente, riche d'ardents débats, de responsabilités civiques et culturelles au milieu desquelles Pignon étudie et fait ses choix fondamentaux. Son engagement au Parti communiste en 1933 ainsi que sa rencontre avec Picasso en 1936 sont décisifs pour sa peinture , qu'il conçoit comme une « quête de la réalité ». À trente ans, quand il peint ses Meeting ou son premier Ouvrier mort, il se rattache au cubisme, utilisant les aplats de couleurs, les cernes épais et la règle d'or. Puis, très rapidement, il a la volonté de pénétrer au cœur des choses, de saisir, à leur naissance, ses émotions perceptives. Pour Édouard Pignon, la peinture est un moyen de connaissance. Il va peindre une toile qui va en créer une autre, chacune prenant la place de la dernière et créant aussi le besoin de celle qui va suivre.
"Au début, on ne voit rien. On voit un ensemble de choses, mais on ne voit rien, ou plutôt, on voit comme tout le monde. Ce qu'il faut, c'est une longue observation méditative, crayon en main. Et au bout d'un certain temps on s'aperçoit que les choses commencent à avoir une autre vérité. La réalité apparaît beaucoup plus vraie. Cela demande beaucoup de temps" (La Quête de la réalité)
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