Jean-Pierre Sudre (1921-1997)
Les poires pourries, 1954
BnF, Estampes et Photographie
Que voit-on ? Photographe spécialiste des natures mortes, Jean-Pierre Sudre signe ici une composition aux lectures multiples : son compotier de poires pourries relève en effet autant d'une recherche plastique liée aux textures, moisissures et crépi, que d'une citation du thème classique de la vanité, à travers la pourriture des fruits.
Rappel biographique : Photographe et enseignant, formé comme cinéaste à l'I.D.H.E.C. de Nice et de Paris (1942-1943), chef de file et défenseur infatigable d'une photographie créative, Jean-Pierre Sudre est relativement peu conformiste. Son amour de la nature l'a rapidement amené à explorer les sous-bois de son enfance et sa curiosité permanente l'a très tôt incité à s'approcher au plus près de la matière pour atteindre au plus secret des choses :
Dès 1949, Jean-Pierre Sudre va s'orienter, vers la photographie industrielle dont il devient rapidement l'un des spécialistes les plus réputés. De 1946 à 1960, il met en scène une extraordinaire chorégraphie d'objets quotidiens, sujets de ses rêveries visuelles sur l'ombre et la lumière, le jeu et l'accord des formes et les vibrations de la matière. Il affirme, dans ce long travail, un style et des conceptions quasi philosophiques qui en font, à l'époque, un créateur à part dans le monde photographique.
Si « le geste fondateur de la nature morte [...] est l'isolement » (Jean-Claude Lemagny), Sudre va aller plus loin encore en s'installant solitairement dans le secret de la chambre noire, au sein même de la matière dont il avait au préalable glorifié l'enveloppe externe.
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