samedi 12 novembre 2016

André Derain (1880-1954)



André Derain (1880-1954)
La Table, 1911
The MET, New York

Que voit on? Ce qui frappe tout d'abord dans cette toile du maître du fauvisme et de l'explosion des couleurs, c'est la palette très restreinte utilisée, totalement à l'opposé de celle étalée dans les productions des années 1905-1907. Dans cette nature morte, trois couleurs seulement sont utilisées. Pas n'importe lesquelles de surcroît puisqu'il s'agit du bleu (deux en l'occurrence : celui du ciel et celui du pichet en céramique vernissée), du blanc (pour la nappe, les deux assiettes, le bol et le vase en porcelaine) et du rouge (des rouges si l'on ajoute au rouge relativement éteint du rideau, le rouge brun - encore plus sourd -  de la table). Malgré l'emploi de ces trois couleurs patriotiques, la tonalité d'ensemble de cette toile reste sombre comme si Derain tentait un retour à la sobriété après l'orgie de couleurs, partagées avec Matisse, des années précédentes. C'est d'ailleurs exactement ce qui se passe, puisque cette toile s'inscrit dans le grand mouvement pictural  du " retour à l'ordre " des années 1910 auquel Picasso lui même souscrivit. Cette atmosphère sobre - presque sinistre - donne à cette nature morte un connotation singulièrement surréaliste.  Cette oeuvre a été acquise par le Metropolitan Museum of Art de New York très peu de temps apres son arrivée à New York à la Galerie Pierre Matisse en 1952 où elle fut exposée sous le nom de The blue Pitcher (Le pichet bleu)  dans une exposition thématique intitulée Still Life and The School of Paris (La Nature Morte et l'Ecole de Paris). Deux ans plus tard, en 1954, l'année de la mort de Derain, elle entrait définitivement dans les collections du MET.

Rappel biographique : Le peintre français André Derain est l'un des fondateurs du fauvisme. Peintre de figures, de portraits, de nus, de paysages, de marines, de natures mortes, il emploie diverses techniques : huile, gouaches, aquarelles, pastels. Il est également peintre de décors de théâtre, sculpteur, graveur et illustrateur.
Pendant l'occupation allemande de la France, Derain est courtisé par les Nazis comme symbole prestigieux de la culture française. Il accepte une invitation pour une visite officielle en Allemagne en 1941, avec, notamment, son ami Maurice de Vlaminck, Kees van Dongen ou le sculpteur Paul Belmondo. Derain est traité de collaborateur et ostracisé après la Libération. Après la guerre, il renonce aux présentations publiques de ses œuvres et finit sa vie dans une solitude volontaire.
Son œuvre est parfois considérée comme un revirement vers la tradition après un engagement dans les avant-gardes mais elle témoigne fortement des préoccupations des artistes de son époque, dont beaucoup, à l'instar de Maurice De Vlaminck ou Félix Valotton suivent ce même itinéraire, qualifié par les historiens de l'art de « retour à l'ordre », auquel même Picasso n'échappe d'ailleurs pas à la fin des années 1910, durant une courte période. L'œuvre de Derain est essentiellement picturale, mais il a également signé les décors et les costumes de nombreux ballets, illustré une trentaine de livres, il est également connu comme sculpteur. Une grande partie de son œuvre (80 peintures, 77 sculptures, des dessins, mais aussi des objets d'art primitif lui ayant appartenu), précédemment dans la collection Pierre et Denise Lévy, est présentée au musée d'art moderne de Troyes. Quelques de ces toiles sont aussi conservées  dans les plus prestigieux musées de la planète (le Metropolitan Museum of Art de New York,  le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, le Museo Rhyssen-Bornemisza de Madrid, la Royal Gallery de Londres, l'Australian National Gallery, le Bunkamura Museum of Art à Tokyo...)



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