jeudi 3 novembre 2016

Raoul Dufy (1877-1953)- Nature morte aux biscuits


Raoul Dufy (1877-1953)
Nature morte aux biscuits (1923)
Collection privée

Que voit on ? Une table dressée sur une nappe blanche pour ne pas dire sur un fond blanc, tant l'abstraction de la description est volontaire. Au premier plan : une assiette dessinée comme d'elle même par un contraste ton sur ton de blancs et de gris; un couteau, élément traditionnel des natures mortes qui est ici tourné en dérision puisqu' il faillit à sa mission première qui est d'indiquer la perspective. Sur la droite : un vase à godrons noirs, vide. Sur la gauche:  les fameux biscuits, épars et peu appétissants qui donnent son nom à la toile. Au fond, fermant la perspective : une nature morte enfin qui représente des fruits (pommes et poires) dans un saladier.  Une nature morte contrariée et décalée où l'attention est sans cesse attirée par défaut : défaut de fond qui rehausse les couleurs ; défaut de formes qui souligne la forme ; défaut de perspective qui laisse danser les objets... Un  Dufy de la jeunesse, plus imaginatif, plus innovant, beaucoup moins caricatural et systématique que le Dufy des aplats sur lignés au trait.

Rappel biographique : le peintre  français Raoul Dufy était aussi dessinateur, graveur, illustrateur de livres, créateur de tissus, céramiste, créateur de tapisseries et de mobilier, décorateur d'intérieur, décorateur d'espaces publics et décorateur de théâtre. Raoul Dufy a produit  plus 3 000 toiles, 6 000 grandes aquarelles, 6 000 dessins et en a détruit presque autant. Ses natures mortes ne constituent pas l'essentiel de sa production très largement consacrée aux paysages, aux évènements de son temps, aux portraits de femme et surtout... à la musique et aux concerts qu'il est presque parvenu à faire entendre à travers ses toiles. Dessinateur hors pair - certains l'aurait même vu dessiner avec ses deux mains à la fois - c'était aussi un merveilleux coloriste, un coloriste du bonheur et de la magie, tant il est vrai que la joie de vivre et l'ode constante à  la vie soutiennent chaque tableau, chaque gouache, chaque dessin. Dufy promène un regard émerveillé sur le monde et nous invite à une fête qui n’a rien de superficiel ou  de mondain, comme on l'a dit un peu trop hâtivement. « Si je pouvais exprimer toute la joie qui est en moi ! » disait-il. Il y est largement parvenu, et peu d’œuvres sont une telle invitation à cheminer vers le bonheur... au point qu'elles pourraient presque nous faire croire qu'il existe !

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