lundi 14 novembre 2016

Louyse Moillon (1610-1696) - Panier de prunes et de pêches

Louyse Moillon (1610-1696)  Panier de prunes et de pêches  Musée des Augustins (Toulouse)

Louyse Moillon (1610-1696)
 Panier de prunes et de pêches
 Musée des Augustins (Toulouse)

Que voit on ? Comme d'habitude chez cette très grande peintre française de nature morte du 17e siècle, exactement ce que le titre décrit... enfin presque !  Sur ce sobre entablement de pierre sans aucun accident, il y a bien effectivement un immense panier (magnifiquement tressé) rempli à ras bord d'une généreuse cueillette de pêches dodues et veloutées à l'envie (dont l'artiste n'a toutefois pas cherché à ôter les imperfections de la peau, au contraire) et de prunes sombres, brillantes et juteuses surgissant de feuillages rafraichissants. Element non contenu dans la description du titre : hors du panier tressé, sur l'entablement à gauche, une amande fraîche, ouverte en deux et qui laisse apparaitre un fruit gâté. Toute la morale de cette nature morte est dans cette amande gâtée, bien que déjà annoncée dans les imperfections de la peau des pêches : il n'est point de beauté qui soit parfaite, car toute beauté est périssable.

Rappel Biographique : Louyse Moillon, est l'une des rares femmes peintres du XVIIe siècle français dont l’œuvre est aujourd'hui bien identifiée, la signature et la datation de ses tableaux ayant permis qu'elle échappe à l'anonymat. Depuis la redécouverte de l'artiste en 1934 lors de l'exposition des Peintres de la réalité en France au XVIIe siècle au musée de l'Orangerie, la reconnaissance de son art est longtemps restée tributaire des préjugés envers les femmes peintres. La réhabilitation de l'artiste à la fin des années 1970 est liée à l'intérêt nouveau porté aux femmes peintres et, depuis 2009, à la publication du catalogue raisonné de son œuvre par Dominique Alsina. Répertoriant précisément 69 tableaux, il replace l'artiste dans le contexte de "La nature morte au Grand Siècle" au même rang que ses contemporains masculins, Jacques Linard (1597-1645), Nicolas Baudesson (1611-1680) ou Lubin Baugin (1612-1663). Equilibre et stabilité sont les fondements des compositions de Louyse Moillon, fidèles à un schéma répétitif centré sur des corbeilles ou des paniers de fruits, posés sur une table ou une margelle, dépeints en légère contre-plongée, dans un cadrage resserré et sur un fond sombre. Le réalisme minutieux de ses œuvres, une touche précise, des coloris pleins et le rendu du velouté ou de la transparence des fruits témoignent de la maîtrise du métier, hérité de l'art flamand et acquis en côtoyant la colonie des peintres hollandais de Saint-Germain. Après la mort, de son père, Nicolas, peintre lui aussi, alors qu'elle a seulement 9 ans, sa mère se remarie avec le peintre protestant de natures mortes, François Garnier, dont le titre de « bourgeois de Paris » laisse supposer une situation prospère. Il est aussi marchand de tableaux lié au milieu de Saint-Germain-des-Prés. La fillette qui a entamé sa formation auprès de son père défunt la poursuit avec son beau-père, dont on reconnait nettement l'influence dans ses œuvres.

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2016 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau

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