Bessie Davidson (1879-1965)
Still Life with Fruits and Carafe
Private Collection, Australia
Que voit-on ? Devant un mur de fond grossièrement peint en bleu, sur une grande nappe blanche, organisés autour d'une carafe de jus de fruits placée au centre de la table : un torchon à liseré rouge, une pastèque entière, deux groupes de prunes, quelques noisettes et derriere l torchon un boite protège allumette comme on en trouvait autrefois.
Rappel Biographique : Bessie Davidson est une importante artiste australienne qui a fait la plus grande partie de sa carrière en France. Née dans une famille d'origine écossaise où l’enseignement des beaux art était très présent, elle a toujours cultivé la fierté de ses racines. En Australie, elle reçoit jusqu'en 1904 une formation de peintre avec son professeur Margaret Preston, une autre figure majeure de la peinture australienne. А l’âge de 24 ans, elle obtient de son père l'autorisation d'aller poursuivre des études artistiques en Europe. Elle part en compagnie de Margaret Preston. Elle passe d'abord quelques mois à Munich avant de pouvoir s'installer а Paris, son véritable but. Elle fréquente а Montparnasse l'atelier de la Grande Chaumière où elle deviendra l’élève de René-Xavier Prinet. Elle y rencontre également Germaine Desgranges avec laquelle elle se liera d'une amitié qui dura jusqu’à la mort des deux amies.
De retour en Australie de 1907 а 1910, elle y peint et expose à la South Australian Society d'Adйlaпde, puis revient а Paris en 1910.
Elle s'intègre très vite au milieu artistique du moment, celui de Maurice Denis, Albert Besnard, Jacques-Emile Blanche, Lucien Simon, Aman-Jean, etc.
Son atelier, qu'elle conservera toute sa vie, est installé rue Boissonade. Elle aura ultérieurement comme voisin, de l'autre côté de la rue, Conrad Kickert, peintre néerlandais qui restera toute sa vie en France et restera profondément lié à Bessie.
Retournée visiter sa famille en Australie en 1914, elle y apprend sur le bateau le déclenchement de la Première Guerre mondiale et décide de repartir aussitôt "soutenir ses amis" en France. Elle s'engage alors dans la Croix-Rouge française et servira comme infirmière dans les hôpitaux militaires, notamment а l'Hôpital Molitor. C'est dans ces circonstances, qu'elle fera la connaissance de celle qui deviendra sa mécène, son mentor et une compagne dans la vie, Marguerite Leroy, dite "Dauphine". Cette dernière mourut en 1938.
La période 1918-1920 voit dans sa production des peintures en teintes douces (détrempe), des portraits, des fleurs, des intérieurs. Elle obtient en 1918 une commande de l’état qui la charge de peindre un tableau devant orner le carré des officiers du cuirassé Bretagne qui fut coulé plus tard à Mers-el-Kebir.
Les années 1920 а 1938 sont marquées par une grande évolution et une abondante production pleine de vigueur, franchise et ampleur. C'est dans son atelier qu'elle reprend les esquisses réalisées en extérieur lors de ses séjours en Savoie (château de Villeneuve à Cognin, Talloires), sur la côte basque (Guéthary), en Normandie ou en Ecosse, ou encore durant les voyages qu'elle fit en Autriche, Russie, Italie, Maroc et Suisse.
Bessie Davidson fut vice-présidente du groupe des Femmes Artistes Modernes (FAM) de 1932 а 1936, groupe exposant dans des lieux variés (Théвtre Pigalle en 1932, Maison de France en 1933 et 1934, Galerie Bernheim-Jeune en 1935 et 1936). Les expositions et salons se succéderont alors et l'on verra Bessie Davidson exposer avec Mary Cassatt, Olga Boznańska, Tamara de Lempicka, Mela Muter, Chana Orloff, Anita Conti, Marie Laurencin, Jacqueline Marval, Marie Bracquemond, Camille Claudel, Suzanne Valadon, etc.
Jusqu'en 1939, ses apports aux divers salons et expositions prouvent la fécondité de son œuvre.
Et c'est en tant que peintre qu'elle est décorée en 1931 de la Légion d'honneur à titre artistique essentiellement (son engagement comme infirmière pendant la Grande Guerre est bien sûr mentionné, mais c'est l'artiste, notamment la cofondatrice du Salon des Tuileries, qui est rйcompensée).
Les musées de Canberra, Adélaide, Edimbourg, Kirkcaldy, La Haye, et, en France, Paris, Rouen, Beaune, Belfort et Roubaix (La Piscine) possèdent quelques-unes de ses œuvres.
Durant la Seconde Guerre mondiale, elle est astreinte en tant que citoyenne britannique à séjourner dans la région de Grenoble, à La Tronche. Elle vécut alors de sa peinture, qu'elle exposa à Grenoble et à Lyon. Les toiles de cette époque sont superbes, sa touche est forte, lumineuse et vivante.
Revenue à Paris, ses grandes toiles sont plus rares. Elle peint de préférence des extérieurs sur petits panneaux de bois (plus d'une centaine d’études). 1951 est la dernière année où elle participe à un salon et marque, pratiquement, la fin de sa production de tableaux de grand format.
Bessie Davidson n'a guère cherché le succès. "Grande Dame" pleine de noblesse et de générosité, elle fut aussi une grande artiste : son œuvre reste celle d'une intransigeante écossaise née en Australie, pays de grands espaces, et profondément imprégnée de culture française.
Elle meurt à Paris, dans son atelier du no 40 de la rue Boissonade, le 22 février 1965.
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