samedi 5 décembre 2015

Henri-Horace Roland de La Porte (1724-1793) - Nature morte aux instruments de musique

http://astilllifecollection.blogspot.com

Henri-Horace Roland de La Porte (1724-1793)
Nature morte aux instruments de musique
Musée des beaux-arts du château de Blois

Que voit-on ?  Sur une table en bois, apparaissent de gauche à droite  : un  tambourin, sur lequel repose une viole de gambe (ancêtre du violoncelle) et son archet. entre la viole de gambe et le tambourin au premier plan, un instrument de musique ancien, la vielle à roue que l'on jouait en actionnant une manivelle en porcelaine que l'on aperçoit se détachant sur la tranche de la viole de gambe. On peut aussi voir  plusieurs partition dont une enroulée et une dépliée sur laquelle repose un flûte. A l'arrière plan : une boite en bois comme à peine esquissée qui servait sans doute à protéger le tambourin pendant son transport. Les premières natures mortes aux instruments de musique apparurent dès la seconde moitié du 15e siècle, sur des trompe-l’œil en intarsia ornant les portes des studioli d’Udine (vers 1472), de Mantoue (1505) ou de Monte Oliveto Maggiore (1503-1505). Elles connurent dès lors une diffusion européenne. Cette nature morte  comme toutes les autres, célèbre les plaisirs d'un fête champêtre si l'on en juge par les instruments de musique représentés. Mais sous cette évidence, se dissimulent des allusions philosophiques sur la brièveté de la vie et la limite du savoir avec la partition froissée. Sous la gaieté et l'innocence d'une fête de village ou d'un mariage peut-être, cette nature morte possède elle aussi la dimension symbolique d’un memento mori (« Souviens toi que tu vas mourir »).

Rappel biographique : Elève de Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), Roland de La Porte fut reçu à l’Académie le 26 novembre 1763 avec Vase de lapis, sphère et musette (1763, Paris, musée du Louvre). S’il étendit son talent au portrait, Roland de La Porte assit sa réputation avec ses natures mortes qu’il signait rarement. Il est décrit souvent comme un « imitateur » de Chardin, voire sa « victime » selon Diderot (Salon de 1765). L’influence du maître est certes indéniable mais la dimension décorative l’emporte sur une méditation. Tout comme Jeaurat de Bertry (1728-v. 1796), Roland de La Porte ne faisait que reprendre un style et une esthétique qui lui assurait  la faveur  de ses commanditaires dont le principal était le marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour et de certains collectionneurs 
Avant tout, cette nature morte est caractéristique du soin que portait l’artiste à la répartition de la lumière et de la couleur. Son traitement illusionniste de la profondeur et sa précision dans le rendu des objets le démarquent en fait de Chardin. En revanche, il se rapproche du maître par la dimension intimiste de l’image et par le rendu des matières, jouant sur la rugosité ou le poli, la brillance ou la matité, la simplicité ou la préciosité des surfaces et des matières, à l’exemple de la vielle à roue.

2015 - A Still Life Collection 

Un blog de Francis Rousseau

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.