vendredi 4 décembre 2015

Evaristo Baschenis (1617-1677) - Nature morte avec instruments de musique

Evaristo Baschenis (1617-1677) Nature morte avec instruments de musique Collection privée


Evaristo Baschenis (1617-1677)
Nature morte avec instruments de musique
Collection privée

Que voit-on ? Sur un entablement de grès noir, se déploie le thème favori de Baschenis : le luth. Ici, il y en a trois, présentés sous trois angles différents de façon à permettre autant de rendus de perspectives, à savoir : sur la tranche, sur le dos et sur le ventre.  Chacun de ses luths présente une particularité : celui  de gauche arbore (au bas de la tranche) un ruban de soie rose ; celui de droite présente sur son dos rond, deux traces de doigt sur de la poussière qui est censée recouvrir l'instrument,  ces traces de poussière étant un des trompe-l'oeil favoris de Baschelis grâce auxquels il gagna une grande célébrité de son vivant ; le luth du fond enfin expose un délicat frisotis de cordes à l'endroit des clés d'accord. Autres éléments présents sur cette nature morte d'un réalisme absolu : un violon de Crémone au vernis très clair, posé sur un boîte ouverte d'où s'échappe un ruban de même couleur que celui qui orne un des luths et une partition de musique en équilibre sur l'entablement. Ponctuant le tout enfin, sur la droite un magnifique brocard, orné de deux glands de riche passementerie.

Rappel biographique : Prêtre, dernier né d'une dynastie d'artistes italiens, ami d’une famille notable de luthiers de Crémone, on ignore cependant quel maître exactement enseigna la peinture à Evaristo Baschenis. Contemporain du bergamasque Carlo Deresa, connu pour ses natures mortes, il est considéré aussi comme le créateur de ce genre particulier qu'est la peinture de trophées, d’instruments et de cahiers de musique, mêlés d’écritoires, de boîtes, de fruits, d’encriers et autres objets arrangés sur des tables couvertes des plus beaux tissus, avec un réalisme presque photographique que peu de peintres ont approché depuis. Il est célèbre notamment pour avoir rendu la poussière qui recouvrait certains instruments avec tant d’art que le spectateur s'y trompait. Les effets des tableaux (toujours de petites tailles) de cet artiste sont tels qu’ils sont, encore aujourd'hui, très recherchés dans les ventes et que beaucoup sont dans des collections particulières. Ses natures mortes aux instruments de musique, toutes titrées à l'identique sont, pour la plupart, des œuvres de série, issues d'une douzaine de modèles de compositions originales. La figure du luth en raccourci, réalisé à la perfection, est un écho de ce qui apparaissait comme un défi de perspective aux peintres et dessinateurs du 17e siècle. Concernant les tissus, passementeries et tapis, Evaristo Baschenis en rend toute la réalité uniquement au pinceau, alors que Bettera - avec lequel on l'a confondu quelquefois - maroufle sur une pièce de toile de jute grossière dont le relief sert de base au rendu des tapis.

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2015 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau

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