Pompéi
Plaisirs de la table et de l'esprit
Musée de Naples
Que voit-on ? C'est une nature morte sur deux étages comme cela est fréquemment le cas à Pompei et Herculanum. Sur l'étagère du haut : de gauche à droite, trois représentations de fruits composant un résumé de toutes les présentations possibles des fruits et de tous les états de conservation connus sous l'Antiquité : l'état sec avec un amoncellement de fruits types amandes, noix, noisettes, figues sèches posées à même l'étagère ; l'état liquide avec une gourde sans doute pleine de vin ou de jus de raisin ; l'état frais avec une assiette contenant des fruits de saison de type pêches et pommes.
Sur l'étagère du bas : tous les outils de la connaissance sous l'Antiquité : un encrier et son stylet ; un parchemin de peau ou un papyrus roulé aux deux extrémités ; une tablette en cire avec son stylet graveur ; une boite en bois gainée de cuir contenant probablement plusieurs rouleaux de papyrus ou tablettes de cires, l'ancêtre de nos livres.
Le message de cette nature morte est assez explicite : cultiver autant les nourritures terrestres que les nourritures spirituelles.
Sur l'étagère du bas : tous les outils de la connaissance sous l'Antiquité : un encrier et son stylet ; un parchemin de peau ou un papyrus roulé aux deux extrémités ; une tablette en cire avec son stylet graveur ; une boite en bois gainée de cuir contenant probablement plusieurs rouleaux de papyrus ou tablettes de cires, l'ancêtre de nos livres.
Le message de cette nature morte est assez explicite : cultiver autant les nourritures terrestres que les nourritures spirituelles.
Rappel historique : Pline l'Ancien raconte que dans la Grèce antique, le peintre Piraikos qui vivait au 3e siècle avant notre ère, vendait déjà fort cher ses " Provisions de cuisine ", des tableaux de chevalets représentant des victuailles ou des instantanés d'échoppes de cordonniers et de barbiers. Dans la hiérarchie des genres picturaux d'alors, ces représentations de provisions de cuisine sont déjà considérées comme un genre mineur... et elles le resteront pendant de longs siècles... au moins jusqu'à Chardin, si ce n'est jusqu'à Cézanne. Genre mineur donc, loin derrière les sujets religieux, les portraits et les paysages, mais genre que les commanditaires s'arrachent pourtant !
Le grec Piraikos reste le plus célèbre des peintres de ce genre. Hélas, aucun exemple n'est parvenu jusqu'à nous de ces peintures des menus objets du quotidien par Piraikos, peinture que l'on nommait à cette époque Rhyparographie .
A la même époque, un autre peintre grec, Zeuxis rivalisait avec la nature au point que des oiseaux voulaient picorer les raisins qu'il peignait et qu'il passe être l'inventeur du réalisme et de l'illusionnisme ne peinture, pour ne pas dire du premier trompe-l'oeil. Il faut là encore faire confiance au récit de Pline l'Ancien, car aucun exemple de cet art ne nous est parvenu.
Les premières natures mortes connues du monde occidental sont des fresques et des mosaïques du 1er siècle de l'ère chrétienne, provenant de Campanie (Herculanum et Pompéi) ou de Rome. Elles sont exécutées dans un style réaliste et illusionniste : fruits veloutés, poissons et volailles posés sur une marche de pierre ou sur deux étagères d'un garde manger, généralement en trompe l'œil avec des ombres portées, ou quelquefois dans des coupes en verre avec des transparences subtiles.
Ces peintures évoquent le xenion antique, un cadeau fait de denrées qu'un hôte doit offrir à ses invités. Pourtant la nature morte de l'Antiquité possède une autre ambition que celle du seul plaisir mimétique. Comme le précise Charles Sterling : « Il est clair que les natures mortes hellénistiques et romaines qui représentaient des mets prêts à être consommés comportaient une allusion épicurienne ». On trouve ainsi assez fréquemment des mosaïques de natures mortes et des vanités dans les atriums d'été romains, où les convives invités aux repas étaient ainsi encouragés à cueillir le jour qui passe, Carpe diem selon la célèbre formule d'Epicure, à profiter de la vie tant qu'il était encore temps de le faire. Une déclinaison plus sophistiquée de la tradition égyptienne pharaonique qui voulait que l'on fît passer un cadavre devant les convives avant de commencer un repas pour leur rappeler l'impermanence de la vie ! Les natures mortes garderont tout au long des siècles jusqu'à nos jours, cette signification épicurienne.
2015 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes
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