Philippe Rousseau (1816-1887)
La Bouchée du Roy 1887
Collection privée
Que voit on ? Il s'agit d'un pièce de viande très noble à n'en pas douter, puisque présentée sur un plat en argent et affublée d'attributs royaux. La piece de viande est surmontée d'un bouquet de lys et de lilas et surtout d'une pique en argent terminée par une couronne fermée embrochant un écriteau sur lequel on peut lire le titre du tableau. Un cachet de cire parachève l'authentification très solennelle de cet étonnant morceau de roi. Un poinçon en cuivre portant une fleur de lys sur un manche d'ébène ferme la droite de la composition comme une signature supplémentaire. On doit noter l'association peu fréquente de fleurs délicates et d'un quartier de viande (on y associait d'habitude du laurier) qui ajoute à l'étrangeté de cette nature morte peinte dans une touche très impressionniste qui avait en son temps interpellé le marchand d'art Durand-Ruel.
Rappel biographique : Philippe Rousseau est un peintre français, élève d'Antoine-Jean Gros et de Jean-Victor Bertin à l'Ecole des beaux-arts de Paris. Il débute comme paysagiste, puis peint des natures mortes et des sujets animaliers. Il expose au Salon à partir de 1834.
Le succès lui vint à partir de 1840 avec ses illustrations des Fables de La Fontaine notamment.
Par la suite, l'afflux de commandes l’incitère à diversifier son propos. Ses natures mortes, deviennent plus ambitieuses tout en restant des pastiches des Hollandais du XVIIe siècle, oscillant toutefois entre intimisme hérité de Chardin, grande fraicheur du traitement et pompe académique. Philippe Rousseau n’en reste pas moins un de ces peintres du XIXème qui a revalorisé le terme réducteur de Nature Morte. Il connut un réel succès en son temps avec des récompenses aux Salons, des commandes de la cour impériale française ou encore du Baron James de Rothschild (un de ses principaux mécènes) et l'admiration de Baudelaire.
En 1845, Charles Baudelaire écrit : « M. Philippe Rousseau dont chacun a souvent remarqué les tableaux pleins de couleurs et d'éclat, est dans un progrès sérieux. C'était un excellent peintre, il est vrai ; mais maintenant il regarde la nature avec plus d'attention, et s'applique а rendre les physionomies. J'ai vu dernièrement, chez Durand-Ruel, des canards de M. Rousseau qui étaient d'une beauté merveilleuse, et qui avaient bien les moeurs et les gestes des canards ».
Aujourd'hui particulièrement bien représenté dans les collections privées et publiques néerlandaises, Philippe Rousseau qui a enfin récupéré son statut de grand peintre, se trouve conservé au Musée Orsay à Paris, au Metropolitan de New-York, à Munich et dans beaucoup de musées des beaux-arts comme Lyon, Rouen, Compiègne, Lille... qui lui sont toujours restés fidèles.
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2017 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
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