samedi 2 janvier 2016

André Derain (1880-1954)



André Derain (1880-1954)
Nature morte au panier (1927)
Musée de l'Orangerie - Paris

Que voit-on ?  Une carafe d'eau ;  un panier en osier à anse contenant un fruit rond difficilement identifiable (melon?  pamplemousse ? ) ;  une assiette blanche contenant deux fruits  peu identifiables (pêches ? pommes? )  ; une coupe en porcelaine blanche contenant du raisin et ce qui semble être 
 une pêche ; à même la table sont posés des raisins, des pêches  (ou oranges?) et surtout deux fruits rouges (prunes ? tomates ?) qui attirent immédiatement le regard.  Visiblement la priorité  de Derain n'a pas été dans cette toile de représenter  les fruits avec précision  !!! La priorité est donc ailleurs ...
Cette composition fait partie des natures mortes réalisées dans les années 1924-1927 dans lesquelles Derain expérimente diverses solutions de rendu du modelé et de la lumière. Ici, il privilégie l’usage de traits de pinceau noirs ou blancs. Les zones lumineuses sont suggérées par des empâtements blancs, l’ombre par des lignes noires comme on peut le voir sur le panier et dans le rendu des grains de raisins. Sinon il module la forme par de larges touches de pinceau irrégulières, juxtaposées les unes aux autres notamment pour les objets clairs. Ce sont ces traits de pinceaux très enlevés qui donnent à cette nature morte son caractère et sa modernité. Les deux fruits rouges à droite sont traités de toute autre manière en aplat et par un pur contraste de valeur et de couleur. Dénués d’ombre, ils semblent quelque peu flotter dans l’espace et créent un effet de dissonance. La composition est à la fois simple et subtile : le tableau est partagé en deux plans horizontaux presque égaux : celui de la table et celui du fond presque uni. Cependant la ligne horizontale du bord de la table s’incurve légèrement vers la droite. Le rebord gris vert de la table fait écho à l’ocre rouge de l’arrière-plan. Dans cette œuvre tout en camaïeu d’ocres et de gris, Derain fait preuve d’une grande maitrise des rapports de couleurs.
Provenance : Paul Guillaume (1929) ; Domenica Walter
D'après notice du Musée de l'Orangerie 


Rappel biographique : Le peintre français André Derain est l'un des fondateurs du  fauvismePeintre de figures, de portraits, de nus, de paysages, de marines, de natures mortes, il emploie diverses techniques :  huiles, gouaches, aquarelles, pastels. Il est également peintre de décors de théâtre, sculpteur, graveur et illustrateur.
Pendant l'occupation allemande de la France, Derain est courtisé par les Nazis comme symbole prestigieux de la culture française. Il accepte une invitation pour une visite officielle en Allemagne en 1941, avec, notamment, son ami Maurice de Vlaminck, Kees van Dongen ou le sculpteur Paul Belmondo. Derain est traité de collaborateur et ostracisé après la Libération. Après la guerre, il renonce aux présentations publiques de ses œuvres et finit sa vie dans une solitude volontaire.
Son œuvre est parfois considérée comme un revirement vers la tradition après un engagement dans les avant-gardes mais elle témoigne fortement des préoccupations des artistes de son époque, dont beaucoup, à l'instar de Maurice De Vlaminck ou Félix Valotton suivent ce même itinéraire, qualifié par les historiens de l'art de « retour à l'ordre », auquel même Picasso n'échappe d'ailleurs pas  à la fin des années 1910., durant une courte période. L'œuvre de Derain est essentiellement picturale, mais il a également signé les décors et les costumes de nombreux ballets, illustré une trentaine de livres, il est également connu comme sculpteur. Une grande partie de son œuvre (80 peintures, 77 sculptures, des dessins, mais aussi des objets d'art primitif lui ayant appartenu), précédemment dans la collection Pierre et Denise Lévy, est présentée au musée d'art moderne de Troyes.

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